chapitre 88

44 4 13
                                    

La nuit se passe tranquillement. Juste un rêve, enfin plutôt un cauchemar... Mais heureusement, mon agitation n'a pas réveillé Christian.

Dans l'après midi, n'étant pas en état de skier, nous sommes descendus à une brasserie à dix minutes à pied. Je choisie une place en terrasse. Elle est semie couverte et les rayons du soleil juste sur notre table. C'est tellement agréable. Je me sens bien ici. Mon chéri a le sourire aux lèvres et finalement, je commence à penser que ce repos va m'aider à me ressourcer.

La serveuse vient prendre notre commande.

"Vous avez choisi ?" Demande t'elle.

"Oui, un café plaisir s'il vous plaît."

"C'est quoi ça ?"

"C'est un café avec des petits gâteaux"

Je fais mine de réfléchir.

"Hum... Ah alors non pour moi ça sera une une crêpe Nutella chantilly, un brownies tout chocolat car j'aime pas trop les noisettes, et un milkshake chocolat."

"Et bah tu as une faim de loup" dit Chris en ricanant.

"Ah pour bouffer des cochonneries! Ça Ouiiiiiii" dis je amusé.

Le reste de la journée se passe merveilleusement bien. Tout serait parfait si par moment, sans crier gare, un mouvement de panique ne prenait pas possession de mon être.

Christian doit le remarquer car dans ces instants là, il cherche à me rassurer en posant sa main sur mon bras ou en me collant à lui ou en me racontant une blague ou une anecdote. Et cela m'apaise.

Je suis également content d'en apprendre plus sur lui. Il venait avec ses parents ici. Ils lui manquent terriblement j'ai l'impression. Malgré tout il a une telle force en lui. Et je pense qu'il a une bonne influence sur moi. Je dois bien reconnaître qu'il est le seul auquel je me soumet. Même si je joue les rebel.  J'ai un profond respect pour lui. Je l'admire. J'aimerais avoir son courage. Je crois qu'il m'a dompter. Je ne lui avouerai jamais mais je sais qu'il est mon idéal. Il est celui que je pourrais suivre au bout du monde, les yeux fermés.

Mais il y a une ombre au tableau...

Comment je vais passer outre mon agression, ce sentiment de dégoût qui me retourne les entrailles dès qu'il me caline un peu trop. Combien de temps cela va prendre avant que je ne sois plus pris par cette envie irrépressible de m'enfuir ou de vomir.

Toutes les nuits je me réveille. Mes cauchemars sont plus ou moins violents. La plupart du temps, il se réveille en sursaut. Je peine à trouver une excuse valable. Et puis j'ai de plus en plus de mal à lui mentir. Enfin, en vérité, je ne mens pas volontairement. Cela ne veut juste pas sortir. Pourtant il le faut. J'ai l'impression de sombrer dans la folie. Pas la folie telle qu'on la voit libératrice car le fou n'a pas conscience de sa folie.  Non une folie sournoise qui m'aspire dans des profondeurs. Un trou béant où elle se nourri de mes peurs, de mes souffrances, de mes angoisses. Je suis terrifié à l'idée de ne plus voir la sortie du tunnel. Ma seule lueur c'est lui. Je m'accroche à lui de toutes mes forces.

Pdv Christian.

Je me réveille, il n'est plus là....

J'attends cinq minutes pensant qu'il est au toilette ou autre. En vain....

Je me lève. Je l'appelle mais je n'ai aucune réponse. Toutes les lumières sont éteintes sauf la salle de bain.

Je l'appelle derrière la porte qui est fermée mais toujours rien.

J'ouvre. J'entre.

Je le découvre au sol. Je m'approche en lui parlant.

"Fabrice? Bébé ? Ça va?"

Il est figé assis , recroquevillé sur lui même.

Je m'acroupi en face de lui.

"Mon coeur... Qu'est ce qu'il y a? Lèves toi? Tu vas avoir froid."

Il est sans réaction. Comme pétrifié.

Je lui prend le visage dans mes paumes de mains. Ses yeux sont rouges, signe qu'il a pleuré. Ses joues sont sèches. Il est dans un état second. Son regard est inexpressif, vide d'émotions. Il est hagard.

"Allez! Fabrice. Debout! " Dis je énergiquement.

Je le cramponne par le dessous ses bras. Il se laisse faire. Il se redresse avec mon aide.

Au fur et à mesure que je le ramène dans la chambre, je le sens vaciller.

Je le dépose sur le lit. Il s'est assis. J'essaie de le coucher pour le prendre dans les bras mais il est aussi rigide qu'une statue de pierre.

Je m'asseoie à côté et pause ma main dans son dos en le caressant doucement.

Il se recule. Plis ses jambes, pose son front sur ses genoux, ses mains et ses doigts croisés sur sa tête. Il se met à sangloter. J'ai l'impression d'être en face d'un enfant. Je me sens impuissant face à sa douleur. C'est une déchirure de le voir ainsi sans arriver à l'aider.

"Fabrice... Parles moi..."

Au bout de la quatrième ou cinquième fois que je lui demande de parler, un son quasi inaudible sort de sa bouche.

"J.... J.... J'ai... J'ai.... rien pu faire"

"Dis moi"

Il a pas changer de position, ni relever la tête. Je pense que soutenir mon regard est trop difficile.

"Ils étaient cinq... J'ai rien pu faire...
J'ai essayé de me défendre.... Mais j'ai pas pu...."

Je le laisse parler sans l'interrompre. Il vaut mieux le laisser sur sa lancée.

"Ils m'ont frappé, ils... ils... m'ont forcé.... Je sais pas pendant combien de temps.... J'ai cru que ça finirait jamais... J'ai cru qu'ils allaient me tuer.... A un moment j'en avais tellement marre... Que je voulais mourir... Pour que tout s'arrête... "

Il relève la tête et me regarde. Son visage est défait. Il est meurtri au plus profond de son âme. Je sens dans son regard une détresse incommensurable.

"Je suis désolé... De te le dire que maintenant...."

Il se jette dans mes bras. Il me sert si fort qu'il m'en fait presque mal. Mais j'ai l'impression que je suis comme une bouée de sauvetage au milieu d'une tempête. Sa tempête...

"C'est rien... Je comprends. C'était trop dur"

"J'en peux plus... Tu sais... Je craque.... Ça m'a englouti... Il y a des moments où ça va puis en une fraction de seconde ça me prend à la gorge comme un étau qui me broie. Je t'en supplie aides moi! Me laisses pas! Me laisses pas seul! Ça va pas! J'y arrive pas..."

Je le pousse doucement mais fermement pour croiser son regard.

"Je suis là. Tu peux te reposer sur moi. Je te laisserai pas. JAMAIS. Ni maintenant ni demain ni jamais. Je t'aime Fabrice. Tu es ma vie à présent. Tu comprends. Tu es celui qui compte le plus dans mon existence. Alors accroches toi à moi. Je suis là. D'accord ?."

"D'accord"

Je me couche en l'embarquant dans mes bras contre mon torse

Je lui donne un mouchoir qu'il jette au sol après l'avoir utiliser.

Au bout de je ne saurais dire combien de minutes, il se rendormi et je fis de même.

Protège-moi de mes désirs ! Tome 1 TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant