JE LE PROMETS

Chapitre 40 - La cérémonie du Choix, 19 ans plus tard

Le lendemain, après un petit-déjeuner en silence, où personne n'ouvrit la bouche, nous sortons de la maison. 

Pour se rendre à la Cérémonie du Choix, nous prenons un bus rempli de gens en chemise et en pantalon gris. 

Nous descendons ensuite et pénétrons dans le bâtiment, appelé "La Ruche" où se déroule la Cérémonie du Choix. 

L'ascenseur est bondé, et Andrew cède nos places à un groupe de Fraternels, comme le veux les principes des Altruistes.

Nous prenons finalement l'escalier, car sinon, nous devrions laisser passer tout les gens dans l'ascenseur et nous arriverions en retard à la Cérémonie. 

Les autres Altruistes ont suivi notre exemple et nous nous retrouvons tous les quatre noyés dans une masse de gens en gris qui gravissent les marches dans la pénombre.

Arrivé en haut, Andrew tient la porte à tout le groupe, qui passe devant lui sans lui adresser un mot. J'attends avec lui que tout le monde soit passé, puis après m'avoir sourit, nous entrons dans la salle déjà bondée. 

Caleb et Béatrice nous attendent au bas des escaliers menant dans la partie réservée aux Altruistes. Pendant que nous marchons vers eux, ils en profites pour observer tout autour d'eux, les cinq coupelles, les autres factions qui s'installent...

En allant s'asseoir, Andrew en profite pour embrasser Béatrice sur le front et donne une tape sur l'épaule de Caleb avec un grand sourire.

– À bientôt, leur dit-il, sans une ombre de doute.

Il paraît persuadé que ses enfants resteront dans notre faction. Cela me fait mal qu'il pense cela, car il sera sûrement très déçu si nos enfants décident de changer de faction. 

Je prends Béatrice dans mes bras en lui disant :

– Je t'aime. Quoi qu'il arrive.

Puis nous prenons place sur les sièges.

Marcus se tient sur le podium entre les Érudits et les Audacieux et se racle la gorge devant le micro. Tout le monde se tait et les gens qui n'étaient pas encore assis le font en vitesse.

— Bienvenue ! nous lance-t-il. Bienvenue à la cérémonie du Choix. Bienvenue en ce jour où nous célébrons la philosophie démocratique de nos anciens, qui nous dit que chacun a le droit de choisir sa propre voie dans ce monde.

Il a l'air bien dans sa peau, et très enthousiaste... 

— Nos jeunes ont atteint le cap des seize ans, continue-t-il avec une voix détachée. Ils se tiennent au seuil de l'âge adulte, et c'est maintenant à eux qu'il revient de décider quelle personne ils vont devenir.

Il parle d'une voix solennelle, en faisant peser chacune de ses paroles.

– Il y a plusieurs dizaines d'années, nos anciens ont compris que les guerres n'étaient causées ni par les idéologies politiques, ni par la religion, ni par l'appartenance ethnique, ni par le nationalisme. Mais par une faille dans la personnalité même de l'homme, par son penchant à faire le mal sous une forme ou une autre. Ils se sont donc séparés en factions dont chacune s'est donné pour mission d'éradiquer le travers qu'elle considère comme responsable des désordres de ce monde. Ceux qui condamnaient l'agressivité ont formé les Fraternels, Ceux qui pointaient du doigt l'ignorance ont donné les Érudits, Ceux qui blâmaient la duplicité ont composé les Sincères, Ceux qui incriminaient l'égoïsme ont créé les Altruistes, Et ceux qui dénonçaient la lâcheté ont constitué les Audacieux. En œuvrant ensemble, ces cinq factions vivent en paix depuis de nombreuses années, chacune apportant sa contribution à un aspect de la société. Les Altruistes répondent à notre besoin en responsables politiques dévoués. Les Sincères nous fournissent des responsables juridiques honnêtes et dignes de confiance. Les Érudits nous donnent des enseignants et des chercheurs de haut niveau. Les Fraternels nous procurent des conseillers et des soignants compréhensifs. Et les Audacieux nous protègent des menaces intérieures comme extérieures. Mais la mission des factions ne s'arrête pas là. Elles nous apportent à chacun bien plus que ce que de simples mots peuvent exprimer. Ce sont les factions qui nous fournissent à tous un sens, un but à nos vies. Hors des factions, il n'y a pas de survie.