La Lumière d'Hallmar - Tome I

Chapitre 9-2

Erik

La nuit avait laissé place au jour et la matinée était déjà bien avancée quand Ellie repris connaissance. Je l'avais veillé toute la nuit, déposant un linge froid sur son front brûlant à intervalle régulier. Après-tout je lui devais bien cela. Elle venait de me sauver la vie ! En plus de tout l'amour que je lui portais j'avais maintenant une dette de sang envers elle.

— Erik... murmura-t-elle faiblement en me cherchant des yeux.

— Je suis là, tout va bien, dis-je en lui prenant la main.

— Je suis désolée, j'aurais dû tuer l'homme quand j'en avais la possibilité. A cause de ma sensibilité mal placée je nous ai tous mis en danger. Ma lâcheté a failli te coûter la vie, dit-elle les larmes aux yeux.

Comprenant qu'elle parlait de l'homme que j'avais poignardé pour la sauver je dis :

— Ellie ce n'est pas de la lâcheté. Tu es la personne la plus pure que je connaisse. Pour toi chaque vie a son importance. C'est ce qui fait de toi une femme merveilleuse. C'est ta force...

— Et ma faiblesse, termina-t-elle à ma place.

— Ce n'est pas une faiblesse. N'oublie jamais que c'est cette bonté et cette force de caractère qui pousseront les gens à te suivre. Pas tes pouvoirs et encore moins la force brute, dis-je en lui caressant les cheveux encore humides de se fièvre récente. Aujourd'hui, je te dois la vie et je t'en serais éternellement reconnaissant.

— Tu m'as sauvé la vie à de nombreuse reprise, c'est normal que je te renvoie la pareille, dit-elle en me souriant.

Je m'apprêtais à reprendre la parole pour lui dire que c'était mon rôle de protecteur de veiller sur elle quand elle me prit de vitesse :

— Je ne pourrais pas continuer à vivre dans un monde sans toi, dit-elle les yeux pleins d'émotions indéchiffrables. Quand j'ai compris que tu n'avais aucune chance de t'en tirer je n'ai pas pu me contrôler. J'ai senti la rage et la peur m'envahir rendant mon pouvoir plus violent et plus tangible que jamais. A cet instant je ne contrôlais plus rien... Je ne voulais pas me contrôler, j'étais grisée par le pouvoir ! Je n'avais qu'une idée en tête... détruire cet homme qui voulait t'enlever à moi... peu importe les dégâts collatéraux, murmura-t-elle en baissant les yeux.

— Je comprends.

— Non tu ne comprends pas... j'ai aimé tuer cet homme, s'écria-t-elle en laissant les larmes couler.

— Cet homme était prêt à violer des jeunes filles et s'apprêtait à tuer ton frère. C'est normal que tu aies voulu le tuer, dis-je pour la rassurer. La satisfaction que tu as ressentie est tout à fait normal. La libération d'autant de pouvoir à un effet grisant surtout pour une novice comme toi. Ce que tu as fait hier soir est un exploit. Malgré ta rage tu as su chevaucher la vague de pouvoir et la canaliser pour atteindre uniquement cet homme. Peu de mages auraient réussi à rassembler autant d'énergie et encore moins auraient réussi à en ressortir indemne et sans détruire tout autour de lui qui plus est.

— J'aurais pu tous vous tuer...

— Oui mais tu ne l'as pas fait ! Et grâce à toi ces hommes vont pouvoir être jugés pour leurs crimes et ces jeunes filles sont saines et sauves.

Je lui expliquais alors ce qui s'était passé depuis sa perte de connaissance. Pendant ce temps-là elle s'assit dans le lit et mangea quelques fruits pour reprendre des forces en m'écoutant attentivement.

Elle fût soulagée d'apprendre que les jeunes filles n'avaient pas été violées. Heureusement pour elles, les hommes avaient voulu d'abord se nourrir et se divertir avant de passer aux réjouissances. Ils les avaient forcés à se mettre en petite tenue pour leur servir à manger puis à danser pour eux durant le repas. Nous étions arrivés juste à temps car bien nourris, ils étaient en train de se disputer pour savoir comment se répartir les filles.

Ensuite, elle voulut connaître l'étendue des pertes dans les deux camps. Je lui expliquais que deux villageois étaient morts et quatre grièvement blessés. L'une des filles avaient également eu le bras cassé en se débattant. Du côté de nos assaillants il y avait quatre morts et quatorze prisonniers.

Au cours de la bataille un homme des royaumes richement vêtu avait réussi à se faufiler hors de la ville. Par chance, Einar l'avait vu et avait laissé les garçons se débrouiller seuls pour aller l'intercepter.

En fouillant l'homme il avait trouvé des cartes topographiques détaillées des steppes arides et des forêts du Nord.

Au départ, les villageois avaient voulu exécuter les soldats mais Einar et moi avions réussi à les convaincre qu'il était essentiel que ces étrangers soient livrés à la milice de la cité d'Alba, cité du Nord pour y être jugés et interrogés. Nous pensions que le sorcier noir s'apprêtait à envahir les cités libres et toute information serait la bienvenue.

Il était probable que la libération d'autant de pouvoir ait alerté le sorcier noir et ses hommes mais de toutes façons nous venions d'éliminer la seule escouade de la zone et les cavaliers noirs était probablement en train de nous attendre à Alba. Les villageois avaient proposé de nous accompagner pour nous prêter main forte en cas d'attaque et pour escorter les prisonniers. Arrivé à Alba nous bénéficierons de la protection de la garde.

Maintenant le village était en ébullition. Les préparatifs du voyage avaient commencé et les villageois avaient tenu à faire une fête en notre honneur après la cérémonie des morts. Ellie ayant encore besoin de repos nous avions donc accepté.

Einar était parti avec les garçons pour aller récupérer nos affaires et les chevaux, pendant que Kara aidait à soigner les blessés.

— Repose toi Ellie, il reste quelques heures avant le déjeuner et tu as brûlé beaucoup d'énergie durant l'attaque d'hier soir, dis-je en la poussant à se rallonger.

— Tu n'as pas l'air en meilleur état, dit-elle avec un sourire taquin. Ce lit est immense, tu devrais te reposer également.

— Décidément jeune fille vous faites tout pour m'attirer dans votre lit, dis-je en lui faisant un clin d'œil.

Elle se mit à rougir puis me rabroua en riant avant de s'écarter pour me laisser une petite place.

Après le combat, je l'avais veillée toute la nuit, épuisé, je m'endormis donc quasiment instantanément.