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Il saisit ma main, et me tira une seconde fois jusqu'à son appartement.

- Assieds toi. Je vais te chercher un chocolat chaud.

J'attendais, assis sur le sofa, la tête baissée, triturant les coutures de mon pull, les sourcils froncés de honte.

J'avais peur de l'encombrer. Lui revint plus tard, avec une tasse blanche, avec des petits pusheens* dessus. C'était assez mignon, devais-je avouer. Lui s'assit en face de moi, en tailleur, sur un oreiller au sol.

- tiens. Me tendit-il la tasse. Fais attention c'est chaud.

- Merci...? je peux redescendre tu s-

- Shhht, arrête.

Il rigola, un petit peu, et remua son thé.

- si tu me disais ce qui t'amène ici ?

- Oh euhm...

- Je ne te force pas, tu peux aussi...boire ton chocolat tant que c'est chaud et redescendre dans le froid, au risque de tomber malade ? Me lança t-il doucement, un petit sourire pincé aux lèvres.

- bon...

Je pris une petite gorgée timide de mon chocolat chaud, qui s'avéra délicieux, puis je commençai à parler, éprouvant une légère réticence. J'étais fatigué, il était possible que je dise des bêtises.

- avant d'atterrir ici, je vivais chez quelqu'un que j'admire beaucoup. Un caissier, à la supérette de mon quartier. Je loge(ais) à l'étage de son immeuble, depuis la mort de ma mère.

J'eus besoin d'une seconde gorgée, brûlante, de ma boisson, me réchauffant les mains à travers cette tasse de porcelaine recouverte de ces petits pusheens, et je baissai la tête, tandis que lui faisait tournoyer le sachet de feuilles de thé miniature dans sa tasse à lui, aux motifs beaucoup plus sobres.

De dessous la table il sortit une boîte de mouchoirs. Il était perspicace, il savait à ma façon dont je contais mon récit que je pouvais à tout moment me mettre à pleurer, faiblard que je fusse à l'époque.

- A mon habitude, chaque soir je descendais à la supérette. Et chaque fois il y avait ce garçon.

Yoongi plissa le regard, m'offrant un sourire. Il se leva, en s'appuyant sur ses genoux, et me tendit, encore, sa main. Son petit geste faisait accélérer les battements de mon cœur, cognant derrière mon épiderme. Il ne dit rien, seulement dans son regard qu'il voulait que je le suive, ce que je fis sans broncher en faisant tomber sur mon coussin le plaide en cachemire qui me couvrait les épaules.

Il me tint la main, jusqu'à la cuisine, et me dit d'une petite voix;

- assieds toi sur cette chaise là.

Je m'assis, et me tordai les doigts, en me demandant ce que je pouvais bien faire là.

- Tu peux continuer ton récit. Me dit-il, alors qu'il cherchait quelque chose dans le tiroir.

- ce garçon, et bien...il venait manger des ramens.

Mon hôte fut pris d'un rire, et posa sur la table deux boîtes de jjajangmyeon.

- est-ce qu'il aimait le jjajangmyeon ?

- il ne prenait pratiquement que ça.

- Moi et ce garçon avons des points communs...! J'adore les ramen de la supérette. Ensuite ?

- ensuite, nous parlâmes et je sus qu'il avait une maladie, c-curable hein, et qu'il devait venir ici, dans cette ville et-

- Tu sais qu'on est à Daegu n'est-ce pas ?

- Bien-bien sur, comment pourrais-je ne pas le savoir ?

Je tremblais; j'avais menti. Il perdit son sourire, et versa de l'eau bouillante dans les deux boîtes.

- Et tu viens d'où ?

- De Busan. Mais encore hier, j'étais à Séoul.

- Et comment va t-il ? Le garçon ?

- Oh il va...bien !

- Pourquoi n'es-tu pas avec lui alors ?

"Si tu savais..." voilà ce que mon esprit hurlait.

- Je...

Mes mains se plaquèrent contre mes yeux, et il se pencha vers moi.

- Jimin, je ne te demande pas de tout me dire, juste de ne pas me mentir. Qui, et où est ce garçon ?

- son nom est...il s'appelle Jeon Jungkook et il vit seul...!

- Allons le voir alors ! Tu as son adresse n'est-ce pas ?

- mais je-

- Allons y ! Sauf si ça n'est toujours pas ma vérité ?

- Arrête, arrête, arrête, arrête, arrête !!!! Je peux pas te le dire je ne peux pas je ne suis pas un menteur, je n'ai pas menti ! Je n'ai pas...je n'ai...

- Hé.

Yoongi s'approcha de moi, et me prit dans ses bras.

- je te crois, je te crois.

Ses doigts passaient doucement dans mes cheveux, et son souffle s'écrasait dans mon cou, alors que le mien s'éternisait dans le sien. Mes paupières se fermerent, et sa main passa sur ma taille pour se poser dans mon dos.

-   Ne pleure pas. Tu me fais mal en pleurant.

-   Et si j'ai besoin de pleurer...?

-   alors pleure. Mais ne te cache jamais pour pleurer. Pleure et hurle au grand monde. Je comprends ce que tu me dis. Je te comprends, alors ne te fais plus mal.

𝗯𝗿𝗲𝗮𝘁𝗵𝗶𝗻' || 𝘆𝗼𝗼𝗻𝗺𝗶𝗻Où les histoires vivent. Découvrez maintenant