Chapitre 11

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Emma ouvrit la bouche sans qu'aucun son ne puisse trouver la force de sortir. Son cœur se mit à battre follement, tandis qu'il continuait à la regarder sérieusement.

Elle déglutit lentement, en battant des cils.

— Quoi ? Parvint-elle à dire au bout de longues secondes. Vous...vous voulez que je vous trouve une épouse comme moi ? Demanda-t-elle d'une voix qu'elle espérait posée.

Un éclat étrange se mit à danser dans son regard.

— Non, je parlais de vous Emma...

Elle retint un rire incontrôlable. De multiples émotions se mirent à la submerger. De la peur, de l'angoisse et même de la joie !

— Vous n'êtes pas sérieux enfin ! Vous avez bu ? Demanda-t-elle en espérant que ce soit le cas.

Il se rapprocha, rendant la pièce bien plus sombre qu'elle ne l'était déjà. Son regard embrasa tous ses sens, elle cilla.

— Non, je suis lucide, c'est que vous êtes l'opposé de ces femmes cupides jadis rencontré...

— Et alors ! Est-ce une raison pour me demander ça ?

Ses yeux d'aciers rencontrèrent les siens, et une fois de plus, Emma se noya dedans.

— Oui c'est une raison valable, j'apprécie vous...

Emma, prise de panique, laissa tomber sa coupe de champagne et quitta la pièce avant qu'il ne finisse. Elle marcha, la respiration saccadée avant qu'une porte devant elle ne s'ouvre, laissant apparaître l'homme.

Il s'empressa de la coller précautionneusement contre le mur.

— Je suis désolé, je ne voulais pas vous faire peur, je n'aurais pas dû vous dire ça. Déclara-t-il d'un ton plein regrets.

Emma retint difficilement un sursaut pour échapper à leur proximité.

La chaleur tiède de l'homme manqua de la faire frémir d'un sentiment agréable qu'elle refusait de ressentir en cet instant gênant.

— Quels homme, intransigeant et aussi puissant dans le monde rêverait d'avoir une femme enceinte dans les pattes ! Monsieur Dantes par pitié cessez de vous jouer de moi.

Il fronça des sourcils comme si ce qu'elle venait de dire était dérisoire et absurde.

— Je n'ai pas cherché à me jouer de vous Emma, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, oublions cette conversation, d'accord ?

Pendant son discours, il avait du bout des doigts touché son menton pour qu'elle ne baisse pas la tête.

Elle réprima un sanglot et hocha silencieusement de la tête. Il rompit le contact de ses doigts contre son menton, l'air affreusement désolé.

— En plus Sergio m'a interdit de vous faire pleurer au risque de gâcher son travail. Rajouta-t-il avec un sourire qu'il eut grand mal à étirer.

Emma était bouleversée, mais trouva la force de sourire.

— Allons-y maintenant, il est temps d'aller dîner. Murmura-t-il en retrouvant son visage fermé et assombri.

Emma inspira péniblement quand il passa sa main dans son dos pour l'aider à redescendre les marches.

— La flûte je...l'ai cassée je...

— Ne vous en faites pas pour ça Emma. Coupa-t-il d'un ton presque silencieux.

Quand elle leva la tête vers lui, elle vit un vaste et profond néant remplir son regard.

Elle aurait dû se sentir flattée d'être ainsi soudoyée par cet homme affreusement beau et puissant. Elle s'était même imaginé se réveiller à côté de lui chaque matin, enlacée contre son large corps dessiné. Mais aussi irréelle soit cette proposition, Emma avait senti la panique brûler sa gorge.

Le bébé qu'elle portait était le sien, et au-delà de n'importe quel rêve, celui qu'il puisse vouloir d'elle en sachant la vérité était totalement exclu...

Quand ils furent installés, Azzario ne put masquer son énervement contre lui-même. Conscient de s'être montré trop rapide, il s'en voulait énormément d'avoir rendu la jeune femme complètement bouleversée. Car s'il avait réussi à rattraper la situation de justesse, Azzario n'en demeurait pas moins très sérieux.

Si sérieux qu'il était furieux qu'elle rejette sa demande en un brisement de verre. Quand il tourna sa tête vers elle, pour jeter un coup d'œil dans sa direction, Azzario pinça sa bouche en un rictus de colère qui se déversait sur son visage comme un rocher dévalant une colline. Elle était si timide et troublante que son charme se révélait être dévastateur.

La perspective de l'avoir pour femme souleva en lui une bouffée de désir qui le prit de court.

Enceinte ou pas.

Devenait-il fou ?

Aucune chance que cela soit de la folie, mais un acte et une pensée bien réfléchis. Ses pensées se mirent à dominer son esprit. Il lui apparut une vision d'elle, allongée sur son lit, les cheveux déployés sur l'oreiller...

Cette fois-ci, son désir devint si douloureux qu'il se racla la gorge pour reprendre ses aptitudes à dominer en main de maître tout ce qui pourrait lui être à portée de main.

À commencer par Emma Brok...

— Mettez ceci sur vous genoux. Ordonna-t-il en dépliant sa serviette.

Au lieu de lui donner, il la posa sur ses genoux, effleurant son ventre avec ses phalanges.

À cet instant, il se remémora ces deux femmes qui l'avaient piégé et le désintérêt total d'Olivia sur sa grossesse, son refus de prendre soin de sa santé, pour garder une ligne parfaite, contrairement à cette jeune femme.

Quand le repas fut servi, du coin de l'œil il la vit grimacer.

— Tout va bien ? Vous n'aimez pas le poisson.

Elle prit un air désespéré.

— Si j'adore le poisson...mais le bébé lui, il n'aime pas ça.

Azzario comprit immédiatement et se leva pour aller jusqu'aux cuisines privées uniquement en service pour les grands événements.

Quand il revint, elle s'empressa avec malaise de poser sa main sur son bras.

— Inutile de vous déranger pour moi je vais le manger et...

Il la coupa en saisissant sa main. Elle était si fine dans la sienne.

— Sur soixante-dix invités, une dizaine ne mange pas le poison prévu dans le menu, ce n'est pas un souci Emma.

Il serra sa main juste assez pour sentir sur ses doigts la douceur de sa peau.

L'Héritier secret D'azzario Dantes Tome 1 ( Saga des frères Dantes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant