10. C'était pas ma guerre...

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"Et tu chantes, chantes, chantes
Ce refrain qui te plaît
Et tu tapes, tapes, tapes
C'est ta façon d'aimer..."

Jay était à deux doigts de siffloter tant ce qu'il était en train de faire lui paraissait facile.
Mais lorsque l'on voulait être discret, et à fortiori lorsque l'on se trouvait dans un des bâtiments de plus haute sécurité de la ville, siffler nonchalamment était parfaitement contre-productif, et donc une très mauvaise idée.
Le hacker coupa donc la chanson qui faisait bourdonner ses écouteurs, et se concentra sur la fin de sa tâche. Plus que quelques lignes de code à entrer, et il aurait entièrement craqué le firewall.

Il soupira. Pour un endroit qui avait connu autant de catastrophes engendrées par des fous dangereux, le Knights Dome avait un système de sécurité sacrément archaïque. Pas étonnant que les criminels et les super-vilains y rentrent comme dans un moulin. Jay n'était ni l'un ni l'autre, mais il ne put s'empêcher de se dire que s'il avait voulu mettre le même genre de bordel que ce taré qui avait quasi intégralement détruit le stade à coups de bombes quelques années auparavant, il l'aurait fait sans même avoir besoin de ses anxiolytiques.
Bien sûr, le stade s'était relevé, et avait été reconstruit depuis. Gotham se relevait toujours. Mais après tant de chaos orchestré autant de fois ici, Jay s'était attendu à un peu plus de résistance de la part de la sécurité du bâtiment.

Quelques gardes qu'il avait esquivé en marchant (et un autre qu'il avait réussi sans peine à enfermer dans un placard), des agents de sécurité suffisamment éteints pour ne même pas le remarquer dans les couloirs et c'était tout. Probablement que la rencontre entre les Gotham City Bats et les Crenshaw Monarchs accaparait toute l'attention.
Jay, lui, n'avait absolument rien à faire du baseball, et s'il était quelque peu incommodé par le bourdonnement lointain du bruit que faisaient les supporters dans le stade, il était bien content que l'attention générale soit suffisamment dirigée ailleurs que sur lui. Ce n'était pas tous les jours que son boulot était aussi tranquille.

En souriant, il repensa à Cleo.

Il avait refusé avec fermeté qu'elle l'accompagne. Vu la facilité de ce contrat, il lui était bien plus utile de continuer à chercher un emploi que de l'assister dans une tâche pour laquelle il se trouvait déjà bien trop qualifié. Le contrat était assez tranquille comme ça, y rajouter les capacités de Cleo et du Ratcaller aurait été comme de jouer au chamboule tout avec un lance roquettes.
Il espérait simplement qu'elle avait profité de son absence pour enfin trouver du travail.
Perdu dans ses pensées, le métisse ne se rendit même pas compte qu'il venait de réussir à passer le firewall. Il était devant l'ordinateur du propriétaire du stade, et il avait désormais accès à toutes ses données.

"Sérieux ? Une seule ligne de cryptage ? Putain mon gars, j'ai presque de la peine...

Presque.
Le bureau du mec parlait pour lui. Un énorme bloc de marbre blanc, scintillant et nacré comme une perle. Il n'y en avait probablement pas un de pareil à la Maison Blanche. La pièce se devait certes d'être à l'image du prestige du stade, mais il y avait des limites à l'ostentatoire. Jay grimaça en voyant l'écharpe nonchalamment posée sur le siège du bureau. Elle était faite dans un cachemire qui valait très certainement plus que son propre avenir, et il préférait ne pas s'attarder sur la valeur du tableau accroché ostensiblement au dessus du bureau.
Jay n'avait rien contre la fortune, mais il était ainsi fait qu'il ne pourrait sans doute jamais avoir de scrupules à faire perdre de l'argent à des escrocs pétés de thunes.
Mais il avait retenu la leçon.

Pas faire le con une deuxième fois.

Il téléchargea rapidement les fichiers qui l'intéressaient, et les fit envoyer via son smartphone à son client. Et cette fois, pas de backdoor, de message humoristique ou de clé USB. Le strict minimum qu'on lui avait demandé, et c'était tout. Il ne voulait pas d'autres Wound Ravens aux fesses.
Il checka en vitesse l'image projetée par son drone à l'extérieur du stade avant d'envoyer un court message.

Rat des villes et rat déchuKde žijí příběhy. Začni objevovat