Chapitre 36

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Je relève la tête prête à franchir, encore, les portes de cette école. Des semaines sont passées, beaucoup de choses ont changé. Le château, lui, ne semble pas connaitre le changement, enraciné, rien n'a bougé d'un centimètre. Le lieu est exactement le même, pourtant la personne qui traverse ce couloir, elle, ne voit plus rien de la même façon. Le bruit vole autour de moi à la vitesse de balle de fusil. J'avais presque oublié à quel point Poudlard était bruyant.

Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer le pire, l'impression que la bâtisse va s'effondrer à tout moment. Les pierres tenant les murs me menacent de partir. Enfin, soyons honnête, je le sais, je suis le danger, ici. Un sentiment de culpabilité m'englobe, je n'étais pas censé revenir. Je suis partie par sécurité, qu'est-ce que je fais là ? Trop tard, la machine est lancée, je ne peux plus l'arrêter.

J'avance vers le bureau du directeur, laissant derrière moi, le bruit, les élèves et la forte luminosité. À quelques pas, je vois le bout du couloir, l'entrée, elle est toujours représentée par une statue d'un aigle majestueux. Juste à quelques centimètres, une personne à l'antipode de majestueuse est affalé contre le mur, grand, brun avec des yeux clairs : Orion. Il se redresse, me voyant arrivé, affiche un immense sourire, prêt à m'accueillir. Comment peut-il être aussi vide et hypocrite ? Et comment j'ai pu sortir avec ça ? Alors qu'une expression de dégout anime mon visage à sa vue, son sourire s'agrandit.

- Eleanor, ma préférée de toutes !

« De toutes », déjà qu'il me dégoûtait, maintenant qu'est-ce qui m'arrête de lui envoyer mon point sur son sourire trop parfait pour être sincère. Je ravale tout mon mépris, me contente de lui rétorquer.

- Trop d'insécurité ? Besoin de préciser le nombre à chaque fois.

Son sourire s'atténue :

- Tu ne l'as toujours pas digéré, je vois.

Puis il affiche son sourire prétentieux, prend un ton informatif alors que je lève automatiquement les yeux au ciel :

- Jedusor m'envoie.

- Je peux très bien me débrouiller toute seule, je réponds sur un ton sec. 

- Bien sûr, princesse.

Il bat en retraite s'installant à quelques mètres derrière moi. Je sens qu'il est sarcastique, surtout que je n'ai aucune idée du mot de passe pour entrer dans le bureau. Je reste quelques secondes devant la statue, ayant trop fierté pour lui demander. Alors que j'allais me décider, je le sens juste derrière moi, il me chuchote :

- Fruit saisonnier. Le mot de passe, madame, je me débrouille toute seule.

- Merci.

J'exclame le mot de passe, la statue rotate jusqu'à laisser place à des escaliers en spiral. Je m'apprête à les monter quand Orion me lance :

- Attends.

Je me retourne, sa mine est sérieuse une fraction de seconde, dès que mon attention se pose sur lui son sourire réapparait. Il m'interroge en rigolant :

- Jamais, je n'aurais cru que tu ferais un marché avec Jedusor. Il a réussi à te manipuler, comme toutes les autres, aux finales.

Ma première impulsion est de vouloir le faire taire, mais il n'attend que ça. Je pourrais et je n'ai qu'une envie, effacée ce fichu sourire de ce visage. Je pourrais lui dire qu'il ne m'a pas manipulé, j'ai juste besoin qu'il y croit. Jedusor me sous-estime et je compte bien l'oblige à utiliser son service plus vite qu'il le prévoit. Je sais ce que je fais, il ne s'y attend juste pas. S'il pense qu'il me manipule, il ne se doutera pas que je le manipule. Mais en aucun cas, je peux lui répondre ça, il va lui répéter et à mon avis, c'est un test. Dommage, j'aurais presque pu tomber dedans. Je baisse légèrement la tête pour lui répondre sans détruite ma fierté pour que ça reste crédible :

Anytime...Where stories live. Discover now