Chapitre 5- Don't Bother Me

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Depuis ce matin, Pattie Boyd ne cesse de se ronger les sangs.

Lorsque George est parti la nuit, elle n'a pas réussi à fermer l'œil tant elle était inquiète. Et là, elle se trouve actuellement dans le salon, dans l'attente d'un appel téléphonique de la part de son petit ami.

L'horloge affiche onze heures et demie, et George était parti hier dans la soirée. Il aurait dû l'appeler.

Mais il ne l'a pas fait. 

Je n'aurais pas dû le laisser partir.

Elle a alors essayé de contacter ses parents, chez qui il était censé aller. Elle a ensuite appeler ses frères Harry et Peter, qui vivent à quelques kilomètres d'ici. Aucun d'entre eux n'a vu George.

Je n'aurais pas dû le laisser partir.

La jeune femme se souvient parfaitement de ce qui s'est passé hier, quand George est rentré du studio.

Une fois arrivé chez lui, George s'est écroulé sur son canapé en jurant comme un charretier. Le bruit qu'il a fait n'est pas passé inaperçu car Pattie est entrée dans le salon avec un air soucieux.

-George? Pourquoi tu rentres aussi tôt?

Il a murmuré une réponse inintelligible tandis que la jeune femme s'est approchée de lui.

-Il y a un problème avec le groupe?

Ce à quoi il a répondu par un long soupir frustré. Il a ensuite repris la parole:

-Je ne sais plus ce que je dois faire, Pattie. J'ai l'impression que tout m'empêche de respirer. Entre la presse qui met de plus en plus de pression et John qui...

Il a laissé sa phrase en suspend.

-Qui quoi?, a demandé Pattie en s'asseyant près de lui.

-Il ne me fait pas confiance. Je crois qu'il me voit encore comme un gamin incompétent. Et Paul aussi, d'ailleurs. Il n'y a que Ringo qui croit un peu en moi.

C'est alors que le téléphone s'est mis à sonner. Alors que Pattie a décroché, George a bruyamment soupiré, agacé. Comme si c'était le moment! Même les appels téléphoniques ne pouvaient pas le laisser tranquille?

Il a entendu la voix de sa compagne lui dire:

-C'est Ringo. Il veut savoir comment tu vas.

Le jeune homme s'est senti départagé. D'un côté, il avait envie qu'on le laisse tranquille et qu'on lui épargne le besoin de parler longtemps. Mais d'un autre côté, il a pensé que son ami méritait qu'il lui dise de ses nouvelles depuis la brouille, quelques temps plus tôt. Et puis, le batteur aurait très bien pu passer sa soirée à faire autre chose mais au lieu de cela, il a pris la peine de lui téléphoner...

Finalement, c'est sa mauvaise humeur qui a pris le dessus. Il a fait un geste de la main à Pattie pour dire qu'il ne répondrait pas au téléphone.

-Tout de même, George, lui a reproché la jeune femme après avoir raccroché, tu aurais au moins pu lui répondre.

Ce à quoi son conjoint a réagi avec une moue boudeuse. C'était au tour de Pattie de soupirer. Autant George pouvait se montrer raisonnable, autant il pouvait être têtu comme pas deux.

Il s'est tourné alors vers sa compagne avec une idée en tête.

-Je devrais m'absenter un moment, juste le temps de me vider un peu l'esprit.

-Et où comptes-tu aller?, a-t-elle demandé, l'air préoccupée. Avec la presse qui te suit partout...

-J'irai peut-être chez mes parents, l'a-t-il interrompue. Ou chez mon frère Peter. Je partirai ce soir.

Il s'est levé d'un bond en direction de leur chambre tandis que Pattie a secoué la tête. George fait rarement les choses sur un coup de tête et elle avait le pressentiment que ce qu'il s'est apprêté à faire est une mauvaise idée. De là où elle se trouvait, elle parvenait à entendre son compagnon remplir une valise.

-George, je ne crois pas que ce soit une bonne chose!

-Et pourquoi pas?, a-t-il lancé depuis la chambre.

-Tu sais bien que je n'aime pas te voir partir comme ça. Surtout en ce moment avec les fans et la presse...

La jeune femme s'est levée du canapé et s'est introduite dans la chambre. George était en train de ranger ses habits dans la valise de manière méticuleuse. La valise en question se trouvait sur leur lit, sur lequel trônait un gros ours en peluche. Il s'agissait de la dernière trouvaille du musicien, qu'il a gardée en revenant d'une tournée. Bien que Pattie trouvait cette peluche, disons, envahissante, l'air presque enfantin qu'abordait George à chaque fois qu'il posait les yeux dessus lui faisait changer d'avis.

Le jeune homme s'est arrêté à l'instant où il a vu sa compagne près de lui, les bras croisés et l'air soucieux. Il l'a prise doucement dans ses bras.

-Ne t'inquiète pas, ce ne sera que pour quelques jours. Et puis, s'il y a un problème, je te préviendrai.

-Du moment que tu fais attention...

Les deux tourtereaux sont restés ainsi pendant un moment. George aurait bien voulu que Pattie l'accompagne, mais il a bien compris que la jeune femme a elle aussi besoin d'avoir sa propre indépendance et d'être elle-même, et pas uniquement la petite amie de George Harrison.

Le musicien a alors posé le regard sur un journal posé sur la table de nuit et le titre l'interpelle: Un automobiliste meurt incendié dans sa propre voiture.

-Mon Dieu, c'est pas vrai...

-Quoi donc?, a demandé Pattie.

-Ce qui est écrit sur le journal, là...

La jeune femme a deviné à quoi son compagnon faisait allusion et soupire.

-Je sais, c'est ce que je lisais juste avant que tu ne rentres. Le conducteur aurait été victime d'une attaque. Et on dit que ce n'est pas la première fois qu'une telle chose se produit. George, le monde devient de plus en plus fou, donc j'insiste, sois prudent sur la route.

Il lui a levé doucement le menton avec son doigt pour que les yeux bleus de Pattie rencontrent les siens.

-Ma chérie, je ferai attention, je te le promets. Dès que j'arriverai, je t'appellerai. Ce sera la première chose que je ferai.

Quelques heures plus tard, dans la soirée, le jeune Beatle a  pris la route en espérant passer une semaine de tranquillité, loin de tout ce qui l'empêche de respirer. Pattie, quant à elle, est restée dans l'encadrure de la porte d'entrée, les yeux rivés vers l'horizon, là où George est parti.

Et à présent, elle tourne en rond alors que l'anxiété la gagne peu à peu. Que se passe-t-il donc? Pourquoi ne l'appelle-t-il pas? Il lui a pourtant promis qu'il l'appellerait une fois qu'il arriverait!

Lorsqu'elle entend enfin le téléphone sonner, elle le prend sans aucune hésitation:

-Allô?, dit-elle avec espoir.

Il y a un silence qui fait aussitôt ressurgir son angoisse jusqu'à ce qu'elle entende une voix tremblante qu'elle reconnait immédiatement:

-Pattie...

C'est celle de Paul. La jeune femme sent aussitôt la peur prendre possession de son être.

Une mauvaise nouvelle va tomber, elle en a le pressentiment.

Voilà pour aujourd'hui^^
Qu'avez-vous pensé du comportement de George jusque-là? Et pour les plus beatlemaniac d'entre vous, quel est le Beatle que vous préférez?

We Can Work It Out ᵇᵉᵃᵗˡᵉˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant