Chapitre 22

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Lorsque l'heure du mariage arriva, Emma eut un profond sentiment d'abandon. Personne n'était là pour ne serait-ce lui dire qu'elle était jolie. Car en dépit du son souhait d'être dans l'intimité la plus totale pour leur mariage, Azzario, aussi déterminé, qu'organisé, lui avait acheté une magnifique robe blanche ivoire. Elle s'autorisa à pivoter sur elle-même pour faire virevolter les voilages devant le miroir en se limitant à cette seule partie visible de son conte de fées. Mais si elle tentait en vain de se convaincre qu'il n'y avait que ça, la bague de fiançailles qui ornait son doigt la rappelait constamment à l'ordre. Même si le réverbère d'une quelconque lumière, Emma voyait les cristaux de diamant briller sans cesse. Elle ramena ses mains contre sa poitrine douloureuse et grimaça nerveusement avant d'entendre les pas ostensibles de son futur mari.

— Tu es absolument magnifique Emma.

Quand elle croisa son regard dans le miroir, elle resta un moment silencieuse devant cette nouvelle image de lui tout aussi bouleversante que les précédentes. Dans son costume noir et sa chemise blanche, il était sans aucun doute l'homme le plus séduisant et ténébreux qu'elle puisse connaître.

Il s'était rasé de près, mais ses joues étaient toujours ombrées d'une barbe drue. Rien ne pourrait constater son charme italien déstabilisant.

— Je voulais m'excuser pour hier, je me suis comportée avec désinvolte.

Il haussa un sourcil.

— Les hormones ? Hasarda l'homme.

Elle sourit timidement.

— Oui, elles me jouent beaucoup de tours.

De son index, il toucha les boucles de ses cheveux.

— Je pense que nous sommes tous les deux responsables de ce qu'il s'est passé hier, j'ai ma part de responsabilité.

— Je veux ce qu'il y a de mieux pour mes...nos bébés.

— Moi aussi. Murmura-t-il pensivement.

Pendant un long moment seul, le tic-tac de l'horloge se fit entendre. Il était figé sur ses cheveux, alors qu'elle pouvait sentir sa main se glisser dans ses cheveux.

— Il faut y aller, nous allons être en retard. Annonça-t-il en se reculant brutalement.

Troublée, Emma hocha énergiquement de la tête et le suivit à l'extérieur de la chambre.

Sa robe bruissait sur le sol, il l'aida à descendre l'escalier et l'entraîna dans la voiture.

— Tu n'as pas peur j'espère ? Demanda-t-il alors que la voiture s'engageait à l'extérieur du Palazzo.

— Peur de devenir ta femme ou peur que ta mère ne fasse une attaque ? Demanda-t-elle ironiquement.

— Ne t'en fais pas pour ma mère, elle n'a plus son mot à dire sur ma vie je suis assez âgé pour savoir ce qui me rendra heureux.

Elle ne répondit rien et se contenta d'esquisser un faible sourire alors que son cœur résonnait à présent dans ses tempes.

Lorsqu'ils arrivèrent à la chapelle, l'endroit lui parut être le meilleur. Perché au-dessus d'une colline entourée que de la mer méditerranéenne, la chapelle était un petit havre de paix où seul le bruit des vagues et du vent les accompagneraient dans ce moment important.

L'homme qui entama les dires solennels ne manqua pas de la rendre nerveuse...

Elle avait peur que pour cet homme, connu, puissant et redoutable ne puisse jouer qu'un simple rôle, une comédie, et qu'il puisse détruire son cœur qui instantanément s'était gonflé d'émotions quand ils prononcèrent leurs vœux.

Quand ils furent déclarés mari et femme, il s'avança sans attendre pour l'embrasser. Son odeur accentuée par le souffle du vent marin qui pénétrait de par les arches donnant sur la mer, emplissait son odorat et la caresse de ses lèvres devint si délicate qu'elle retint de justesse une larme.

Elle tira nerveusement sur le bout de ses doigts quand il s'écarta pour échanger en italien avec le prêtre.

— Signe ici cara...

Quand elle signa, Emma laissa ses doutes en réserve du moins jusqu'au retour dans la voiture.

— Je peux savoir ce que j'ai signé ?

— Notre contrat de mariage.

— Je n'ai pas compris un mot de ce qu'il y avait.

Il tourna son regard vers elle.

— Pour faire court tout ce qui m'appartient t'appartient et vice-versa.

Emma grimaça.

— Je crains ne pas avoir grand-chose qui puisse t'intéresser, à par ma télévision ou peut-être mon armoire en bois massif.

Un sourire s'incurva sur ses lèvres puis il se pencha pour saisir son menton.

— Tu m'appartiens et ça me suffit largement.

Il caressa son épaule puis posa sa main sue son ventre.

Elle inspira imperceptiblement et ferma les yeux.

— Est-ce qu'on va rentrer maintenant ? Demanda-t-elle hésitante en regardant par la fenêtre alors que sa main resta fermement appuyée sur son ventre.

— Oui, ne t'en fait, je vais m'occuper du reste.

Emma n'eut pas la force de lui demander de quoi il s'agissait. Maintenant qu'ils étaient mariés, Emma ne désirait qu'une seule chose que ce mariage fonctionne.

De retour au Palazzo, il était parti dans son bureau pour régler les derniers détails. Emma resta un moment proscrite de tout mouvement avant d'aller se réfugier en haut. Elle se changea, et enfila quelque chose de moins serrer, elle opta pour une robe élégante et ample puis s'installa dans le fauteuil près de la fenêtre pour admirer la belle vue qu'elle aurait le loisir de contempler tous les jours à partir de cet instant.

— Félicitation mon frère ! Jamais je n'aurais cru que tu arriverais à épouser cette femme !

Azzario posa son pouce et son index sur ses paupières fermées et inspira brusquement.

— Je n'en tire pas autant de plaisir que je l'aurai voulu. Confia-t-il.

À l'autre bout du fil, son frère avait une respiration semblable à la sienne quand il était empli d'une rage folle.

— Pourquoi ?

— Parce qu'elle est triste ou du moins perplexe.

Il s'interrompit pour rire amèrement.

— Après tout, je ne peux pas lui en vouloir, j'ai mal agi avec elle, et puis mon caractère sans borne n'arrange rien.

— Le principal, c'est qu'elle demeure ta femme à présent à toi de la séduire, inutile que je te donne le manuel pour ça.

L'ironie de son petit frère n'eut pas d'effet sur lui, au contraire, Azzario poussa un long soupir, alors qu'il n'arrivait plus à se défaire de son désir pour elle.

— Je peux savoir ce qu'il se passe Dario ! Dio mio ! Es-tu en train de tuer quelqu'un ? Lança Azzario quand il entendit sa respiration se faire plus rude et brutale.

— Je poursuis une femme si tu veux savoir !

Il se redressa en croyant avoir mal entendu.

— Tu poursuis une femme, j'ai bien entendu ? Répéta Azzario en fronçant des sourcils.

— Oui tu as bien entendu, je cours après une femme, elle trottine désespérément devant moi, et je n'en tire aucun plaisir.

Azzario, éberlué, secoua de la tête en souriant.

— Et bien alors je te laisse, ça serait dommage qu'elle t'échappe, pitié ne me dit rien, je préfère ne pas savoir, ou du moins pas tout de suite.

L'Héritier secret D'azzario Dantes Tome 1 ( Saga des frères Dantes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant