Chapitre 14- Remords

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John, Paul, Ringo et Brian Epstein ont écouté l'épopée de George avec une grande attention. Tous ont été suspendus à ses lèvres tant ce que leur jeune ami a raconté leur a semblé... fou. Il n'y a pas d'autres mots.

Lorsqu'il termine son récit, tous gardent le silence. George remarque cependant que ses amis se sont installés de telle façon à ce qu'il soit au milieu d'eux. En effet, si Paul est resté accroupi à ses pieds, sa main tenant fermement son genou, Ringo s'est assis à sa gauche tandis que Brian a pris place à sa droite. Tous deux ont laissé leur main posée sur les bras de leur jeune ami. Quant à John, il s'est contenté de rester derrière eux. Même si George devine que son ami a encore besoin de temps pour s'habituer au fait qu'il soit bien vivant, il parvient toutefois à sentir sa présence juste derrière son dos.

Par une association d'idées, George a l'impression que la position dans laquelle ils se trouvent actuellement reflète les événements à venir. A partir de maintenant, toute l'attention sera sur lui. Aussi bien parmi ses proches que parmi les médias. Si l'idée de pouvoir retrouver et rassurer ses proches lui donne du baume au cœur, pour les médias, il préfère ne pas y penser.

Paul est le premier à reprendre la parole:

-Donc, c'est ce monsieur Cadbury qui t'a reconduit à Londres?

-Oui. J'ai ensuite fait le chemin à pied jusqu'ici. Et pour éviter qu'on me reconnaisse, j'ai fait en sorte que le col roulé de mon pull me cache une partie de mon visage. Mais comme les rues étaient désertes, je crois que c'était plus pratique.

Son ami hoche doucement la tête, faisant de nouveau place au silence. Tous ont besoin de digérer ce que George vient de leur raconter. L'incendie, la tentative de meurtre sur la route, l'agression... Et leur jeune ami qui était perdu au milieu de nulle part... D'un côté, ils éprouvent du soulagement car ils savent que George a été bien traité par la famille Cadbury, mais d'un autre côté, il a vraiment failli y laisser sa peau... Le simple fait d'y penser leur donne des sueurs froides.

Au bout d'un moment, Ringo dit:

-Je suis vraiment désolé, George.

Ce dernier lève un regard étonné vers lui.

-Pourquoi donc?

-De ne pas avoir été là pour toi quand tu en avais besoin.

Le jeune guitariste fronce les sourcils. Quand est-ce que Ringo n'avait pas été là lorsqu'il avait besoin de lui? Sans même poser la question, le batteur devine sa pensée.

-Juste avant que tu ne partes en voiture. J'aurais dû plus t'appeler...

Des larmes commencent à se former dans ses yeux. George pose aussitôt sa main sur l'avant-bras de son ami.

-Eh Ringo, je serais parti de toute manière. J'étais trop remonté pour écouter ou même prévenir qui que ce soit. C'est plutôt à moi de m'excuser de ne pas t'avoir répondu au téléphone. Mais je suis là, maintenant, ajoute-t-il en le fixant droit dans les yeux. D'accord?

Le batteur hoche la tête en s'essuyant les yeux. Paul est à son tour pris de remords. Selon lui, Ringo est celui qui a le moins à se reprocher dans cette histoire. Si Ringo, qui n'a rien à se reprocher, se retrouve à s'excuser de son attitude auprès de George, Paul, quant à lui, se trouve dans un état où il est même dégoûté de lui-même.

Et pourtant, il doit bien le reconnaître, Paul est une personne avec une grande fierté doublée d'un orgueil sans mesure, et s'excuser auprès des autres n'est pas du tout son point fort. Il a toujours été ainsi. Il n'a jamais aimé avoir de compte à rendre à qui que ce soit. Mais il sait pertinemment qu'il doit des excuses à George. Et puis, son ami d'enfance a bien failli ne jamais revenir de son voyage. De ce fait, Paul a bien cru qu'il ne le reverrait jamais, et cette pensée l'a considérablement abattu. Non, George doit savoir à quel point Paul regrette son attitude.

We Can Work It Out ᵇᵉᵃᵗˡᵉˢWhere stories live. Discover now