Chapitre 12 - Confidences

21 4 0
                                    

– Je suis désolée pour ton mari, je dis à Béatrice.

– Merci, tu es gentille ! Avant, c'était lui qui nous ramenait de quoi manger. Il travaillait à la cafétéria à l'heure des repas, et sinon, il était veilleur la nuit et faisait des tours de garde le long de la Clôture. Il était le chef de la cafétéria et cette responsabilité lui plaisait beaucoup. Nous allions souvent manger là-bas. Et puis un jour, il y a eu un accident. La cafétéria a brûlé et tout le monde a réussi à sortir. Mais certains qui travaillaient là-bas ont été intoxiqués, comme James, mon mari. Il a été transféré à l'hôpital, et il est mort quelques heures après l'incendie. Je n'ai même pas pu aller le voir. Je pense que c'est mieux ainsi car il avait été brûlé sur une partie du corps et apparemment, il n'était pas beau à voir. Au moins, la dernière image que je garde de lui est quand il est parti au travail, le jour de l'incendie. Il m'a embrassé avant de franchir la porte... si j'avais su que c'était la dernière fois que je le voyais ... Au moins, il n'a pas trop souffert. Il n'a pas été le seul. Deux autres personnes ont perdu la vie à cause de l'incendie. Depuis, je n'ai jamais remis les pieds à la cafétéria qui a été reconstruite entre-temps. Je n'ai pas le courage d'y aller. Chaque fois que je passe devant, je repense à James. Il y a de trop bons souvenirs là-bas.

– Je comprends. Cela a dû être difficile pour vous.

– C'est sûr qu'au début, j'avais du mal à vivre sans lui. Puis au fur et à mesure, je m'en suis à peu près remise. « Il ne faut jamais se lamenter, il faut toujours aller de l'avant ». C'était une de ses phrases préférées, à James. J'ai suivi son conseil. Il le fallait bien. Je devais m'occuper de Nadine. C'était la seule famille qui me restait, c'était ma fille, c'était la fille de James. Je voulais la rendre heureuse, et ce n'était pas en pleurant la mort de mon mari que j'allais y arriver. Alors j'ai repris ma vie en main. Emma m'a beaucoup aidé. C'est une amie très précieuse. J'ai fait tout mon possible pour rendre la vie de Nadine meilleure.

– Et vous avez réussi. Nadine est très heureuse avec vous. Elle vous aime beaucoup. Vous...

– Tu dois me tutoyer, me rappelle Béatrice.

– Ah oui c'est vrai. Pardon. Il faut juste que je m'habitue. Qu'est-ce-que je disais ? Ah oui ! Tu es toujours là pour elle.

– Je ferais tout pour elle. Je l'ai toujours protégée. Je n'ai pas envie de la perdre. C'est pour cela que j'ai accepté qu'elle aille au Bureau. Je veux qu'elle soit en sécurité. Avec sa divergence, elle n'a pas sa place à Chicago, d'après le gouvernement. Et aussi, j'avais remarqué, que depuis la mort de James, Nadine n'avait pas vraiment sa place. Je sais que son père lui manque et vivre dans cet appartement où elle a de bons souvenirs avec lui ... c'est un peu dur. J'essaie de remplacer au maximum mon mari, mais ce n'est pas pareil.

– Je comprends. J'ai vécu presque la même chose. Quand j'étais petite, mes parents n'étaient presque jamais à la maison. Ma mère était policière et était souvent en mission. Mon père était professeur. Lorsqu'ils rentraient tard le soir, ils se disputaient souvent, et cela, tous les jours.

– Ce n'était pas trop dur pour toi ?

– Au début, je pleurais souvent. Je n'aimais pas les voir se hurler dessus. Et puis, j'ai appris à me débrouiller toute seule, comme personne ne s'occupait de moi. Cela m'a beaucoup servi quand j'étais dans la Marge.

– Tu as vécu dans la Marge ?

– Oui. Six mois environ. Je me suis enfuie de chez moi, le soir où ma mère a tué mon père.

– Ta mère a ...

– Ils se sont disputés et cela a dégénéré. J'ai entendu comme un coup de fusil, et quand je suis descendue pour voir ce qui se passait, j'ai vu ma mère avec son pistolet à la main et mon père, étendu sur le tapis blanc qui était couvert de sang. Ma mère était un peu sonnée, mais elle a traîné mon père dans le jardin et elle l'a enterré. Je n'ai pas supporté. Même si mon père n'était pas très gentil, il ne méritait pas de finir de la sorte. Alors j'ai pris quelques affaires, et je me suis enfuie. Je me suis réfugiée dans la Marge.

JE LE PROMETSWhere stories live. Discover now