Chapitre 9 - Les Audacieux

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L'air hurle dans mes oreilles tandis que le sol se rapproche, remplissant bientôt tout mon champ de vision. Mon cœur bat si vite que ça me fait mal. Tous mes muscles sont tendus au maximum et mon ventre semble aspiré. Je me précipite dans l'obscurité du trou.

Mon corps percute de plein fouet quelque chose qui ploie sous mon poids et m'enveloppe. Le filet. Heureusement qu'il est là. Sinon, j'aurais fini écrasée.

L'impact m'a coupé la respiration et je tousse en essayant de reprendre mon souffle. Puis je réalise que ... je viens de sauter d'un toit.

– Attention ! J'arrive !

La voix de Nadine me parvient du haut du trou.

Je me dégage d'un coup et descends du filet, juste à temps. Nadine atterrit à son tour dans le filet. Au lieu de tomber assise, elle se réceptionne debout. Je la regarde d'un air ahuri.

– Tu verras ! Quand tu auras l'habitude comme moi, tu atterriras debout. Allez viens !

Nadine me fait descendre dans un tunnel étroit aux parois de pierre. Le plafond s'incline de plus en plus et j'ai l'impression de m'enfoncer au cœur de la Terre.

Nadine pousse des portes battantes. Derrière, se trouve une grotte souterraine si vaste que, d'où je me trouve, je n'en vois pas l'extrémité. Des parois rocheuses d'un aspect rugueux s'élèvent sur une hauteur de plus de dix mètres. Sur l'une des parois s'étire un rai de lumière orange. Le plafond, constitué de panneaux de verre, se situe au même niveau que la rue. Il est surmonté d'une tour qui laisse entrer la lumière du soleil. On a dû la voir au milieu des autres tours quand le train est passé devant, mais comme je ne voyais rien de la fenêtre, je n'ai pas fait attention.

– Je te présente la « Fosse », me dit Nadine. Là-bas, me dit-elle en me montrant une salle creusée dans les parois, c'est la cafétéria. Les Audacieux peuvent venir y manger à n'importe quelle heure. Juste à droite, c'est la laverie. Tu peux venir chercher des vêtements neufs, et laver tes vêtements. Et à droite de la laverie, c'est le magasin. On y trouve des couteaux, et autres armes.

– Où achète-t-on la nourriture ?

– Dans le secteur des Fraternels. Ce sont eux qui s'occupent des champs, m'explique Nadine. Ma mère y va toutes les semaines. Elle ira demain, car c'est le jour du marché. Tu iras avec elle.

La cafétéria, le magasin et la laverie sont reliés entre eux par des chemins et des escaliers étroits taillés dans la roche. Je remarque qu'il n'y a pas de garde-fous pour éviter les chutes. Il faudra que je fasse attention à ne pas perdre l'équilibre.

Des lanternes bleues sont suspendues à intervalles irréguliers le long des chemins. Plus il fait sombre, plus leur lumière s'intensifie. C'est très étrange.

– Viens ! Je vais te montrer le gouffre.

Elle me conduit vers la partie droite de la Fosse, plongée dans la pénombre. En plissant les yeux, je m'aperçois que le sol s'interrompt brusquement devant nous, derrière une barrière métallique. En m'approchant du bord, j'entends un mugissement, comme un courant d'eau.

Je regarde par-dessus la barrière. La falaise plonge en à-pic sur au moins cinq mètres. Au fond, un torrent frappe les parois et rebondit en écumant. À ma gauche, l'eau est plus calme, mais à droite, elle est blanche et bataille avec la roche.

– Alors, c'est ici que les gens sautent ? je demande timidement.

– Heu... oui, me répond Nadine avec un air triste.

Je regarde le gouffre, en pensant à tous les gens qui se sont donné la mort.

– Ne restons pas ici trop longtemps, me dit Nadine.

JE LE PROMETSNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