Act. 36

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Dans mon sommeil, je sens des lèvres se déposer contre mon front. Je gigote dans ce lit que je reconnais ne pas être le mien, enveloppée par l'odeur de Sacha. Très vite, le sommeil me reprend par la main. Pourtant, lorsque j'ouvre les yeux, je pourrais jurer que l'instant où je l'ai senti m'embrasser n'était qu'il y a quelques secondes.

Mais quand j'ouvre les yeux, la chambre est totalement vide. Il n'est plus à mes côtés et en le constatant, mon estomac se noue. Je ne panique pas, car je suis toujours là chez lui, et que ce que nous avons vécu dans la nuit ne pourra jamais m'être arrachée.

Et en parlant de cette nuit... je regarde les draps dans lesquelles je suis couchée. Je jette un œil à la chambre, légèrement redressée, et je sens de nouveau ses lèvres contre ma peau. La façon qu'il avait de me toucher, de m'aimer... tout ce nous nous sommes dit, tous nos regards qui hurlaient pour nous ce que nous n'osions pas nous dire.

Cet instant dans ces bras a réparé quelque chose qui était brisé en moi. Je n'étais plus dans le présent, mais bel et bien dans le passé. J'avais la sensation de nous revoir, mais grâce à ça, je revivais tous nos moments en étant sûre et certaine qu'il m'aimait.

J'esquisse un sourire niais — chose pour laquelle je me déteste secrètement.

Mais très vite, les démons de ces derniers jours me rattrapent. Je repense à Jonah qui est ici, à ma famille qui est dans un état lamentable, à Loris et Yann qui ne sont au courant de rien... et qui n'ont pas l'air de vouloir être mêlés à quoi que ce soit.

Mon ventre se serre quand je pense au fait que nous ne sommes pas reparlés depuis. Loris ne m'a pas recontacté et même si je suis tentée de lui envoyer un message plus long qu'un roman, je me résigne. Je suis déjà assez blessée comme ça pour me rabaisser à ça en ce moment.

Je déglutis difficilement, la respiration courte, avant de me décider à me lever. Il est encore tôt, et sans toutes ces histoires, je serais en train de me préparer pour me rendre au théâtre. À cette pensée, je réalise qu'après un tel scandale, il ne s'agit plus seulement de ma place dans False Contempt, mais de quelque chose de bien plus profond. Cette fois, c'est mon père qui a été attaqué, et je sais que Johansson comprendrait que je veuille prendre une journée sans compromettre ma place.

Mais je crains que les choses soient trop compliquées à gérer pour lui. Il serait dans son droit de ne plus me vouloir dans la pièce, ou pire... il pourrait même revenir sur son opportunité de produire sa comédie musicale dans le théâtre de mon père.

Mon ventre se noue. Sous mes pieds, le sol est froid. À l'extérieur, il fait frais aussi. Nous arrivons bientôt à mon anniversaire, presque au milieu du mois de novembre.

Je n'arrive pas à croire que les choses aient changés à ce point en si peu de temps.

Muse me sort de mes pensées en frottant sa tête contre ma cheville et en tournant autour de mes pieds. Je la regarde, puis elle lève la tête vers moi uniquement pour me miauler dessus. Je m'accroupis pour pouvoir la caresser, un léger sourire sur les lèvres. Une petite boule de poils... je comprends mieux pourquoi Sacha a pris la décision d'adopter un chat. C'est presque aussi efficace qu'une séance chez le psy'.

Quand je rejoins le couloir, Muse dans les pattes, je tends l'oreille. Peut-être que Milo et Jade sont là. J'avance doucement quand j'entends des voix :

— Je ne sais pas si elle va manger, soupire Sacha.

Je m'arrête.

— Tu fais de ton mieux, lui répond Jade. Arrête de t'en vouloir.

— Si j'avais pas foutu la merde dans sa famille, ça ne se serait pas passé comme ça.

Une boule vient se loger dans ma gorge. La culpabilité est perceptible dans sa voix.

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