Le présent est à vivre

Chapitre 66 - Pas si désagréable que ça !

Le bruit de la porte de la salle de bain qui se fermait fit émerger Loki. À demi-conscient, il pensa à la mauvaise organisation de cet appartement et surtout à l'accès de l'unique salle de bain. Jetant un œil au réveil sur la table de chevet, il vit qu'il avait encore deux bonnes heures de sommeil avant de devoir refaire son marathon de la veille. Il regarda rapidement en direction de la salle de bain mais aucune lumière ne filtrait de sous la porte, ni aucun son d'ailleurs, il avait dû rêver. Inspirant profondément l'odeur enivrante de Jeanne, il retourna à son sommeil.

— Oncle Loki ... Oncle Loki.

Couché à plat ventre, la tête plongée dans les oreillers, voulant surtout faire la sourde oreille, le dieu ne bougea pas.

— Oncle Loki, couina la voix de Théo.

Pouvait-il simplement espérer avoir un peu de repos où cela était-ce trop demandé ? Le matelas s'enfonça légèrement et la petite main du brun le secoua légèrement.

— Oncle Loki... J'ai fait un cauchemar. Je peux dormir avec toi ?

Le dieu soupira bruyamment.

— Tu ne repartiras pas de toute façon ? maugréa-t-il.

Devant le silence, il se retourna en direction du garçon. Celui-ci serrait sa peluche de lion et avait les yeux larmoyants.

— De quoi as-tu rêvé pour te mettre dans un état pareil ? s'attendrit-il malgré lui.

Le garçon fondit en gros sanglots. Telle mère, tel fils ! Il se pencha en avant, attrapa Théo et se réallongea sous les draps. Le jumeau brun se lova sur sa poitrine, nichant sa tête sous son menton. Loki lui caressa doucement le dos, le laissant se calmer seul. Il lui prodigua les mêmes paroles rassurantes que Jeanne avait envers lui lors de ses épisodes cauchemardesques.

Au bout de longues minutes, les larmes de Théophyle finirent par se tarir.

— Veux-tu maintenant me raconter ? chuchota Loki.

Théo hocha de la tête contre sa poitrine.

— J'ai rêvé que Maman mourrait, que je me retrouvais tout seul.

— Tu ne seras jamais seul lille prins, le rassura-t-il. Tu as tes frères, ton père... Il y aura toujours un membre de ta famille près de toi.

— Non, beaucoup de monde était mort, Joshua aussi... Toi, tu ne l'étais pas.

— Calme-toi maintenant.

— Mais mon rêve me paraissait aussi vrai que lorsque j'étais sur le rempart, dit-il en se redressant.

Loki regarda plus attentivement l'enfant qui le fixait avec interrogation.

— Ce n'était qu'un cauchemar, Théo... tranquillise-toi. Tu n'as rien à craindre.

Le gamin fronça les sourcils. Loki pouvait voir, dans les prunelles marrons, les doutes qui l'assaillaient.

— Je sais quand je fais un cauchemar, c'en n'était pas un.

Le dieu lui adressa un regard tendre.

— Ce n'était qu'un cauchemar, lui répéta-t-il plus doucement encore. Certains rêves sont un mélange entre tes souvenirs et tes peurs les plus profondes. Ceux-là sont les plus réalistes. Ce que ton frère et toi avez vu récemment n'en sont que les conséquences.

— Comment le sais-tu ?

Il sentit que l'enfant ne remettait pas en question ses paroles mais qu'il cherchait à comprendre.