Chapitre 1 - La Marge

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Je m'appelle Natalie Wright. J'ai 13 ans.

J'ai grandi à Milwaukee, dans le Wisconsin, dans une petite maison individuelle.

Ma mère travaille dans les forces de police. C'est une femme explosive, toujours insatisfaite. Elle passe son temps en mission. Elle est au travail bien plus longtemps qu'elle n'est à la maison. Parfois, il lui arrive de ne pas rentrer pendant trois jours.

Mon père, quant à lui, est enseignant. Il est d'un caractère flexible, bienveillant mais totalement effacé. Il passe son temps à corriger des copies et à préparer ses cours. Il ne supporte pas qu'on le dérange.

Hier soir, mes parents se sont disputés dans le salon, comme d'habitude. Comme cette scène se reproduit quotidiennement, je ne me suis donc pas inquiétée.

Là où j'habite, les drames familiaux sont la norme. La plupart des couples d'amis de mes parents boivent beaucoup, se disputent sans arrêt et ne s'aiment plus depuis longtemps.

Mais ce soir-là, les choses ont dégénéré.

Mon père s'est énervé contre ma mère et il l'a secouée vigoureusement. Alors pour se défendre, elle a sorti le pistolet qu'elle garde avec elle au travail en cas d'attaque, et s'en est servi pour lui tirer dessus.

Je revois encore le corps de mon père tomber sur le tapis blanc, soudain devenu rouge.

Je me trouvais à la porte du salon, comme à l'accoutumée. Je n'aimais pas voir mes parents se disputer mais je préférais être à la porte pour les écouter et les regarder, plutôt que de rester dans ma chambre en entendant leurs cris à l'autre bout de la maison.

Je me souviens qu'à ce moment j'avais entendu un bruit de chute. Ma mère venait de lâcher le pistolet qu'elle tenait encore. Elle avait paru un peu sonnée par ce qu'elle venait de faire, mais elle avait vite repris contenance. Elle voit des meurtres tous les jours...

Elle avait entouré mon père avec le tapis, et l'avait traîné sans ménagement tout le long du salon jusqu'à la porte fenêtre. Après l'avoir ouverte, elle avait sorti mon père, puis était revenue chercher une pelle avant de ressortir. J'avais deviné qu'elle allait enterrer le corps de mon père dans le jardin.

Même si je ne portais pas trop mon père dans mon cœur, il ne méritait pas de mourir ainsi, tué par sa propre femme.

Après je comprenais ma mère : mon père avait été très violent avec elle, mais ce n'était pas la peine de le tuer pour ça !

Je me rappelle que pendant que ma mère s'affairait dans le jardin, je suis montée dans ma chambre. J'avais rassemblé toute mes affaires dans un sac, à savoir ma peluche en forme de lapin que m'avait offerte mon père, la boîte à musique que j'avais eu pour mes six ans, et mes deux livres préférés.

J'étais ensuite descendue, en passant par la cuisine pour prendre une tablette de chocolat. Je ne savais pas si j'allais trouver de quoi me nourrir quand je serais partie alors il valait mieux que j'emporte quelque chose à manger.

Puis après avoir mis mon écharpe et un manteau, j'étais sortie de chez moi, très discrètement pour ne pas que ma mère me voit. Je n'avais aucune envie de la revoir. Surtout après ce qu'elle venait de faire...

J'ai marché durant des jours, m'arrêtant aux lisières des forêts. Je me faisais un lit de fortune, en amassant des feuilles. J'avais de la chance, car comme nous étions en automne, il y en avait partout.

Je m'endormais facilement le soir, fatiguée par la longue journée de marche. Mes nuits étaient souvent peuplées de cauchemars qui me réveillaient en pleine nuit.

JE LE PROMETSWhere stories live. Discover now