Chapitre 20

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Emma avait profité qu'il soit immobile sur le trottoir et tout aussi choqué qu'elle quand elle l'avait appris, pour s'enfuir en courant jusqu'à son immeuble. Elle grimpa les marches et s'enferma à double tour. Elle s'adossa à la porte la respiration saccadée. Jamais elle ne s'attendait à un tel self contrôle de sa part. À aucun instant, il lui avait porté une accusation, ou ne serait-ce qu'un regard méprisant. Il était déterminé et bien plus aujourd'hui qu'avant. Et l'annonce de son médecin ne ferait sans aucun doute qu'accroître sa détermination.

Elle se prit la tête entre ses mains, en ayant encore le bruit de ses deux petits cœurs battant aux creux de ses oreilles.

Un, puis deux, puis une multitudes de coups se mirent à tinter contre sa porte.

Emma jaugea cette dernière le cœur rythmé par la douleur de ses battements.

— Ouvrez ! Emma !

Malgré le soleil d'hiver et l'immeuble rempli d'habitants, cela ne lui empêchait pas d'avoir une voix colérique.

— Je vais défoncer la porte !

Cette menace le fit reculer quand il joignit le geste à la parole en donnant un coup d'épaule en guise d'avertissement.

Emma se recula davantage en se frottant les bras.

— Partez ! Je veux rester seule !

À peine sa phrase terminée, il apparut devant elle dans un fracas sourd accompagné d'éclats de porte.

Horrifiée, elle porta ses doigts à sa bouche en le dévisageant.

Il venait de défoncer sa porte sans éprouver la moindre douleur. Les rayons du soleil soulignaient son profil dévastateur et sombre ne laissant aucun doute sur la rage qui montait au-delà de lui-même.

— Vous avez cassé ma porte !

Il s'avança lentement vers elle, et sa hauteur vertigineuse l'obligea à incliner sa tête en arrière.

— Des jumeaux ? Demanda-t-il d'une voix sourde.

— Faux jumeaux et je....

— Depuis quand ?

Le sens dérisoire de sa question eut un mal fou à pénétrer dans son esprit.

— Je viens de l'apprendre et c'est pour cette raison que je vous ai écrit.

— Sinon vous ne m'auriez rien dit c'est ça ?

— Bien sûr que si ! Je ne suis pas de ces femmes qui n'ont pas de cœur ! S'emporta Emma en s'éloignant de lui.

Il la souleva pour la reposer sur sol juste en face de lui.

Un frisson courut le long de son échine devant l'intensité de son regard.

— Ne me fuis pas s'il te plaît !

— On se tutoie maintenant ? Demanda-t-elle en essayant de retirer ses mains agrippées à sa taille.

— Comme je ne suis pas prêt de te lâcher, je pense que oui, il va falloir t'habituer à m'avoir dans les pattes aussi longtemps que nécessaire.

Il marqua une pause pour prendre son menton.

— Autrement dit, jusqu'à ce que tu viennes avec moi.

Obligée de reconnaître qu'il n'était visiblement pas prêt de lâcher, Emma sentit la colère la gagner succédé par de nombreuses autres émotions contradictoires. Son cœur, tressauta quand ses doigts se refermèrent sur son menton.

— Emma, je te prie de te calmer que l'on puisse discuter de notre avenir.

— On n'a pas d'avenir, je refuse de me marier parce que je suis enceinte ! Bon sang je n'ai jamais voulu ça ! Je voulais seulement un bébé ! Une famille !

Elle se dégagea de lui pour aller s'asseoir sur le canapé.

— Et je vais te la donner. Répondit-il d'une voix sans appel.

Il s'en alla d'un pas furieux en direction de sa chambre. Emma n'avait pas la force de le suivre. Le regard dans le vague, elle demeura pensive alors que son ombre passait au loin, et visiblement il s'affairait à préparer son sac.

— Nous parlerons de tout ceci chez moi ! Déclara-t-il sèchement dans sa chambre.

— Je n'ai plus la force de parler.

— Alors je parlerai pour nous !

Emma appliqua sa main sur son front brûlant.

— Vous ne pouvez pas m'épouser du simple fait....

Ses pas se rapprochèrent et la coupèrent quand elle vit le barrage de ses sourcils noirs.

— Je désirais t'épouser bien avant que la situation change Emma, mais maintenant, c'est bien plus qu'un simple désir. Tu m'offres plus que jamais je n'aie osé souhaiter.

Elle soutint son regard en retenant son souffle devant l'immense espoir qui venait de traverser l'éclat de ses yeux.

Il ferma son sac qu'il avait trouvé sans difficulté et vint s'agenouiller en face d'elle.

— Il ne s'agit pas seulement des bébés.

— Alors de quoi s'agit-il ?

— Tu apprendras à m'aimer.

Elle poussa un rire étranglé.

— L'Amour ne se nourrit pas d'apparence ou d'un simple regard, ou bien d'une envie subite !

— Ce n'est pas une envie !

Il ferma les yeux, agacé puis releva son regard lentement.

— Emma, tu vas venir avec moi maintenant, ne m'oblige à te traîner dans la voiture par la peau des fesses.

Elle frissonna, les lèvres entrouvertes qui furent sur le point d'émettre une objection, mais son regard menaçant l'amena seulement à se lever docilement. Mais quand il passa sa main sur son épaule, elle se dégagea avec vigueur en sortant de l'appartement.

Une fois dans la voiture, elle leva lentement les yeux vers le chauffeur qui immédiatement monta la vitre quand il s'installa à côté d'elle.

— Je ne te laisserai pas te faire du mal.

— Je n'ai pas l'intention de me faire du mal !

— Alors calme-toi s'il te plaît. Ordonna-t-il en passant sa main sur sa joue.

Emma sentit ses jambes se dérober même assise. Elle devint rouge comme une pivoine.

— Je voulais seulement avoir un enfant. Répéta-t-elle d'une voix enrouée.

Il retira sa main et se retourna vers la vitre. Il resta silencieux, assez pour la rendre inquiète.

Pendant un instant, elle crut pouvoir lui faire confiance.

— Qui est au courant ? Demanda-t-il enfin d'un ton absent.

— Sergio, il l'a deviné tout seul...au bal.

— Pourquoi tu n'as pas essayé de me le dire au bal ? Demanda-t-il d'une voix douce.

Elle toucha son ventre.

— J'ai essayé, mais quand tu m'as proposé ce mariage, j'ai paniqué.

Il poussa un juron en italien et se retourna aussi redoutable que jamais.

— Pourquoi vous ne l'avez pas su plus tôt pour....

— Parce que je n'ai pas contrôlé. Coupa Emma en baissant les yeux.

— Quoi ?

— J'avais peur de faire une grossesse nerveuse alors je n'ai pas contrôlé, j'ai eu tort, je voulais me protéger et j'ai tout fait de travers.

Elle reçut pour toute réponse un baiser délicat sur son front.

Ce geste aussi inattendu qu'agréable et réconfortant la rendit perplexe.

Devait-elle faire confiance à cet homme ?

L'Héritier secret D'azzario Dantes Tome 1 ( Saga des frères Dantes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant