Chapitre 26 - Noa

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♪ Hope Ur Ok - Olivia Rodrigo ♪

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Je relis une page de mon journal, la dernière en date. C'est celle après la soirée d'anniversaire d'Ezra, dont il a réussi à s'échapper et probablement en très bonne compagnie. Alma et lui sont de très mauvais menteurs, mais je ne leur en tiens pas rigueur. Après tout, ils font ce qu'ils souhaitent. La seule chose qui me déplaît, c'est que leur histoire impacte un peu trop Arya. Mais c'est une personne entière et beaucoup trop curieuse, alors j'imagine que parfois, ça fait un peu trop pour elle.

— Noa ? entendis-je derrière la porte de ma chambre.

Je me redresse. Je ne m'attendais pas à le voir débarquer aussi rapidement.

—  Tu peux passer, affirmé-je.

Mon ami d'enfance entre dans ma chambre. Ce lieu où il m'a trouvé inconscient un beau dimanche ensoleillé, presque parti. L'endroit qui nous a aussi valu des fous rires et des disputes à force de s'affronter à Mario Kart. Combien de fois avons-nous terminé à nous balancer des coussins jusqu'à ne plus pouvoir respirer ? Je l'examine un instant. Il est parti précipitamment, puisqu'il a enfilé son sweat-shirt à l'envers. Je le reconnais, d'ailleurs. C'est le cadeau de ma blonde. Elle était persuadée que ça lui serait utile.

—  Tu as mis ton sweat à l'envers, lui fais-je remarquer.

—  Noa... On s'en fiche, affirme-t-il, d'un ton grave.

—  Tu es venu plus vite que je ne l'avais imaginé. Tu as tout lu ou tu t'es arrêté à la fameuse page ?

Je sais qu'il s'est arrêté et qu'il a tout laissé en plan pour me rejoindre. J'espère qu'il n'était pas avec Alma à ce moment-là.

—  Tu connais déjà la réponse.

Il s'assied sur ma chaise de bureau, en face de moi. Il fixe un instant le parquet, là où une petite trace blanche mousseuse n'a jamais disparu. Le liquide s'est échappé de ma bouche avant de glisser le long de mon corps jusqu'à s'infiltrer dans le bois. Ma mère a eu beau avoir frotté durant des semaines, elle n'est jamais partie.

—  Je ne suis pas venu te demander pourquoi tu l'as fait où ce genre de trucs, lance-t-il. Je sais très bien que même si l'on avait que onze ans, tu savais très bien ce que cela signifiait.

—  Alors qu'est-ce que tu veux ?

—  Je veux savoir pourquoi tu n'as jamais voulu m'en parler après. Tu as fui toutes sortes de discussion, tu as prétendu aller mieux trop vite. Tu n'as vu le psychologue que deux fois Noa, continue mon ami.

—  Une séance chez le psy ça équivalait à presque une semaine de paye. Je refusais de faire subir ça à ma mère, avoué-je.

Ce n'est même pas faux. Lorsque mon père a appris pour ma tentative de suicide, il a annoncé à ma mère qu'il allait demander une réouverture du dossier pour ma garde. Elle a alors proposé de m'emmener chez un thérapeute, mais je savais pertinemment que ça lui coûtait beaucoup trop cher. Personne ne demande un paiement d'une séance en deux fois.

—  Je n'ai jamais voulu remettre ça sur la table par peur de replonger, avoué-je. Il y a des jours où je ne vais vraiment pas bien. L'écriture, ça me permets de me sauver un peu de cet enfer. Et maintenant, je vous ai vous.

—  Arya et moi étions là aussi avant, rétorque-t-il, incompréhensif.

J'esquisse un sourire. Quand on était petits, c'était le duo parfait. Sa tante et la mère de ma blonde s'amusaient à parler de leur mariage en plaisantant tandis que les deux s'enfuyaient en hurlant que c'était dégoûtant. Ils ne se sont jamais rendus compte qu'avant ma tentative, je n'étais qu'une pièce rapportée à leur amitié. Pour Arya, je n'existais quasiment que par le biais de son meilleur ami. Et pour Ezra, j'étais le copain qu'il n'avait jamais vraiment eu, mais lorsque son amie de toujours débarquait, forcément, il se tournait plus vers elle.

Neptune 2Where stories live. Discover now