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Corentin

Vous saurez gérer... il en a de bonnes, Jacques !

Je ressasse la nouvelle depuis son annonce, mais je n'ai toujours pas trouvé comment nous allons gérer.

Norine ne peut pas faire d'heures supplémentaires, Denise ne sera pas là non plus et si Ninon peut exceptionnellement venir remplacer la patronne, son mari étant infirmier et de garde demain, elle n'a personne pour faire garder sa fille de six ans ; la gamine traînera dans la boulangerie.

J'aime pas les gosses. Au moins, si je couche avec Alasdair un jour, j'ai aucun risque de tomber enceinte.

Je contiens un ricanement et enjambe une congère.

La seule évidence à m'apparaître est la disparition de mon jour de congé lundi. Prévenir Alasdair ne posera pas de problème ; je sais qu'il se montrera compréhensif. Mais Émilie ? Après hier soir, je ne sais pas si elle sera de bonne humeur.

Afin d'oublier la désastreuse soirée chez Leila, je me suis noyé dans le travail, sans oublier de répondre à Norine d'un ton guilleret pour qu'elle ne me tombe pas dessus pour une enquête approfondie de mes états d'âme.

Je n'avais que deux buts en me levant ce matin, éviter les sujets « livreur de pizza » ou « femme » avec mes collègues et envoyer un kumse à Émilie à ma pause pour montrer que je suis malgré tout dans de bonnes dispositions.

Mon but, c'est de la garder pour toujours, pas de la faire fuir à jamais !

Sauf que je me suis retrouvé à angoisser à l'idée que mon patron nous cache quelque chose et j'ai totalement oublié ma meilleure amie.

Parce que Jacques cache quelque chose, c'est certain.

Omar a tenté de lui tirer les vers du nez avant de partir pour son rendez-vous. Mon collègue trouve étrange que notre patron nous abandonne à un moment si crucial de l'année. Il a même balancé à un Jacques hilare : « C'est plus sous une roche qu'elle se cache l'anguille, c'est sous un grain de sable ! Et c'est une baleine ! Y a baleine sous sable ! »

En tout cas, si Baleine il y a, je n'ai pas réussi à apprendre dans quelle mer elle nageait ni ce qu'elle prévoyait. Jacques s'est montré peu loquace jusqu'à mon départ. Quant à sa femme d'ordinaire si bavarde, elle s'est passionnée pour la réorganisation des viennoiseries chaque fois que j'ai essayé de lui parler.

Une image saugrenue me vient en tête à ce souvenir et, une fois n'est pas coutume, je décide de la partager avec mon Omar.

Corentin, 15 h 40:
À ce stade, c'est plus une baleine, mais un dinosaure !

Je n'ai pas le temps de regarder les trois notifications kumqu'app aperçues lors du déverrouillage de l'écran qu'Omar m'a déjà répondu.

Omar, 15 h 40:
Oho ! Il me tarde de tout savoir ! Mais pas par Kumse ! Prépare-toi pour demain, je t'emmène boire un coup après la folie du matin ! (Nono sera pas là mon Coco, ça va être spoooort !)

Je grimace. Lui envoie un rapide « à demain ». Je pensais que nous aurions Norine en renfort au moins quelques heures... mais j'imagine qu'elle en a déjà fait trop. Jacques est très à cheval sur le règlement avec ses apprentis. Durant toute la durée de mon stage, je n'ai jamais travaillé plus que les quotas autorisés.

Alors oui, il peut se montrer bourru ou maladroit. Oui, la salle de pause est minuscule et la douche un calvaire, mais je n'échangerai mon patron avec un autre pour rien au monde.

Des paillettes pour Noël (BxB) (BxG)Where stories live. Discover now