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Corentin

— Corentin, wait !

Je me fige sur le pas de la porte, me mords la lèvre et baisse le regard pour croiser celui d'Alasdair. S'il veut encore un « dernier kiss », je ne réponds plus de rien !

Voilà trois fois qu'il me retient pour poser ses lèvres sur les miennes. Trois fois qu'un simple baiser d'au revoir se transforme en échange torride. Trois fois que l'un ou l'autre finit plaqué contre un mur. Trois fois que nous nous séparons, haletant, les yeux brillants d'un désir auquel nous ne pouvons pas laisser libre cours.

Alasdair me surprend toutefois en levant l'index avant de détaler vers ce que j'estime être sa chambre, mais qui pourrait tout aussi bien être n'importe quelle pièce puisque je n'ai pas visité l'appartement.

Je m'appuie contre le chambranle pour reprendre mon souffle et remettre de l'ordre dans mes habits ; mon écossais est en train de développer la fâcheuse (mais pas désagréable !) manie de glisser ses mains sous mon pull pendant qu'il m'embrasse.

Quand Al revient, un sachet à la main, il arbore un air timide. Pas du tout d'humeur à reprendre ma bouche.

Pas que ça m'aurait gêné, mais à chaque minute qui passe, je suis un peu plus en retard. Et Émilie déteste quand je suis à la bourre. Elle fulmine, tape du pied et râle, le nez baissé sur les tartans qu'elle aligne.

Avant, elle s'inventait des histoires abracadabrantes pour expliquer mes retards. Elle me confectionnait même des bracelets le temps que j'arrive. Un par minute. Et je devais les porter jusqu'à leur destruction ! Comme ils étaient en pâquerettes ou en papier, ça arrivait assez vite.

— Corentin...

Je baisse les yeux vers mon amant qui danse d'un pied sur l'autre.

— I wanted... je voulais te donner ça plus tard, but, je think le moment est le bon !

D'un geste brusque et peu sûr, Alasdair me tend le paquet. Je crois reconnaître celui qu'il avait au marché de Noël lundi, quand nous nous sommes promenés ensemble et je m'en empare avec hâte. Faisant fi de toute politesse, j'y plonge la main à l'intérieur, rongé par la curiosité.

La pulpe de mes doigts effleure à peine la surface douce que je sais de quoi il s'agit. Les larmes me montent aux yeux, l'émotion me serre la gorge, me laisse incapable de parler. Je baisse le regard sur Alasdair dont l'anxiété déforme la bouche en rictus.

Et moi, je ne bouge pas, le ventre noué par l'émotion, la main toujours dans le sac.

— C'est trop tôt, right ? déplore-t-il d'un ton malheureux.

— Non, pas du tout ! C'est juste que... même Em ne me suis pas dans mes délires mitainesques...

Dire qu'elle ne le fait plus s'approcherait davantage de la vérité.

— So... ça te fait happy ?

— T'as pas idée !

Son visage s'illumine.

— Look at them ! Regarde-les !

J'obéis. Écarquille les yeux.

— Les mitaines écossaises que je voulais ! Mais quand...

— J'ai pris en même temps le bonnet...

Il se détourne le temps d'attraper le fameux bonnet au tartan bleu et blanc sur son portemanteau.

— Tu veux ? Il va mieux avec les tontaines que le bonnet tu as now.

Il a raison. Celui qu'il m'a donné le premier soir, alors qu'Émilie venait de me balancer son envie de divorce, s'accordait à la perfection à ma paire de mitaines désormais hors service. Mais avec celle que j'ai en main, celle que j'enfile presque par réflexe, le bonnet détonne.

Des paillettes pour Noël (BxB) (BxG)Where stories live. Discover now