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Mes larmes coulèrent sans que je puisse les arrêter. Elles dévalèrent l'étendue de mes joues, piquant mes yeux, pour s'écraser sur la terre et l'herbe fade, juste contre la pierre de sa tombe.

Mes sanglots redoublèrent en puissance, et je me mis à hurler, en proie à mon agonie. La pluie frappa mon visage, se mêlant à mes larmes salées, et je restai plusieurs minutes ainsi, complètement brisé.

Les nuages autour de mon corps formaient des vagues, et la masse de brouillard qui survolait la terre se reposait sur les pointes de l'herbe sèche du cimetière. Des pas se firent entendre, presque une heure après ma venue ici.

J'étais toujours dans la même position, fixant, dépourvu d'une quelconque expression faciale sa pierre tombale.

Quelqu'un posa sa main sur mon épaule, et s'accroupit à mes côtés.

- J'ai demandé à Jin hyung d'utiliser une des pilules pour savoir où tu serais dans une heure, et...il m'a dit que tu étais ici.

- Hoseok...

- Ça n'a pas marché hein...?

Il me regardait, le regard embué et le visage terne, et moi, je n'osais pas le regarder.

- non, en effet. Répondis-je la tête baissée.

- Je pense que tu devrais réessayer.

- Je n'y arrive plus...

- Mais tu peux tout recommencer à zéro.

Hoseok me tendit un porte-pilules, et m'en plaça une dans le cœur de ma main. Ce qu'il ne m'avait cependant pas dit, c'est que la reprendre avait des risques.

- Il n'y a pas de risques...?

- Si, mais tu ne devrais pas y penser. On saura te décoincer s'il y en a.

Le premier risque auquel j'avais pensé était la mort. Simple et plutôt anodin comme risque.

Mais assez effrayant.

Au fur et à mesure que je réfléchissais, cette pilule chauffée dans ma paume, une autre théorie naquit dans mon cerveau.

Le second risque, cette seconde théorie à peine née dans mon esprit fut celle de rester coincer. Et si je restais coincé ? Si je n'arrivais à me dégager des doux filets de l'espace temps ?

Si je n'arrivais pas à revenir du passé ? Rester coincé à jamais entre le présent et le futur ? C'est ce qui me faisait hésiter. C'est ce qui m'empêchait de gober cette pilule et de me retrouver à nouveau dans son monde.

- Qu'est-ce que tu attends...?

Hoseok était le premier à m'encourager. J'appris plus tard qu'il était le premier avec Seokjin à nous shipper, dieu seul sait pourquoi.

J'avalai la pilule, sans eau, et attendit, fixant la main de mon hyung posée sur mon épaule. Je levai la tête, regardant le ciel, lorsque je remarquai quelque chose de complètement inhabituel. Le ciel changeait de teinte, et le soleil courrait sur le ciel, rattrapé par la lune, suivie d'un ciel sombre, jusqu'à le soleil court après la lune suivi d'un ciel bleu et clair qui se fit vite rattrapé par un ciel gris et terne.

Tout ça en quatre battements de cils. J'entendais Hoseok sans le voir, j'avais beau tourner partout là tête, je ne le voyais plus. Mais il hurlait mon nom. Je pris soudain peur et me mit à pleurer, paniqué, terrifié. Je plaquai ma main contre mon cœur, en combattant mes sanglots, déterminé à calmer tous mes pleurs.

- Arrête de pleurer, arrête de pleurer Park Jimin, arrête de pleurer !! C'est rien, t'es pas coincé, tu vas rentrer à la maison, rentre à la maison...

Je me relevais, tout en pleurant sans cesse, frappant mon poing sur ma poitrine pour cesser mes pleurs. J'avais toujours été comme ça. Un incapable, incapable de cesser mes pleurs, lorsqu'ils commençaient. Même étant tout petit, c'était trop dur. J'avais donné du fil à retordre à ma mère, la première fois, lorsque mon père m'avait lâché.

Et lorsque ce fut son tour à elle, Namjoon eut du fil à retordre, lui aussi. Et maintenant que pour ce type en phase terminale, je risquais ma vie dans les absysses du temps, je paniquais, de peur de rester coincé, de peur de gâcher toute ma vie entière pour ce garçon aux cheveux décolorés, j'étais terrifié, je ne voulais pas l'entendre, je ne voulais pas accepter la probabilité que j'étais coincé.

Mais j'étais bel et bien coincé. Incapable de bouger, incapable de résister. Toutes ses mains de couleurs bleuâtres et violacées m'attrapèrent et me tirèrent dans le sol, peu importe comment je me débattais, elles devenaient de plus violentes et m'attrapaient jusque sous la terre.

Mais nous n'étions pas sous-terre. Nous étions au milieu, au plus profond, nos frôlions les dernières épitaphes des dernières tombes, jusqu'à nous retrouver dans le vide.

Allongé sur cette plaque de verre noir, parsemés de décors similaires à des galaxies, mais j'étais paumé et terrifié. A chaque seconde où je tentais de me relever, elles revenaient, et me tiraient même hors de verre, mon corps brisant le sable fondu.

Jusqu'à ce que je me retrouve dans une pièce, chauffée, des pots de nouilles restants, froids, des tasses de chocolats chauds décorés de pusheens ou de motifs plus sobres, un petit son parvenait à mes oreilles; un petit bourdonnement, un ronflement. Je tournai la tête, et aperçut quelqu'un pour qui j'avais versé beaucoup de larmes.

Un garçon, aux cheveux décolorés, enroulé dans sa couverture, le visage tendre et mignon, la moue similaire à celle d'un chaton. Il portait un petit bonnet, qui laissait ressortir quelques mèches de ses cheveux décolorés, et sa peau était toute pâle.

Mon cœur se permit de rater un battement, et je m'effondrai, silencieusement au sol.

Comment j'étais arrivé là ? Pourquoi j'avais l'impression que je ne venais pas du tout de réussir...?

𝗯𝗿𝗲𝗮𝘁𝗵𝗶𝗻' || 𝘆𝗼𝗼𝗻𝗺𝗶𝗻Where stories live. Discover now