Chapitre 22

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Chapitre 22

**********Mintou

- Il m'a tout simplement demandé de l'aide, il m'a supplié de venir, car il n'avait personne à qui parler. Je sais que ce que j'ai fais est insensé mais je n'avais pas l'esprit tranquille tant que je ne l'avais pas aidé.

- Et tu as réussis ?

- Réussis quoi ?

- A le délivrer ???

- ....

Je ne savais pas quoi répondre. En fait, Je ne pouvais pas savoir s'il était contrarié ou pas, mais il se leva, et se dirigea dans la salle de bain. Il n'y dura pas, et quand il sortit, je fis de même pour fuir la discussion. Me nettoyer d'abord me permettra peut-être de savoir quoi lui dire vraiment.

Mais quand je sortis, il était là, assis à la même place mais habillé cette fois ci.

- Mintou tu sais que tu as outrepassé mes directives pour aller le voir ? j'espère que ce n'est pas la peine que je te dise de ne plus répondre à ses appels.

- Ok ne t'inquiète pas ;

Après ma réponse, il était parti. Au salon... il n'était pas fâché encore une fois, mais quelque chose dans sa voix me montrait qu'il y avait des choses à ne pas faire, surtout derrière son dos.

J'avais eu soudain froid dans le dos. Kamal avait été mon meilleur ami pendant des années, mais aujourd'hui, je venais de découvrir quelqu'un d'autre. Un autre homme, différent de celui que j'ai connu. En fait c'est aujourd'hui que je venais de découvrir le mari qu'il était.

Mais comme j'étais plus têtue qu'une mule, les jours qui avaient suivis, j'ai continué à voir Jamil en secret. Il devenait de plus en plus apaisé, serein, et parvenait à faire des projections sur l'avenir. J'étais heureuse pour lui, même si c'était insolite. Etais je normale ? je n'en savais rien.

Parfois, il m'arrivait de penser à tout le mal qu'il m'avait fait dans le passé, mais après je me ressaisissait et voyais à quel point Dieu le punissait. Il pouvait aller mieux, rêver de grand, et surtout quitter cette vie de débauche, n'empêche il avait toujours ce poids sur la conscience.

Je le voyais donc alors que Kamal n'en savait rien. Il était dangereux quand il se mettait en colère et je l'évitais du mieux que je pouvais.

On vivait ainsi un mariage des plus heureux. Je n'avais jamais imaginé que j'aurai une vie remplie d'un tel bonheur. Il était-là, il était présent, et c'était tout ce que je demandais.

Quant à sa mère, elle venait de temps en temps nous rendre visite et à chaque fois, c'étaient des moments de pur bonheur.

J'avais donc repris le boulot quelques jours après. J'étais maintenant dans le département de Fatou. Rire mon mari à tenu à ce qu'on m'y affecte car disait-il, il ne pourra pas bien travailler s'il savait que j'étais si près de lui. Ainsi donc, on ne se voyais que les matins et les heures de descente. Même à la pause je ne le voyais pas.

Et oui, je découvrais un autre Kamal encore une fois. Toujours sérieux, toujours entrain de travailler, mais le plus important c'est qu'il était toujours respecté de tous...

On évoluait tous les deux, professionnellement. J'arrivais à postuler pour des postes supérieurs au bureau et j'avais mes chances. Kamal aussi voyais sa carrière aller de l'avant et c'était tout ce qu'on désirait... il avait même acheté une voiture ce qui permettra à nos déplacements d'être plus faciles.

Un an s'était écoulé depuis mon mariage et tout allait pour le mieux du monde. Je ne tombais toujours pas enceinte, même si c'était ce que je désirais le plus au monde. Mais en dehors de ça, mon mari occupait tout mon temps et tout mon espace. Que demander de plus?

**********Jamil

C'est l'appel à la prière du matin qui m'avait réveillé. Comme chaque matin, je n'ai pas besoin de mon réveil pour me lever. En effet, j'ai quitté la maison de Selim il y a plus de 9 mois et j'ai loué une chambre dans un endroit un peu reculé à Yoff. Je m'y sentais bien et je pouvais travailler en free-lance sans être dérangé.

J'ai fait en sorte d'avoir un espace tout près d'une mosquée et j'avais réussis... je voulais cette paix que m'avais insufflé mame Mbacké.

