7. Manière aguicheuse

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ERIN

Dix minutes. Voilà dix minutes qu'il est rentré torse nu dans la maison et qu'il mitraille Michael sans raison apparente. L'atmosphère est tendue, j'essaye de faire comprendre à mon ami qu'il n'a rien à craindre et que même si sa présence ne plaît pas à Dawson, ce dernier devra faire avec.

Je tressaille en voyant l'écran sur lequel défile quelques scènes à côté du générique de Syrosia avec Amber Hawkins comme actrice principale. Pourquoi diable a-t-il été regardé ce film-là ? Il a sa mort sur la conscience, je ne veux pas qu'il plonge dans une dépression. Même si ça ne lui ressemble pas, on ne sait jamais et je préfère être trop prudente que pas assez. Je sais ce que c'est sortir quelqu'un de la dépression, j'y ai souvent fait face en tant que psychologue. Je fais sortir le DVD du lecteur, mets la chaîne de musique latino et range également les boîtes de For a day with you et Bad Paradise. Visiblement, il a passé la journée à regarder des films avec la même actrice principale. Il faut qu'on en discute pour que je comprenne ce qui lui est passé par l'esprit et m'assurer qu'il va bien, c'est bien la dernière personne à être nostalgique à ce point-là. Le concerné monte les escaliers en marmonnant et je le suis du regard.

— Bon. Très bien, commenté-je les bras croisés. N'y fais pas attention... D'accord ?

J'enlève mes escarpins en retournant dans l'entrée et masse mes pieds avant de revenir vers l'îlot de ma cuisine, près de Michael me souriant.

— Tu veux un thé ?

— Non, ça va. J'en ai pris un avant de venir. Je viens de finir ma journée, il me fallait un remontant. Je ne voulais pas non plus m'inviter comme ça, je me doutais qu'il serait là alors je suppose qu'il y a des limites désormais.

— Michael, tu seras toujours le bienvenu, tu le sais, non ?

— Oui, Erin, je le sais. Mais toi comme moi savons que je ne peux plus me permettre de certaines choses, la principale étant de passer te voir sans prévenir. Je suis heureux pour toi, ça me fait plaisir que tu le sois.

J'opine en silence, déçue mais compréhensive face à ce qu'il dit. C'est vrai d'un côté, mais à quoi bon s'abstenir ? Ce n'est pas comme si nous nous comportions de façon étrange...

Je fais chauffer l'eau chaude de la bouilloire et Michael me parle des affaires qu'il a faites dernièrement. Il est en train de réagencer son appartement et il voulait donner un coup de neuf alors il fait repeindre les murs, commandes des meubles d'occasion et change même la couleur des rideaux. Pendant que nous parlons, il me rend la bague que ma mère m'a offerte pour mon vingtième anniversaire, je l'avais oubliée chez lui en allant dîner.

— Il vit ici depuis sa libération, du coup ? relance Michael.

— Oui. J'ai pu comprendre qu'il n'avait plus d'appartement, c'est sa mère qui me l'a dit. Il vivait avec Am...

— T'as fini de raconter ma putain de vie ?! hurle Dawson depuis l'étage.

J'écarquille les yeux et soupire discrètement.

— Je suis désolée, il n'a pas...

— Ne t'en fait pas, me rassure-t-il en touchant mon épaule. Tu sais que je ne juge pas les gens au premier abord et puis peut-être qu'il m'appréciera plus tard.

— Ça risque pas ! relance-t-il en passant la tête par-dessus la rampe de l'escalier. Et putain, lâche-la ou je descends te buter maintenant.

Mon cœur fait un bond et je fixe ses pupilles noires de colère. Il remonte soudainement, je prends ma tasse après avoir mis de l'eau brûlante et fais signe à mon meilleur ami de me suivre sous la pergola. Même si je lui ai déjà parlé de tout ce qu'il s'est passé dès l'instant où j'ai su que je devais m'occuper de lui, j'ai encore des choses à raconter. En l'espace de cinq jours, en soit depuis sa libération, il s'est passé beaucoup de choses.

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