La Lumière d'Hallmar - Tome I

Chapitre 11-2

Ellie

Nous marchions depuis des heures. Le soleil était haut dans le ciel et notre troupe était bien silencieuse. Seuls les grincements du chariot se faisaient entendre.

Quelques heures plus tôt, notre petit groupe s'était divisé en deux. Quelques chasseurs du village étaient partis à la recherche des fuyards vers l'Ouest tandis que nous étions partis vers le Nord.

La végétation devenait de plus en plus dense et le chemin de plus en plus sombre au fur et à mesure que nous pénétrions dans la forêt noire au pied de la chaîne montagneuse d'Isrül.

Le climat était devenu froid et nous ne tarderions pas à rencontrer les neiges éternelles qui entouraient la cité d'Alba.

La vieille prêtresse m'avait offert un manteau de fourrure de loup des montagnes. Au départ j'avais failli refuser par compassion pour les congénères de Lupo mais elle avait réussi à me convaincre de son utilité. Elle avait eu raison car malgré cette épaisse fourrure grise, je sentais le froid s'insinuer jusqu'à mes os.

Depuis le départ de l'expédition, Erik semblait m'éviter. Tantôt à l'arrière en pleine discussion avec le fils du chef, tantôt à l'avant avec Einar pour échanger des messes basses. Kara et moi montions chacune d'un côté du chariot pour surveiller les prisonniers, Lupo à mes côtés.

Parfois il disparaissait quelques heures puis déboulait en courant dans les pattes de ma jument un lapin dans la gueule. Après quelques jours Azalee avait fini par s'habituer à la présence du carnassier et elle ne réagissait plus à ses apparitions soudaines.

Depuis la veille, les prisonniers semblaient être dans un état second. La cruauté avait déserté leurs yeux maintenant vides. Envahis par le désespoir et la torpeur, leurs regards étaient comme morts. Après-tout leur chef s'était enfui sans les libérer et ils avançaient vers leur jugement et une mort certaine ! Pourtant je remarquais que celui qui devait être leur capitaine, me regardait fixement, un sourire aux lèvres.

Bien plus jeune que les autres soldats, il avait cependant l'aura particulière des personnes rompues au commandement. Son regard était intelligent et calculateur et contrairement aux autres il gardait la tête haute. Voyant que je l'observais il me sourit.

ㅡ Vous me semblez bien souriant pour un homme qui s'apprête à être jugé et pendu dans les prochaines heures, dis-je sèchement.

ㅡ Oh mais c'est parce que je me réjouis de mourir en homme libre ma Dame ! dit-il en me souriant de plus belle.

ㅡ Pourtant ce sont bien des chaines que je vois à vos pieds.

ㅡ Effectivement ! dit-il en regardant ses chaînes. Mon corps est enchaîné mais pourtant je n'ai jamais été aussi libre.

C'était incompréhensible ! Cet homme était entravé et voué à une mort violente et pourtant il souriait comme s'il vivait les plus beaux instants de son existence. Décidément ces gens du royaume étaient vraiment étranges.

ㅡ Pourquoi prétends-tu être libre ? Ton chef s'est volatilisé en vous abandonnant lâchement à votre sort et pourtant tu sembles aux anges ! dis-je agacée.

ㅡ Vous rencontrer, était le meilleur chose qui aurait pu m'arriver ! Une fois son disciple disparu j'ai senti son influence s'effacer et votre présence m'a redonné espoir... dit-il avec en souriant légèrement.

ㅡ Je ne comprends pas ! Arrêtez de parler par énigme, vous commencez à m'énerver !

ㅡ Je n'ai pas toujours été soldat vous savez. J'étais orphelin et très vite j'ai dû apprendre à voler pour survivre. J'étais même plutôt bon pour ça !