Chapitre 7

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Plongé dans l'obscurité, Azzario avait calé sa tête contre le dossier de son fauteuil et observa le parc du domaine plongé dans la nuit. Seul le crépitement de la cheminée animait son bureau privé. S'il s'était confiné au plus profond de ses appartements privés, c'était pour tenter de s'arracher à sa culpabilité.

— Azzario ?

La voix de sa mère intervint dans le calme et l'obscurité et il dut s'armer de ses dernières formes de délicatesse pour ne pas lui hurler dessus.

— Que se passe-t-il mère ?

Elle alluma la lumière et il sentit ses pas hésitants s'approcher du fauteuil.

— Pourquoi es-tu ici ? Il est une heure du matin ?

Azzario prit une gorgée de whisky et reposa sa tête sur le dossier, le regard rivé dehors.

— Je n'arrive pas à dormir et j'avais besoin de réfléchir...

— Azzario chéri, parle-moi...est-ce que c'est à cause de ce matin ? Cette illusion que j'ai faite à propos d'un éventuel mariage ?

Il tourna sa tête vers elle en la fusillant du regard.

— Je te l'ai déjà dit ! Il n'y aura pas de mariage ! Gronda-t-il en se redressant de sur le fauteuil en exprimant son agacement d'un ton vibrant de colère.

— Tu ne peux pas dire ça Azzario ! Tu sais que tu n'auras bientôt plus le choix, s'emporta Rosella en se levant pour entreprendre de faire les cent pas.

— Tu n'as plus le droit d'interagir dans ma vie à partir de maintenant. Siffla-t-il entre ses dents. J'ai détruit des années de ma vie à t'écouter et regarde-moi...

— Azzario, tu crois que je ne me sens pas assez coupable ?

— Pas assez apparemment, Murmura-t-il en se levant pour l'affronter, tu n'as pas ressenti ce que moi j'ai ressenti !

Il s'avança lentement vers elle, la bouche déformer par le dégoût et la haine.

— Tu m'as laissé épouser Lucianna, tu m'as poussé à croire en l'amour et j'avais vingt-quatre ans, et j'y ai lamentablement cru. Est-ce que tu as la moindre idée de ce que ça fait d'entendre une femme te dire qu'elle attend un bébé et que tu te maries, pour ensuite trois semaines plus en plein milieu d'un dîner de famille cette dernière t'annonce qu'elle s'est finalement trompé ! Qu'il n'y a pas de bébé !

À ce souvenir, Rosella blêmit.

— J'ai compris bien trop tard, que c'était uniquement pour me piéger, continua-t-il sombrement. Azzario fit tourner son verre un instant en regardant dedans, et eut un rire sans joie, rempli d'amertume.

— Veux-tu que l'on parle de la future madame Dantes maintenant ?

— Azzario s'il te plaît...

— Non, non, c'est important d'en parler, car cette fois-ci j'ai eu l'intelligence de ne pas t'écouter, parce que quand elle m'a annoncé sa grossesse j'ai presque failli y croire, je remercie le ciel de ne pas m'être intéressé à cette grossesse, de pas avoir touché, ni même ressentir la moindre émotion

Il marqua une pause et s'avança plus près d'elle.

— Quand cet enfant est venu au monde, telle fut la surprise de constater qu'il n'était pas mon fils ! Déclara-t-il avec une ironie cinglante. Un petit blondinet typiquement Américain, c'en est presque à se tordre de rire. Rajouta-t-il avec sarcasme.

— Je sais à quel point tu as souffert de tout ça Azzario, mais les années ont passé maintenant.

Azzario s'écarta pour se mettre dans la pénombre.

— Une malédiction pèse sur moi, je n'aurais jamais d'enfants...

Azzario avait pris un ton résigné, car il n'avait plus la moindre envie de croire en un avenir merveilleux.

— Il n'y a pas de malédiction Azzario, juste des femmes qui ont été sournoises et qui n'aspiraient que par l'opulence, tu sais que toutes les femmes rêvent d'être à ton bras.

Un rire amer s'échappa de lui.

— C'est terminé j'ai assez donné, je ne veux plus espérer maintenant, j'aurai dû écouter père, et me concentrer uniquement sur les affaires de la famille, c'était mon rôle.

Sa mère s'avança, les yeux étincelants de colère.

— Azzario tu viens de dépasser la trentaine, tu sais qu'un jour il te faudra des enfants ! Un foyer !

Il baissa le regard sur son verre à moitié vide, la bouche tordue.

— Sharon à l'air de tenir à toi non ? Elle est bien et...

— Arrête, Menaça-t-il d'une voix profonde, en relevant ses yeux dans les siens.

Elle se recula, consciente d'aller trop loin.

— Laisse-lui une chance Azzario, tu sais au fond de toi que j'ai raison.

Azzario crispa sa bouche, sans un mot, elle s'éloigna presque honteuse d'avoir eu cette conversation avec lui,

— Une dernière chose, Lança-t-il en avalant le reste de son verre pour ensuite le reposer brutalement contre son bureau. La prochaine fois que tu rencontreras une femme enceinte, veille à ne pas la mépriser comme tu l'as fait avec cette jeune fille, elle n'y est pour rien dans nos histoires de famille, est-ce bien clair ?

Rosella posa sa main sur son cœur.

— Je ne voulais pas me montrer méprisante, pardonne-moi si ça été le cas.

— Et bien oui, ça l'a été, la pauvre ne savait plus où se mettre, et j'ai une certaine part de responsabilité aussi, je m'en veux énormément d'avoir maudit cette innocente, Gronda-t-il contre lui-même en se plongeant dans la contemplation du parc plongé dans l'obscurité.

Ils restèrent silencieux un moment, avant que Rosella ne reprenne la parole.

— Tu pourrais l'inviter au bal de Noël ? Proposa-t-elle d'un ton hésitant, afin de ne pas attiser sa colère. Azzario ne répondit rien, elle quitta son bureau et le laissa seul. L'idée de sa mère n'était pas sans le faire réfléchir. Il s'était comporté comme une véritable brute avec cette jeune femme. Devait-il maudire cette femme parce qu'elle lui rappelait ce qu'il n'avait pas eu ? Et ce qu'il n'aurait sans doute jamais ? Par simple amertume ?

Azzario se frotta le visage accablé de culpabilité.



L'Héritier secret D'azzario Dantes Tome 1 ( Saga des frères Dantes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant