Chapitre 21 : Heterochromia Iridum

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Thaïs passa la matinée seul, Elena et Theseus ne passèrent pas pendant leur heure libre entre les cours de métamorphose et de défense contre les forces du mal. Ils travaillaient ensemble les nouveaux exercices sur les patronus mais l'infirmerie n'était pas l'endroit le plus propice pour faire apparaître des spectres d'animaux argentés à tout-va. Le patient en profita pour s'adonner à un plaisir coupable. Il sortit les notes du cours d'étude des moldus d'Arthur et répondit aux points d'interrogations qui flottaient çà et là sur son parchemin. Il s'amusa à détourner les réponses à ses trous apparents, il sema des anecdotes qui traversaient son esprit mais il fit tout de même attention d'apporter de vrais éclaircissements pour ne pas bêtement pénaliser le Serpentard avec de fausses informations.

Alors qu'il apprécié ce rare moment d'avantage d'être né-moldu, une visiteuse inattendue s'installa sur son lit. Sa peau toujours aussi blanche à peine colorée d'un charmant rougissement au niveau des pommettes et de quelques taches de rousseur discrètes, une crinière d'un roux flamboyant contrastant avec l'air un peu stricte de son apparence.

Mellyrose excellait dans la dualité, le pull de son uniforme noir impeccable dont dépassait avec distinction le col de sa chemise blanche reflétait un sérieux indéniable mais son visage lui inspirait une profonde sympathie irrésistible. Thaïs ne la connaissait pas très bien mais il savait que la discussion à venir serait agréable.

« Alors ? lança-t-elle. Tu reprends pied ?

— Je suis un peu pataud mais pas forcément fatigué.

— Mon frère a eu une fièvre des Landes quand il avait treize ans, un vrai chouineur par rapport à toi, dit-elle dans un sourire communicateur. Un mois complet à quémander de l'aide pour tout et rien. C'était pendant l'été et comme j'en avais marre de faire la servante j'ai fini par lui lancer son verre d'eau au visage ; avec la chaleur ça la rafraichit et il a commencé à se débrouiller de nouveau seul. »

Thaïs s'imaginait parfaitement la scène, une Mellyrose bien plus jeune, son visage d'ange contrit par l'agacement, jetant sans état d'âme un verre d'eau glacée. Il ne se rappelait pas particulièrement son frère, il avait trois ans de plus que lui, sans titre de préfet ou de place sans l'équipe de Quidditch, il était un élève lambda bien loin de sa sœur.

« Tu avais déjà du caractère, plaisanta le Poufsouffle.

— Je l'avoue, j'aime être au centre de l'attention mais ce n'est pas si grave si on garde la tête sur les épaules. »

Il n'aurait jamais accusé la Serpentard d'être vantarde, au contraire, elle était d'une douce simplicité, sans grandes manières. Elle avait juste un charisme naturel et une grande curiosité à étancher qui la poussait à se mêler à toutes les histoires de l'école.

« Dis, demanda Thaïs, il n'y a pas longtemps Ellis m'a demandé ce que je voulais faire après l'école et pour l'instant je suis sans piste. Qu'est-ce que tu veux faire, toi ?

— J'ai l'intention de me débarrasser du professeur Binns, chuchota-t-elle en jouant une voix de tueuse. Plus sérieusement, je vais continuer à travailler sur l'histoire, je suis déjà en train de me trouver une place de chroniqueuse dans la Gazette des Sorciers et puis qui sait où cela me mènera mais j'ai bien l'intention de prendre la place de cet austère vieillard qui nous sert de professeur à un moment. »

Thaïs ne put retenir son fou rire. Il était certain que Mellyrose ne plaisantait pas et qu'elle trouverait un jour le moyen de faire quitter le fantôme de son poste bien plus que centenaire et il savait que tout Poudlard lui serait reconnaissant de l'avoir débarrassé du râle mortellement ennuyeux du vieux spectre.

« Ça avance avec Arthur ? » demanda-t-elle innocemment.

Le Poufsouffle s'étouffa presque dans son fou rire, pris au dépourvu. Il ne savait pas ce qu'elle voulait dire et il la regarda circonspect et interrogateur.

Le Gentil Et L'AmbitieuxOn viuen les histories. Descobreix ara