le miraculé

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En 2006 je travaillais sur une plantation d'anarcade pas loin de Sunyani au centre-ouest du Ghana. Un gros gombo comme on dit. Le campement était isolé de la capitale de la région du Brong Ahafo*¹ et à cette époque la zone n'était pas encore couverte par le réseau de téléphonie mobile. Le seul moyen de communication dont nous disposions était un système d'émetteurs radio sur la bande CB*². Coupé du monde, en cas d'urgence médicale, nous ne pouvions compter que sur le disponible à la petite infirmerie de la plantation. Et d'urgence, il en fut bien question cette nuit ou dans mon lit je me suis fait mordre par un serpent.

Les crochets dans ma chair.

Il était environ 20h quand l'accident arriva. À peine ai-je eu le temps de m'introduire sous les draps ( on se couche tôt dans ces endroits n'ayant rien à faire ), que je sens comme une violente décharge électrique sur la plante du pied. Ayant entendu plusieurs témoignages sur les effets d'une morsure de serpent, je comprends immédiatement ce qui vient de m'arriver. Au départ j'essaie de me rassurer en pensant plutôt à un scorpion. Je saute du lit, allume la lumière et je m'aperçois que je saigne très légèrement depuis deux petits points. Je le sais, ce sont les signes d'une morsure de serpent. J'entre dans un état de panique et d'instabilité émotionnelle, mais je demeure assez lucide pour appeler à l'aide. L'infirmier me fait un puissant garrot au dessous du genoux et très vite on m'injecte un sérum antivenimeux. Il faut malgré tout rejoindre la ville située à une heure de piste. Une heure, c'est beaucoup trop et je le sais ayant par le passé vu des gens se faire mordre par des serpent et perdre connaissance au bout de quelques minutes. Dans mon cas j'ai reçu très vite l'anti venin mais l'hospitalisation est malgré tout nécessaire et donc on prend la route.

Les effets de la morsure.

Je ne ressentais aucune douleur à l'endroit même de la morsure mais à peine avions nous fait quelques kilomètres que des nausées, des vomissements, des vertiges, de la diarrhée, sont apparus. Nous avons dû nous arrêter plusieurs fois pour que je me soulage a l'air libre. Arrivé à l'hôpital régional de Sunyani j'étais au bord de l'évanouissement. Je faisais de la tachycardie et j'étais envahi de frissonnements. Mon expérience professionnelle m'avait conduit a voir plusieurs personnes mordues par des serpents qui n'avaient pas survécu, aussi inconsciemment je pensais à une mort imminente. Bien que ce dernier effet soit d'origine psychologique et non directement dû au venin, ce stress important a aggravé la situation. J'ai reçu au total neuf doses d'antivenimeux au cours des six premières heures aux urgences. La neuvième a été le bonne et et elle correspondait au venin d'une race de vipère: l'ochide ecelée. Si au tout début la morsure en elle même n'avait pas été douloureuse, arrivé aux urgences j'ai commencé à ressentir de très intenses douleur au niveau du mollet et de la cuisse. Passant au niveau III de douleur, j'ai alors été placé sous morphine afin d'en atténuer les effets.

La mauvaise nouvelle.

Dans la nuit il a fallu me mettre sous oxygène parce que je commençais à avoir des difficultés a bien respirer. Mon cœur était également sur surveillance. J'étais couvert de toutes sortes d'appareils, mais je suis resté conscient tout au long du traitement. Seul les effets de la morphine ont engendré de la sommolence et un peu de délire d'après ce qu'on m'a raconté, mais globalement j'étais lucide. Le lendemain matin j'étais sorti d'affaire la période la plus critique étant passé. Seul bémol le venin avait attaqué les fibres musculaires de mon mollet aussi je ne pouvais pas marcher. Trois jours après mon arrivée aux urgences un médecin du centre antipoison m'informait de la gravité des effets du venin sur ma jambe. J'apprenais que je ne pourrais pas remarcher avant de longs mois et que je devrais être assisté d'un kinésithérapeute pour ma rééducation. J'ai alors été évacué par ambulance dans la Clinique France Ivoire, à Abidjan Biettry, les compagnies aériennes refusant de me prendre dans l'état dans lequel j'étais.

Le miracle.

Ça faisait une semaine que je m'étais fait mordre. Un soir dans ma chambre tard la nuit un médecin est entré, il m'a sourri et expliqué qu'il était l'interne de garde, le docteur Hans m'a t-il dit qu'il s'appellait. Après m'avoir posé quelques questions banales, il m'a demandé si je croyais en Dieu. J'ai trouvé sa question bizarre, et j'ai répondu par l'affirmative plus pour le satisfaire qu'autre chose. Il m'a alors répondu ceci : « vous allez pouvoir marcher d'ici peu de temps, le diable a trop semé. Priez cette nuit avant de dormir» C'est très exactement la phrase qu'il m'a dit et je l'entends encore raisonner au moment où je pose ces mots sur le papier. Et il est sorti aussi vite qu'il était entré. Au milieu de la nuit j'ai eu envie d'aller aux toilettes. J'étais sous perfusion et je devais me faire assister par un infirmier pour m'installer sur la chaise roulante. J'ai sonné en vain sur le bouton sensé appeler les infirmiers mais personne ne vint. J'ai alors patienté et je me suis rendormi. Quelques instants plus tard j'avais réussi dans un état de demi conscience à m'installer aux toilettes. En me levant je me suis rendu compte que la chaise roulante n'était pas la, je l'avais laissé à côté du lit et j'étais parvenu à marcher.

Épilogue.

Le lendemain matin c'était la pleine ébullition autours de ma personne. La famille, les médecins tout le monde se demandait comment était-ce possible que j'ai pu remarcher aussi vite malgré le diagnostic médical pessimiste qui me donnait minimum six mois. Je marchais et je n'avais pas eu besoin de voir une seule fois un kinésithérapeute comme cela m'avait été prescrit. Quand j'ai demandé après le docteur Hans, l'interne en question qui m'avait prédit la veille ce miracle, on me répondait qu'ils ne connaissent personne de ce nom et que de toutes les manières aucun médecin n'était passé me voir tard dans la nuit. J'en déduis donc que je rêvais, et c'est dans cet état que j'ai entendu cette voix venue tout droit de mon subconscient. C'est mon “ oui je crois ” qui a opéré le miracle que j'attendais. En médecine on parlera d'effet Placebo, chez les religieux de foi. Toujours est-il que tous mes amis et les membres de ma famille connaissent cette Histoire que je partage avec vous à titre d'édification.

*¹ La Région de Brong Ahafo est l'une des dix régions du Ghana.
*² Par extension, le mot CB désigne également les émetteurs radio émettant sur la bande CB.

Les Mystères De L'AfriqueWhere stories live. Discover now