La Lumière d'Hallmar - Tome I

Chapitre 10-2

— Je ne crois pas que ce soit une bonne idée... Nous sommes en quelques sortes des compagnons d'armes ! Rien ne devrait nous distraire de notre quête.

— D'après notre guide spirituel, votre quête est primordiale pour l'avenir du monde. Je comprends que c'est un lourd fardeau à porter, dit-il d'un air solennel avant de reprendre plus gaiement. Mais vous êtes jeunes et ce soir nous célébrons la vie. Profitez de ces instants de bonheur tant qu'il en est encore temps. En tout cas, je compte bien en profiter, dit-il en me faisant un clin d'œil avant de s'éloigner.

Il se dirigea derrière un groupe de femmes et en saisit une par la taille avant de l'embrasser tendrement dans le cou. Celle-ci se débattit en riant avant de lui faire face et de déposer un baiser sur ses lèvres. Il se mirent à danser, les yeux dans les yeux comme-si le monde n'existait plus autour d'eux. Ils dansaient enlacés, comme-si le temps n'avait jamais eu d'emprise sur leur amour.

J'avais toujours admiré et envié les couples qui malgré les années et les difficultés, réussissaient à rester unis et à maintenir la flamme de l'amour.

Ils avaient vécu une longue et belle vie bien remplie. Assez longue pour faire grandir trois enfants et avoir six petits-enfants. Pourtant leur cœur semblait garder une éternelle jeunesse.

J'aurais tout donner pour avoir une relation et une vie comme la leur. Hélas, je savais que je n'aurais jamais ni l'un ni l'autre !

Ma vie était vouée à la guerre et aux serments ancestraux. Et si par chance j'arrivais à survivre aux prochaines années, j'étais destiné à vieillir seul, en regardant la femme que j'aime construire une famille avec un autre.

J'étais encore en train de les observer quand Ula et Oba m'abordèrent, me sortant de mes sombres pensées.

Très vite je compris qu'elles avaient jeté leur dévolu sur moi. Bien déterminées à me séduire, elles se disputaient mon attention. Tandis que l'une s'accrochait à mon bras, l'autre profitait du bruit ambiant pour se coller à moi en me parlant à l'oreille.

Elles avaient l'air d'avoir l'habitude de plaire au sexe opposé. J'avais peur de les blesser en repoussant leurs avances.

Depuis mon aventure avec Agathe, j'avais réussi à garder les autres filles de la vallée à l'écart. Au départ, je les avais repoussées facilement en invoquant le chagrin d'amour. Puis après un certain temps cela n'avait plus fonctionné alors j'avais commencé à les repousser avec moins de tact. Après en avoir éconduit plusieurs, elles avaient commencé à se désintéresser et j'étais devenu invisible à leurs yeux.

Cette fois je ne pouvais pas utiliser cette stratégie. Après tout, Ula était la petite fille du chef. J'étais en train de chercher désespérément un moyen de sortir de cette situation sans provoquer un incident diplomatique quand je croisai le regard d'Ellie.

Comme toujours, je crois qu'elle avait réussi à lire en moi et qu'elle avait compris mon dilemme. En la voyant s'approcher je sentis le soulagement m'envahir.

Pourtant, rien n'aurait pu plus me surprendre que les quelques mots qu'elle prononça ensuite.

Danser ! Elle voulait danser avec moi !

Sans réfléchir, je me laissais guider par Ellie jusqu'au centre de la place. Sans oser la regarder dans les yeux, je lui chuchotai un remerciement à l'oreille. Je savais que cela avait dû être compliqué pour elle de proposer cette danse. Par le passé, elle avait été suffisamment clair sur le fait qu'elle ne voulait plus de moi comme cavalier.

Sans le regard insistant des deux jeunes femmes, je l'aurais probablement libérée. Finalement, je décidais de jouer le jeu jusqu'au bout et d'accepter réellement cette danse. Avec un peu de maladresse, je posais ma main sur sa taille et saisis sa main avec l'autre avant de la faire valser au rythme des violons.