Neptune 2

Chapitre 21

♪ Only Love Can Hurt Like This (speed version) - Paloma Faith ♪

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Le retour à la réalité ne m'a jamais fait aussi mal.

Mes amis ont plutôt bien vécu ça, mais moi, je n'arrive pas à passer à autre chose. J'ai l'impression que je suis encore à la montagne et je revis en boucle les moments que j'ai vécu avec le blond. Parce que depuis qu'on est rentrés, c'est à peine s'il me dit salue lorsqu'il me croise. Je pensais vraiment qu'on allait au moins redevenir proches, mais visiblement, j'avais tout faux. Peut-être que je ne suis pas aussi drôle que Romy et que je me prends beaucoup plus la tête qu'elle. Après tout, je ne lui en veux pas. Je suis un véritable puzzle et c'est parfois lourd de devoir s'habituer à mes émotions.

— Sérieusement Alma, il faut au moins que tu mettes un vœu, me répète Charlie pour la septième fois de la semaine.

Je lève les yeux en l'air, agacée. Il a totalement raison, mais je refuse de le lui avouer. Je crois que mes amis s'occupent plus de mon avenir scolaire que je ne le fais, et ça en devient légèrement inquiétant. C'est pourquoi le conseiller scolaire a eu la gentillesse d'appeler mes parents mercredi dernier, après notre rendez-vous. Je crois que je n'ai jamais vu quelqu'un aussi blanc après avoir entendu que je n'avais toujours formulé aucun vœu de cégep, contrairement à la totalité des élèves de dernière année.

Sincèrement, je n'ai aucune idée de ce que je veux faire. J'aime beaucoup l'écriture, mais pas assez pour en faire mon métier. C'est un chemin bien trop complexe dans lequel je n'ai pas le courage de me lancer. La spécialisation à seulement seize ans, c'est un choix trop difficile pour moi. Peut-être que j'ai surestimé le système canadien et que je ferais mieux de retourner dans le système français, au moins pour les deux dernières années de lycée. Mais je n'ai aucune idée des prix des lycées français à l'étranger, et je pense que cela doit être exorbitant. Mon école ne leur revient pas très cher, puisque maman est une enseignante de la ville, elle bénéficie d'un tarif préférentiel et n'a dû payer que la moitié.

Je jette un rapide coup d'œil au collège français le plus proche de Granby. Déjà, ça commence mal. Il est situé à plus d'une heure de route. Je jette un rapide coup d'œil à mes amis, qui sont en plein débat pour savoir si les One Direction vont se reformer à nouveau – je n'y crois plus, honnêtement -. J'en profite pour regarder le prix d'une année scolaire, et je déchante vite. Je crois que je suis devenue presque aussi livide que monsieur Lalande. Cinq mille dollars canadiens. Je préfère ne pas rêver et range mon téléphone dans ma poche. Mes parents n'accepteront jamais, et je n'ose même pas leur demander. Je soupire et attrape mes cahiers pour notre dernière heure de cours. Papa vient me chercher exceptionnellement aujourd'hui pour une réunion de famille urgente concernant mes études. Au moins, ils s'entendent sur ce sujet.

— Alors Alma ? Le programme de lettres à Granby est convenable, me relance Charlie.

— Je sais Charlie, je verrais. Ne t'y mets pas toi aussi s'il te plaît, mes parents sont déjà assez sur mon dos comme ça.

— C'est dommage que tu ne puisses pas venir au cinéma ce soir, me lance ma meilleure amie.

— Je sais bien... Je n'ai pas pu y échapper. En plus ma mère vient, soupiré-je.

Noa dépose une main amicale sur mon épaule. Je lui souris légèrement. Je suis vraiment désespérée de devoir me retrouver face à elle après avoir réussi à l'éviter durant autant de temps.

— Tu as trouvé ce que tu allais porter demain soir ? me demande Charlie.

— Je ne sais pas si je vais venir, répliqué-je.