Chapitre 24

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Ils restèrent sans parler, avant qu'il coupe le silence en se levant la chemise ouverte.

— Ne gâchons pas notre dîner de mariage.

Elle s'aperçut que son sourire était l'un des plus tristes qu'elle vit à ce jour. Il reboutonna sa chemise.

De ses mains hésitantes et moites, elle prit sa fourchette silencieusement alors que le soleil devint rougeoyant.

Et c'est au bout d'un temps infini, qu'il reprit la parole.

— Ma cicatrice te gêne ?

Elle s'empressa de secouer de la tête négativement.

— Non, bien sûr que non.

Emma savait pertinemment où cette question menait. Ils étaient mariés et Azzario Dantes ne se contenterait pas d'une simple présence de sa part et d'une collocation. Elle s'attendait à dormir dans sa chambre dès ce soir, sans même savoir à quoi elle ressemblait. La situation aurait presque pu la faire rire. Elle portait ses enfants sans que ni l'un ni l'autre n'aient une quelconque caresse qui aurait pu les pousser au bord de la jouissance.

— Et puis tes conquêtes d'avant ont sûrement dû la voir, ce n'est pas pour autant qu'elles ont pris la fuite ?

Il s'approcha après s'être levé gracieusement et approcha le wedding cake jusqu'à elle.

— Elles avaient l'ordre de ne pas la toucher.

— Et moi j'ai le droit ? Demanda-t-elle timidement alors qu'il avait refusé que le bout de ses doigts reste moins de deux secondes dessus, il y a quelques minutes de cela.

Azzario baissa les yeux sur elle, la lame plantée dans le gâteau. Ses grands yeux bleus étaient brillants, mais à aucun moment il ne vit de la pitié dans ces derniers. Il comprit qu'il voulait bien plus que toucher ses lèvres, mais explorer les nombreux trésors que sa beauté révélait timidement. Elle avait la tête arrière, le regard dans le sien, dans l'attente d'une réponse.

— Oui, tu peux. Dit-il enfin sans pouvoir masquer le son rauque qu'il avait émis rien qu'en voyant sa bouche en cœur.

Il ne pouvait pas se plaindre de sa blessure, il l'acceptait seulement. Mais aucune femme n'avait eu le droit de la toucher, pour l'unique raison qu'il ne voulait qu'elle soit une distraction ou un moment de confidence sur l'oreiller. Au contraire d'Emma qui jusque-là lui avait donné toutes les raisons du monde de lui faire confiance.

N'avait-elle enjambé sa propriété pour ensuite le fuir tant il s'était montré odieux ? Il connaissait beaucoup de femmes qui auraient été ravies de lui crier qu'elles étaient enceintes dans l'unique but d'être une Dantes. Et pourtant, Emma Brok avait été terrifiée à l'idée de lui dire.

Sa beauté était naturelle sans artifices. Sa peau laiteuse était divine surtout quand elle prenait un teint alizarine.

Il s'extirpa de ses réflexions pour découper une part du gâteau.

Encore une fois, Emma fut différente.

Elle glissa, impatiente, l'assiette vers elle et prit cette rose qu'elle avait déjà entamée.

— Et la tradition alors ? Dit-il en levant un sourcil.

Elle cligna des yeux.

— Nous sommes seuls, personne ne va nous applaudir, tu n'es pas obligé Azzario, je ne suis pas malheureuse tu sais, même si je m'étais marié bien plus tard, je n'ai personne à faire pleurer d'émotion.

Azzario sentit son cœur se serrer alors qu'elle grattait pensivement les éclats d'amandes sur le dessus. Il écrasa la cuillère dans la part pour en prendre un morceau.

— Jaime les traditions, ouvre la bouche.

Emma dut réfréner l'assaut de son cœur quand ses doigts se posèrent sur la pulpe de ses lèvres.

Elle ne savait plus si c'était le gâteau ou ses doigts qui la plongèrent dans l'ivresse.

— À mon tour cara...

Emma ne se défila pas et lui donna un morceau de gâteau d'une main nerveuse. Ce moment intime la bouleversa, il l'embrassa furtivement, mais avec fougue.

Le temps semblait s'être figé.

Ils restèrent ainsi une bonne minute avant qu'il ne se redresse, prétextant un coup de fil urgent. Emma ignorait comment interpréter sa fuite. Car il fuyait.

Par peur de ressentir quelque chose ? Ou parce qu'il avait senti cette sensation naître entre eux ?

Déçue de ne pas savoir, Emma termina sa part de gâteau pour remonter très vite à l'étage. Elle voulait lui donner une chance, le rendre heureux. Mais le voulait-il vraiment ?

Quand elle traversa le couloir, elle ne put ignorer les portes ouvertes au fond du couloir. Elle s'y approcha lentement et vit ses affaires au loin.

Elle pénétra dans la grande chambre les yeux pétillants. La chambre se composait de quatre parties, un petit salon coupait la chambre en deux. Le lit imposant ne pouvait pas passer inaperçu.

Jusqu'à présent, il ne l'avait pas forcé, il prenait son temps. Mais le fait que ses affaires soient ici était clairement sa façon de lui dire qu'il la voulait après de lui.

Emma s'avança d'un pas hésitant jusqu'à sa valise pour en sortir ses vêtements de nuit.

— Tu n'as rien d'autre ?

Sa voix pénétrée la fit sursauter. Elle se retourna pour le découvrir adossé au mur, une lueur infiniment troublante.

— Non, enfin si j'ai ça...

Elle lui montra sa nuisette de nuit longue et blanche.

Il la pointa du doigt.

— Je préfère ça Emma, et demain nous referons ta garde-robe.

Incrédule, elle secoua de la tête.

— Pourquoi donc ? Ce pyjama est très agréable, n'oublie pas, je suis enceinte.

Il décroisa ses bras et vint vers elle, les traits plissés.

— Il y a des millions de vêtements pour femmes enceintes tout aussi agréables à porter et qui...

Il s'interrompit ce qui l'obligea à relever la tête.

—.....sont agréables à regarder. Termina-t-il en lui prenant son affreux pyjama des mains.

Il tira sur l'élastique du pantalon, un sourcil moqueur levé.

— On l'utilisera pour faire un bon feu de cheminée.

Emma poussa un petit cri, outrée. Alors qu'il souriait d'une façon totalement nouvelle.

— En attendant, met ceci cara, nous verrons le reste demain.

Il s'éclipsa hors de la chambre, elle inspira profondément, résignée à mettre la chemise de nuit.

L'Héritier secret D'azzario Dantes Tome 1 ( Saga des frères Dantes )Where stories live. Discover now