42. Un marché est un marché

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« Je ne te laisserai pas regretter ce marché. » Il veut lui prendre le visage mais elle se dérobe en fronçant le nez. « Oui, bien sûr, reconnaît-il son erreur. Veux-tu que je retourne prendre une douche?

— Non... Mais... Au moins les mains. Et... La..., fait-elle de plus en plus mal à l'aise. »

Il n'a qu'à tendre le bras pour user l'eau savonneuse préparée sur la table. À quel point a-t-il coordonné le déroulé des événements pour avoir prévu jusqu'à ce détail? A-t-il tout imbriqué? Est-elle à ce point prévisible? La rend-il à ce point aveugle qu'elle n'ait rien vu venir? Rien pressenti de la manipulation? Pouvait-il réellement augurer tant de facteurs humains? Ou s'est-il simplement préparé à toutes les éventualités?

Aby, hypnotisée par ses pensées et les gestes masculins, est attirée sur terre par le timbre viril. « Détache le peignoir, ordonne-t-il en s'épongeant le torse du parfum de la poitrine qui s'y est collée. Je veux te voir. » Elle soutient le regard aussi assombri que la voix et glisse un doigt sous le nœud lâche comme l'a fait la courtisane pour le débarrasser de la serviette. Les yeux lavande plongent instantanément entre les pans qui s'écartent d'eux-même, et la jeune femme reprend confiance. Fierté et satisfaction, même! L'expression la caresse à des endroits invisibles. Elle est chaude. Loin du marbre indifférent qu'il portait sur la prostituée. « Tu es de plus en plus belle.

— Juste parce que je te donne du fil à retordre, amoindrit-elle le compliment qu'elle juge immérité.

— C'est faux. Tu ne me déçois jamais. » rappelle-t-il en revenant assez près pour que l'ourlet central de l'habit caresse son genou. Cette fois, Aby laisse la grande paume prendre la forme de sa joue. Il se penche, l'œil affamé. « Aucune entorse aux règles. »

Promesse faite, il s'accapare les lèvres. Toute la bouche. La taille d'un bras captateur. La nuque d'une poigne dominatrice. Il ne veut qu'elle – tout d'elle – et le lui fait savoir.

Freiné par la position inconfortable dû à leur différence de taille, il repousse du pied une chaise à l'aveuglette et assied Aby à côté de la place encore chaude du bois poli de la table. Il peut enfin éprouver la pression des seins désirés contre son torse et la douceur d'une cuisse contre sa hanche. Les petites mains légèrement tremblantes parcourent sa peau. Elles tracent ses muscles, empoignent ses chaires là où elles le peuvent. L'excitent comme l'heljaïste est la seule à l'avoir jamais fait. Parce qu'elle sait quel effet elle produit.

Les doigts fins caressent son érection sans savoir comment s'y prendre. « Lubrifie moi, recommande Phil en détachant à peine leur bouche.

— Comment?

— Avec ta salive. »

Elle se tend. « Je ne pourrai pas faire ce que cette femme aurait pu.

— Si je voulais ce qu'elle aurait pu, elle serait en train de le faire. Crache dans ta paume ou sur ma queue. »

Une grimace dégoûtée ourle ses lèvres. « C'est dégueu'!

— Plus que de me sucer?

— Clairement, oui! » L'homme se recule juste assez pour juger de sa sincérité. « Cracher, c'est pire que blasphémer chez les heljaïstes, explique-t-elle.

— Compte sur moi pour m'en rappeler, assure-t-il en lui prenant la main. »

Yeux dans les yeux, il porte les doigts à ses lèvres. Il les embrasse vers la paume. Le rouge monte aux joues et au front de la jeune femme tandis qu'il trace du bout de la langue les mêmes arabesques qu'il y dessine du doigt lorsqu'ils sont main dans la main. Une fois sûr de l'humidité produite, tant dans les entrailles de sa proie qu'au creux de la main, il la guide sur sa verge.

Black Bag [Terminé]Where stories live. Discover now