Act. 38

135 30 27
                                    

         Le cœur lourd, je me sers un verre d'eau fraîche dans la cuisine. Sacha s'est installé sur une chaise et à ma grande surprise, c'est ma mère qui est installée à côté de lui et avec qui il discute. Loris, Jonah et Yann sont toujours sur le canapé, aux côtés de Mike. Il n'y a que Déborah qui finit par me rejoindre, l'air satisfait.

— Tu veux boire quelque chose ? je lui demande.

— Non, merci.

Je me retourne et j'appuie mon bassin contre le plan de travail. Elle mime mes mouvements et s'installe à mes côtés.

— Comment tu te sens ?

— C'est moi qui devrais te poser cette question, soufflé-je.

Parce que malgré tout, Déborah est ma petite sœur et que je suis censée la protéger. Elle a subi Jonah, puis moi. Aujourd'hui, elle se retrouve toute seule avec nos parents, et pas sûre qu'elle le vive bien. Si elle a appelé notre grand-frère à l'aide alors qu'ils n'ont plus aucune relation, ce n'est pas pour rien.

— Tu étais chez Sacha ?

Quand elle me pose cette question, je la regarde et découvre un sourire narquois sur son visage de petite fouine, ce qui me décroche un rictus.

— Il a dit qu'il t'aimait... ajoute-t-elle, devant tout le monde.

Mon cœur se met à battre plus vite.

— C'est tout ce qui t'importe, en ce moment ?

— En grande partie, oui. Il s'est pointé ici... punaise, tu en connais beaucoup qui aurait osé faire ça ?

Je regarde le visage de Sacha depuis la cuisine. Il parle avec ma mère avec beaucoup de naturel. Il ne se donne pas un genre, ce n'est pas l'air du Sacha qui veut prouver à tout le monde qu'il est le meilleur, ni celui qui est arrogant. Il montre son véritable visage, celui que j'ai toujours vu et connu lorsque nous étions seuls.

Mon Sacha.

À cette vision, je peine à retenir mon sourire.

— Je savais qu'il t'aimait, mais pas à ce point. Et peut-être que tu as déjà commencé à te dire qu'il fait tout ça pour pouvoir t'atteindre plus tard, mais ça serait de la folie d'en arriver à là. Personnellement, je ne pourrais pas me mettre dans cette position, même pour réussir à tuer mon pire ennemi.

Ce qui me fait peur, ce n'est pas que tout ça soit calculé. Je ne sais que ça ne l'est pas. Ce qui m'effraie, c'est que même avec tout cet amour, toute cette affection... je n'ai pas la garanti qu'on ne cherchera pas à s'anéantir. Et si l'amour se mêle profondément à la rivalité, j'ignore ce qu'il restera de nous à la fin.

Mais aujourd'hui, il y a plus important. C'est ce que ma tête me dit, mais certainement pas mon cœur, parce quand je le vois, je me sens légère. Je repense à sa façon d'admettre devant tout le monde son amour pour moi et à quel point il n'a pas hésité à me défendre quand Loris s'est attaqué à moi.

Loris... voilà un sujet qui fait peser mon cœur plus lourd. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas comment les choses pourraient s'arranger entre nous, et même si je fais comme si de rien n'était, c'est au moins la moitié de moi-même qui semble me quitter.

— Tu l'aimes ? me demande-t-elle subitement.

Loris quitte mes pensées instantanément. Je regarde ma petite sœur.

— Selon toi ?

— Personne ne pourrait deviner tes sentiments, j'en sais rien.

Parfois, je me demande si les choses ne sont pas plus simples lorsqu'on est un livre ouvert. Quand ce que nous ressentons n'a pas besoin d'être expliqué. Les gens sont au courant que vous êtes sensibles, alors pas besoin de chercher plus loin, les choses sont évidentes et vous n'avez donc pas besoin de vous plier en quatre pour être capable d'exprimer ce qui torture votre âme.

SupernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant