6. La mécanique du corps

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"Alors, c'est vrai, toutes ces histoires de Suicide Squad...

Jay expira profondément, bien installé dans son canapé.
Face à lui, Cleo était assise sur une chaise, et le regardait avec appréhension.

Ça y était, tout était sorti.

Après leur catastrophique escapade, ils étaient rentrés directement chez Jay. Cleo avait eu toutes les peines du monde à l'aider à calmer sa crise, et pour une fois, elle pouvait remercier les mois qu'elle avait passé à fuir la police pour les facultés qu'ils lui avaient donné de se déplacer à travers les ruelles sombres sans attirer l'attention, ce qui leur avait permis d'atteindre l'appartement de Jay sans encombres.
À peine étaient-ils arrivés que ce dernier s'était rué sur le verre d'eau posé sur son bureau, et avait avalé des anti-dépresseurs et des anxiolytiques avant de s'effondrer dans son canapé.
Au départ, Cleo n'avait pas insisté. Il était évident qu'il venait de vivre un moment particulièrement éprouvant, et elle avait vraiment eu peur pour lui en le voyant suffoquer et s'étouffer en tremblant. Elle n'avait jamais assisté auparavant à une réelle crise d'angoisse, et à choisir, elle préférait désormais éviter ça à son bienfaiteur.

Alors elle lui avait tout raconté. Sans rien omettre.
Son enfance au Portugal, sa vie avec son père avant sa mort, pourquoi les rats, le Corto Maltese, la Suicide Squad et Amanda Waller...en revanche, elle avait volontairement passé sous silence le Projet Starfish. Elle ne voulait pas risquer de compromettre en aucune façon le marché fragile qu'elle et les autres membres de la Force Spéciale X avaient passé avec la redoutable directrice de Belle Reve.
Tout le long de son récit, Jay n'avait rien dit, se contentant de poser de temps à autres une question, et aquiescant le reste du temps au récit de Cleo sans plus de réaction. Sa dernière phrase était la première depuis quelques instants.

- Oui, dit-elle, tout est vrai. C'est censé être ultra-confidentiel, mais je suppose que pour un pirate informatique, c'est un terme qui n'existe quasiment pas.

- Détrompe toi Cleo, dit doucement Jay, parfois il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir, même pour un hacker. Tu l'as bien vu ce soir.

Cleo acquiesça. Après réflexion, elle s'était conduite de manière stupide et irréfléchie ce soir là. Elle avait passé des mois à se faire la plus petite et discrète possible, et voilà qu'à présent elle faisait s'effondrer des immeubles en chantier en les recouvrant de rats.

- Je suis désolée, dit-elle, je n'aurais pas dû faire ça.

- Hein ? Mais non, ne sois pas désolée voyons, c'est moi qui me suis mis les Irlandais à dos. Tu vois, c'est ça qui se passe quand un hacker en fait trop. On se laisse emporter, on fait une erreur, et on manque d'y laisser sa peau. C'est moi qui suis désolé que tu aies eu à traverser ça. Visiblement, t'as déjà eu ta dose.

- Tu as déjà fait ce genre de choses ? Je veux dire avant ? s'enquit Cleo

Elle connaissait déjà la réponse, mais elle s'imaginait que l'entendre de sa bouche la rassurerait certainement.

- Ça ne fait que 8 ans que je fais ça, expliqua Jay, tu sais, on est un peu pareils toi et moi.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Jay soupira, et entama son récit :

- Je n'ai pas toujours vécu ici, dans cet appart' un peu nul. Je suis né en France. Mon père était un Américain de la Nouvelle Orléans, mais ma mère, elle, était bien Française. C'est elle qui m'a élevé, toute seule. J'ai grandi là bas, jusqu'à mes 16 ans.

Cleo hocha la tête. Voilà qui expliquait la connaissance et l'amour de Jay pour les vieilles chansons françaises passées de mode.

- Et vous en êtes partis ? Vous vouliez venir en Amérique vous aussi ?

Rat des villes et rat déchuTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon