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Samedi 1er décembre.

Corentin

– Machin ?

Je referme la porte du bureau, contrarié. Où est passé ce foutu chat ? J'étais certain de l'avoir enfermé (par mégarde) dans la pièce après être venu chercher le sapin tout à l'heure. Une preuve de son passage gît d'ailleurs sur le parquet : un de mes lacets, mâchouillé.

L'horreur poilue ne dort pas sur notre lit ou dans le dressing. Il n'est pas non plus en train d'uriner dans la douche ni le lavabo.

Il faut absolument que je le retrouve avant le retour d'Émilie. Avant que nous ne commencions le sapin. Encore plus qu'assassiner mes lacets, ce félin aime saccager les guirlandes. Pour l'occasion, nous l'isolons toujours dans notre chambre. Je pourrais me contenter de bloquer la chatière, mais avec ce froid... non. Je ne peux pas le laisser dehors.

Dehors... c'est là qu'il doit se cacher !

J'ouvre la fenêtre du salon en grand et contiens un frisson quand la froidure hivernale s'engouffre dans l'appartement

– Machin ? Croquettes !

Un « mrou » timide monte du fond du jardin. Puis un autre. Et encore un. Mais Sa Majesté Machin Premier ne daigne pas ramener sa truffe.

D'un geste sec, j'allume l'éclairage de la terrasse. Sir Félin ne consent toujours pas à se montrer.

– Saloperie de chat. Me forcer à sortir...

En grommelant, j'enfile la première paire de mitaines qui passe et mon hoodie zippé échoué sur la table avant de sortir sans prendre la peine de le fermer.

– Machin, viens mon chat !

Qu'est-ce qu'il faut pas faire.

– Allez, montre-toi ! Viens au chaud ! J'ai rempli ta gamelle, tenté-je de l'amadouer en claquant des dents.

– Il est là !

Dans un sursaut, je me tourne vers la voix féminine. Sonia, tout sourire, me fait coucou depuis son propre jardin.

– Salut Sonya... Machin est encore passé chez toi ?

– Oui, le petit chenapan !

– Désolé. Faudrait qu'on double la haie avec une clôture. C'est prévu pour... plus tard.

– Oh, non, ça ne me gêne pas ! Enfin, tant qu'il ne pisse pas dans mes fleurs !

– Y a pas de fleurs en hiver.

Elle éclate de rire comme si je venais de lui sortir la blague du siècle.

– Dis, tu me rends mon chat s'il te plaît ?

– Oui, attends deux minutes que je le trouve ! C'est pas évident !

Elle tourne les talons, minaude dans son jardin à la recherche de mon horreur domestique. Elle est sérieuse ? Il est blanc, on ne voit que lui !

– Il est devant ton portillon, lâché-je, blasé et frigorifié.

– Ha, oui ! Sans mes lunettes, je n'y vois pas grand-chose, j'ai une myopie nocturne !

– Ha...

– C'est assez pénible quand je dois conduire pour rentrer de la clinique !

– Je vois...

Ce que je vois, surtout, c'est du mouvement dans l'appartement. Émilie est rentrée. Dans l'encadrement lumineux de la cuisine, sa silhouette se découpe alors qu'elle pose son sac à main sur le bar, puis se penche pour fouiller dans les sacs. Elle se fige soudain, semble chercher quelque chose. Je comprends que c'est moi quand son regard accroche le mien.

Des paillettes pour Noël (BxB) (BxG)Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora