Supernova

Act. 22

Lorsque je me sens extirpée de mon sommeil, j'oublie presque où je suis. Pourtant, je suis bien dans ma chambre, là où je me suis endormie hier soir, mais il y a quelque chose de déconcertant avec le fait de me réveiller à côté de Sacha pour la seconde fois. Cette fois, je ne rêve pas. Il est bien là. Toute la nuit, comme si nous étions un couple, nous nous sommes enlacés inconsciemment. Je le sentais glisser sa main vers moi et m'attirer vers lui comme si de rien n'était. Et il me faudra du temps pour l'admettre, mais je le cherchais aussi dans mon sommeil.

Il y a longtemps que je n'avais pas reçu autant d'affection. Dormir avec Loris, c'est une chose. Il dort de son côté, moi du mien. Quand Yann dort à la maison, c'est pareil. Et j'ai beau prendre mes meilleurs amis dans les bras, ça n'a aucun rapport avec le fait de sentir Sacha contre moi. Peut-être parce qu'il n'a jamais été mon ami, qu'il ne le sera jamais, et qu'il est mon premier amour.

Je suis tentée de dégager les mèches de cheveux sur son front juste pour mieux voir son visage, mais je me résigne. Et je fais bien car il se réveille à peine quelques minutes plus tard. Il râle contre son coussin comme s'il avait senti que j'étais réveillée et en train de regarder mes réseaux sociaux. Il appuie la paume de sa main contre son front comme s'il avait mal, puis il ouvre un peu mieux les yeux et me regarde.

— La prochaine fois, rappelle-moi de ne pas acheter d'alcool.

— Deal, je réponds simplement en continuant à faire défiler des vidéos futiles sur mon téléphone.

— Pourtant, je n'ai pas bu énormément.

— Suffisamment, visiblement.

Je me demande soudainement s'il se rappelle ce qu'on a vécu hier soir. J'étais persuadée qu'il s'en rappellerait mais maintenant qu'il est éveillé, je n'en suis plus si sûre. Je verrouille mon téléphone et je le regarde.

— Tu te rappelles d'hier soir ? Je veux dire quand t'as décidé d'appeler Milo pour qu'il vienne te chercher et que tu ne l'as jamais fait, en fin de compte.

— Tu te demandes si j'attends toujours que tu me dises la vérité ? Oui Ivy, j'attends toujours que tu me dises la vérité.

Je plisse légèrement les yeux.

— Tu te rappelles de quoi d'autre ?

— Quoi, qu'est-ce que j'ai fait ?

— Rien. Je veux juste savoir de quoi tu te rappelles.

Il fixe le plafond et fronce légèrement les sourcils en réfléchissant. Il est mignon.

— Mes souvenirs s'arrêtent au moment où je me suis endormi. Je t'ai pris dans mes bras et après, plus rien.

Je mens :

— Tu te rappelles de tout alors.

J'omets évidemment de lui parler de ce qu'il a dit. De cette phrase qui m'a retourné le cœur encore et encore jusqu'à que je m'endorme. À cette volonté enfouie : celle qu'on s'aime. Il l'aurait voulu. Je me demande donc s'il m'aimait aussi.

Mais bon sang... si c'était le cas, il le cachait drôlement bien.

— Tu es d'humeur à dire la vérité, du coup ?

— Lâche l'affaire, Sacha.

Je me blottie sous ma couette en fermant les yeux. Je n'ai pas envie de penser à ça. Ça ne changerait rien de lui dire et je ne lui avouerais pas sachant que c'est ce qu'il lui faut pour qu'on finisse par coucher ensemble. Puis, depuis quand est-ce que j'ai décidé que ça arriverait ? On ne doit pas coucher ensemble. Je ne retomberais pas dans ce jeu puéril, c'est la pire idée qui soit. Se tourner autour, pourquoi pas. S'embrasser, allons-y... si ça peut lui permettre de tomber fou amoureux de moi.