Chapitre 21- De surprise en surprise

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Rien de ce que les Beatles ont préparé ne s'est déroulé comme prévu.

Tout semblait pourtant bien parti. Pattie s'est rendue au commissariat accompagnée de George, lequel a choisi de porter une fausse moustache ainsi qu'un long manteau, un chapeau et une paire de lunettes de soleil pour éviter qu'on le reconnaisse. Alors que la jeune femme conduisait sa voiture, elle a demandé à son compagnon:

-Tu es sûr de ce que tu vas faire?

Il a marqué une pause avant de dire:

-Si ça peut nous aider à avancer, je suis prêt à tenter le coup.

En vérité, il redoutait ce qu'il s'apprêtait à faire, mais il refusait de laisser l'incertitude prendre place maintenant qu'il a pris sa décision. Ses amis aussi ont eu un moment de doute. Alors le jeune homme a essayé d'être le plus convaincant possible face au plan qu'il a conçu. Enfin, si on voulait appeler cela un plan...

Mais même avec cela, ils se sont montrés sceptiques.

-C'est trop risqué, a dit Paul. Te dévoiler comme ça face au commissaire... Tu ne crois pas qu'il va faire un scandale?

-Je crois que c'est la seule façon de voir sa réaction, a répondu George. En observant comment il réagira, on saura si oui ou non il a quelque chose à voir dans tout ça.

-Mais comment tu pourras en être sûr?, a demandé Ringo.

-Je vous décrirai sa réaction, j'imagine.

Chapitré ainsi, cela semblait d'une simplicité enfantine. Mais d'un autre côté, que pouvaient-ils faire d'autre? Attendre gentiment que tout se fasse seul? Il en était hors de question. Ce n'était pas dans le tempérament des quatre garçons dans le vent de rester passifs face à une tempête pareille.

D'un autre côté, il y avait le risque d'être attaqué qui demeurait... Mais ces attaques -enfin, l'attaque visant à tuer George- n'a-t-elle pas eu lieu la nuit, alors qu'il n'y avait aucun témoin?

La solution serait de ne se déplacer que dans des rues fréquentées. De ce fait, personne n'oserait les attaquer publiquement.

-Bon eh bien, il nous reste plus qu'à croiser les doigts, a dit John.

Cependant, personne n'était dupe. John a eu beau prendre un air désinvolte, il n'en demeurait pas moins qu'il était tout aussi inquiet que ses amis.

***

Quant au commissaire Ritter, il a cru avoir vécu le plus gros retournement de situation de sa carrière. En vingt ans de profession, il n'a encore jamais assisté à une chose pareille.

Alors qu'il était dans son bureau en train d'examiner pour la énième fois les lettres de Paul McCartney et de Ringo Starr, Pattie Boyd, la fameuse mannequin est entrée avant d'être suivie par un jeune homme qui n'a, visiblement, rien à faire ici. N'était-ce pas seulement Pattie qui devait le voir aujourd'hui?

Avant que le commissaire ne puisse faire une remarque désagréable comme il a l'habitude d'en faire, Pattie a pris la parole:

-Mon camarade aura aussi besoin de témoigner concernant cette affaire. Il a préféré m'accompagner par peur d'être reconnu.

Pendant leur trajet en voiture, la jeune femme a réfléchi à la meilleure façon d'expliquer la présence de ce jeune homme moustachu et couvert de la tête aux pieds. Bien que cette explication paraissait bancale, elle a espéré qu'au moins, le commissaire ne pose pas de question sur ce sujet. Du moins, avant que George ne se soit dévoilé.

De son côté, Ritter n'a pas été très convaincu de ce que Pattie lui a dit. Car tout de même, il est commissaire. Il a exercé ce métier depuis plus de vingt ans, il n'est pas quelqu'un que l'on berne facilement. Et puis, même un gamin de six ans ne se serait pas laissé bassiné aussi facilement. Mais cette mise en scène lui a tout de même permis d'éclaircir quelque peu les doutes qui l'ont assailli quelques jours plus tôt.

We Can Work It Out ᵇᵉᵃᵗˡᵉˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant