12. Raviver la flamme

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Elle avait beau connaître le bâtiment et ses environs depuis un bon bout de temps, Amanda Waller n'était jamais ravie de devoir en arpenter les couloirs.
Elle ignorait avec quel genre de produits les équipes de nettoyage et les prisonniers de Belle Reve lavaient le sol de la prison, mais elle ressentait perpétuellement la même insupportable odeur de renfermé et de plastique à chaque fois qu'elle devait s'y déplacer.

Mais pour cette fois, la directrice de la prison de plus haute sécurité de Louisiane pouvait bien se permettre de ne pas écouter ses capteurs olfactifs. Comme toujours, la dernière affaire avait été rondement menée et elle avait hâte de constater à quel point.
C'est donc avec le nez légèrement pincé mais un air de satisfaction certain que la politicienne entra dans l'aile C. 

La plus reculée de la prison, destinée aux prisonniers dangereux, placés en isolement. Entre ces murs, tous étaient quasi littéralement coupés du monde, seulement reliés à l'extérieur par les quelques écrans de surveillance que les gardiens de l'aile C pouvaient consulter pour se tenir informés de la situation dans les ailes principales du bâtiment. 
En temps normal, elle n'était que peu utilisée, les quelques prisonniers qui avaient le malheur d'y atterrir finissant généralement par grossir les rangs de la Suicide Squad, lorsqu'ils ne se laissaient pas tout simplement mourir de faim, préférant la mort à la détention.

Ce n'était généralement pas une considération qui inquiétait Waller, mais cette fois-ci, elle avait préféré prendre ses précautions: sur les quatre cellules qui composaient le petit couloir le long duquel elle avançait, trois étaient à présent occupées, et la dernière ne tarderait sans doute pas.
Mais pour l'heure, il était temps pour elle de rendre visite à sa dernière arrivante.
Waller s'arrêta finalement devant l'une des portes, faisant face à un gardien. Ce dernier se voulait impassible, mais il était clair que le jeune homme, sans doute un nouveau venu placé là sans en avoir eu le choix, n'était pas serein devant la politicienne. Waller eut un petit sourire. S'il avait su qui se trouvait derrière chaque porte que lui et ses collègues surveillaient, il aurait sans doute été encore plus paniqué.

- Rien à signaler ? 

- Non Madame, répondit le gardien, la prisonnière n'a pas bougé depuis son arrivée.

- A-t-elle dit quelque chose ?

- Non Madame. Elle n'a pas dit un mot, jusqu'ici elle s'est contentée de pleurer.

Waller roula des yeux en entrant dans la pièce. 

Une grande pièce circulaire, presque entièrement blanche, à la monotonie seulement entravée par une console de sécurité et quelques écrans placés contre le mur. Des caméras étaient braquées en permanence sur la grande bulle vitrée au centre de laquelle, recroquevillée sur elle-même, Cleo Cazo regardait fixement ses pieds, le visage à moitié enfoui entre ses bras. 
En voyant entrer Waller, elle eut enfin une réaction: relevant légèrement la tête, elle écarquilla les yeux comme si elle venait de voir le plus effrayant des fantômes, et elle resserra son étreinte sur elle-même, comme une enfant qui avait peur de se faire gronder.

Si elle avait eu un tant soit peu de compassion pour ses prisonniers, Waller aurait presque pu la considérer ainsi. Mais elle savait parfaitement ce qu'elle était, et ce qu'elle avait fait, et elle devait bien avouer que voir une des criminelles les plus dangereuses des Etats-Unis trembler devant elle avait quelque chose de réjouissant. 

- Bonsoir Cazo, dit-elle en se plaçant solennellement devant elle.

Dans son dos, le gardien s'était rapproché de la console de sécurité, la main sur la crosse de son arme. Elle avait beau savoir que c'était là un réflexe de sa part, Waller considérait cela comme purement inutile. Devant l'absence de réponse de Cleo, elle continua:

Rat des villes et rat déchuWhere stories live. Discover now