Chapitre 20

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Him & I - G-Eazy feat Halsey

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Je me maudis de ne pas avoir pensé à fermer les volets hier soir. Je fronce les sourcils et me rappelle que c'est à Ezra de le faire, d'habitude.

J'ouvre les yeux. Je n'ai pas encore toutes les informations qui se mettent en place dans mon cerveau, mais je crois me rappeler pourquoi je suis complètement collée au blond. Sa moue adorable me rassure. En ce qui le concerne, il a l'air de s'être apaisé.

Me concernant, je sais qu'à l'instant où il sera réveillé, tout aura changé. Ce n'est même plus notre relation qui sera modifiée, mais également nos personnes. Il sait désormais ce que je cache, et si mes amis venaient à l'apprendre, ce serait un véritable séisme pour eux. J'ai déjà assez honte comme ça pour le subir une seconde fois.

Il remue légèrement et serre sa prise autour de ma taille, me collant un peu plus à lui. Ses yeux finissent par s'ouvrir et me rencontrent aussitôt, ne me laissant pas le temps de faire semblant de dormir. Deux billes bleues me scrutent sans rien dire durant de longues secondes. Je n'ose pas décrocher mon regard du sien.

— Comment tu vas ?

Je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux. Son ton se fait doux, il semble préoccupé alors qu'il ne devrait penser qu'à lui. Ça m'énerve qu'il préfère jauger mon état.

— Toi, comment tu vas ? répété-je.

Le blond réprime un léger sourire. Je ne sais pas comment le prendre. Il ne va pas bien, c'est une évidence, mais il semble tout faire pour éviter d'en parler.

Il se redresse doucement en me gardant contre lui. Je me retrouve assise, mes jambes de chaque côté de son bassin. Je sens mes joues s'empourprer et je préfère baisser le regard. Cette position est tout sauf amicale.

— Moi, ça peut aller. Par contre toi, tu ne vas pas bien, me lance-t-il en me cherchant du regard.

Je le fuis et tourne la tête. Ses doigts s'enroulent dans le peu de cheveux que j'ai. Il essaie de capter mon attention afin de juger mes émotions.

— Ezra ça va, je t'assure... C'était il y a longtemps, lancé-je en tentant de paraître convaincante.

Il soupire et tire légèrement sur le bandage de ma main gauche, qu'il défait en me tenant contre lui. Je ne m'y oppose pas et me laisse faire, impuissante. Les traces sont là, flamboyantes, comme une traînée de poudre rouge. Certaines, les plus anciennes, commencent à disparaître, mais les récentes me trahissent. Elles témoignent ma souffrance et mon envie de bien-être.

— On va être francs, d'accord ?

Je murmure un faible oui. Il a raison, ça ne sert plus à rien de mentir. Peut-être qu'en lui disant la vérité, je garderai le contrôle de la situation et je saurai le tenir à l'écart.

— Depuis combien de temps ?

— Environ quatre mois, un peu après Noël, déclaré-je en tentant de ne pas fondre en larmes.

— Je ne vais pas te demander pourquoi, c'est inutile, me prévient-il d'un ton doux. Il n'y a pas de véritables raisons pour s'infliger ça. J'imagine que c'est dur à vivre... Tu en as parlé aux autres ?

Je secoue la tête, affolée.

— Je ne veux pas qu'ils l'apprennent, surtout pas. Tu n'as pas le droit de leur dire à ma place, déclaré-je.

— Alma... Tu as besoin d'aide, soupire-t-il.

— Toi aussi, rétorqué-je. Tu as des terreurs nocturnes, probablement depuis des années et tu ne les as jamais traité. Ton psychologue serait ravi d'en discuter avec toi, si tu veux mon avis.

Neptune 2Where stories live. Discover now