Chapitre 16- Au commissariat

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Durant l'après-midi donc, Paul, Ringo et John, accompagnés de Brian, de Mal Evans et de Neil Aspinall, se sont rendus au commissariat.

Là, le commissaire Ritter, qui a eu l'air de plus mauvaise humeur que jamais, a posé aux trois Beatles toute une série de questions concernant la dernière fois qu'ils ont vu George Harrison. Il les a ainsi interrogés sur son comportement, s'il a eu une attitude différente de d'habitude, mais également sur les personnes à qui il aurait pu potentiellement faire suffisamment de peine pour vouloir le tuer. Cependant, la contrariété manifeste du commissaire a semblé affecter considérablement l'humeur des trois Beatles. A un moment donné, John a presque failli en venir aux mains mais heureusement, Brian a su le canaliser.

De là où il s'est trouvé durant cette espèce d'interrogatoire, le manager a pu observer l'attitude du commissaire. La veille, lorsqu'il lui a montré les lettres que Pattie lui a donné, George Martin et lui, Brian a trouvé cet homme aussi désagréable qu'il ne l'a été quand il l'a téléphoné. Le visage renfrogné, il n'a pas arrêté de soupirer durant toute la durée de l'entretien. Et pour être honnête, le manager a eu plus d'une fois l'envie de remettre le commissaire à sa place.

De leur côté, Mal Evans et Neil Aspinall ont plus fait attention au comportement des Beatles qu'à celui du commissaire. Bien qu'ils aient eu l'air épuisés à cause de l'agitation dont ils font l'objet depuis quelques jours, les deux road-manager ont remarqué toutefois qu'ils n'ont pas semblé plus affectés que cela. Eux, comme tout l'entourage de George Harrison, ont été profondément dévastés par sa mort qui, apparemment, ressemble à un suicide. Mais ils sont également conscients de la proximité qui unissait les quatre garçons dans le vent, et la peine que les trois autres ont dû sentir devait être inimaginable. Mais face au commissaire, il n'y a aucune tristesse dans leur regard. Seulement de la fatigue et de l'irritation.

Les deux hommes ne le savent pas encore, mais ils sont les seuls dans cette pièce, excepté le commissaire, à ignorer que George est vivant. Brian leur a demandé de les accompagner car il savait qu'une foule de personnes se précipiteraient pour voir les Beatles et leur manager se rendre au commissariat. La présence de deux hommes à la carrure imposante pourrait leur être bénéfique.

Au bout d'un moment, le commissaire Ritter dit:

-Bon eh bien messieurs, je pense qu'on a fini...

-Pas tout à fait, coupe Paul.

L'homme en face de lui le foudroie du regard, mais le bassiste n'en a que faire.

-Ce matin, Ringo et moi avons reçu des lettres de menace, nous aussi.

-Et c'est la première fois que vous en recevez?

-Oui. Et il me semble que je reconnais cette écriture...

-Ah bon!, rétorque Ritter avec un ton mi-incrédule mi-moqueur. Votre présence sera donc bien utile pour faire avancer notre enquête, monsieur McCartney.

-Vous seriez peut-être plus productif si vous arrêtiez de vous croire au-dessus de tout, monsieur, riposte le bassiste avec vivacité.

-Vous semblez en effet avoir beaucoup d'expérience pour quelqu'un qui ne chante que des chansons d'amour à l'eau de rose.

Le commissaire Ritter se tourne ensuite vers John avec un regard peu amène.

-Avez-vous aussi reçu des lettres, monsieur Lennon?

Le musicien soupire bruyamment. Cet homme se montre tellement désagréable envers eux que s'il avait pu, il lui aurait mis une droite sans hésiter.

Au lieu de cela, John soutient son regard avec une expression qui laisse voir qu'il ne se laissera pas faire.

-Eh bien non, monsieur. Je n'ai pas reçu de lettre.

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