Je souris encore ne pensant à mon mini séjour chez elle ; Qui eut cru que la grand-mère de Kamal allait être mon sauveur ? personne ! en fait, elle était le sauveur de bien des gens. En réalité, mame Mbacké était la figure maternelle que tout être rêvait. Des gens venaient de partout pour trouver refuge dans sa cours. Des gens perdus, égaré comme moi.

Quand Mintou lui avait parlé de moi, et qu'elle me donna le feu vert pour l'appeler, j'eus la surprise de ma vie en entendant cette voix si chaleureuse me demander de venir la voir, alors qu'elle ne me connaissait pas. Et le plus surprenant était sa réaction quand elle avait su ce que j'avais fais de ma vie...

« Mon enfant, tout le monde fait des erreurs, l'essentiel c'est de les reconnaitre, de les assumer et d'en porter l'entière responsabilité. C'est le seul moyen de se faire pardonner »

Rire je n'avais pas compris comment une personne pouvais être si accueillante et si apaisante. Mintou m'avait demandé d'attendre que maman Salma vienne à dakar pour que je puisse y aller sans être vu. Même si elle ne me connaissait pas vraiment, je n'avais vraiment pas envie de causer des problèmes à Mintou...

J'avais passé plus d'une semaine dans cette maison. Je ne pouvais pas diriger la prière, car disait-elle, je n'étais pas encore pur, et donc, un autre le faisait. Il me parlait de son refuge, de son besoin d'aider les gens dans le besoin, et je m'y sentais en paix.

Aujourd'hui, j'avais décidé de partir de nouveau la voir après la prière du matin pour y arriver avant 10h.

J'avais réussi à tisser un lien avec elle et je me sentais comme chez moi quand j'y allais. Elle m'appelait chéri coco, rire, disant que je suis son mari et moi je l'appelai ma femme. C'était une délivrance que d'être avec elle.

Je n'ai plus de nouvelle de ma propre famille. Ma mère ne veut plus entendre parler de moi, et mon père est dans le coma. Je donnerai tout pour le voir mais... maman ne voulait pas. Ma sœur quant à elle, était influencée par ma mère, qu'est-ce que j'y pouvais ? rien. 

Le trajet jusqu'à sindhia se passa très bien. J'avais pris juste quelques affaires et je voulais profiter du voyage de la mère de Kamal pour y passer quelques jours ; Mame Mbacké avait tenu à ce que j'assiste à la prière annuelle des mourides vu que j'avais acquis quelques notions en khassidas (chants religieux de la confrérie mouride, Sénégal) j'avais pris tout le nécessaire et j'avais amassé une petite somme pour l'aider un peu dans les préparatifs.

Seulement, en entrant dans la maison, j'étais loin de me douter de la personne que j'y verrai, ou du moins des personnes que j'y trouverai. En effet, comme Kamal et Mintou n'étaient pas sensés venir cette fois ci, à cause de leur boulot, selon mame Mbacké, j'étais entré dans la maison sans pression.

C'est Mintou qui me vit la première. On avait arrêté de se voir et quand elle me vit, habillé d'une djellaba mouride tout blanc, mon chapelet à la main, elle écarquilla les yeux. C'est la que Kamal se tourna brusquement, mais ne semblait pas me reconnaitre. Seulement, quelques secondes plus tard, il se leva brusquement et cria : QU EST-CE QUE TU FAIS LA ????

Mame Mbacké : Kamal Elimane Barro, qu'est ce qu'il t'arrive ?? assied toi.

Il était en colère et je me sentais mal soudain. Il vouait un respect énorme à sa grand-mère et ça se voyait, mais je le voyais également avoir des difficultés à se contrôler... il se tourna vers Mintou : c'est toi hein???? Tu es derrière tout ça ?

- Kamal.... Je...

- Lève-toi.

- Assieds-toi je t'explique

- LEVE TOI MINTOU FAYE....

Elle n'avait pas le choix, elle se leva et le suivi. C'est ainsi qu'Il partait. Et moi je venais de semer le désordre dans la vie de Mintou. En sera-t-il toujours ainsi ? arriverais-je un jour à ne pas susciter ce dégout chez les gens qui connaissent mon passé ? me demandais je, en sentant soudain le regard compatissant de mame Mbacké.

A suivre.

Union empoisonnée Where stories live. Discover now