Act. 30

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Mon père tente de me rattraper alors que je sors en trombe de la salle de spectacle, mes affaires dans les bras. Niall a évidemment décidé de reporter les répétitions des scènes dans lesquelles Sacha et moi jouons. Désormais, je ne sais pas quoi à m'attendre. Après une telle scène, je redoute la discussion que mon père entretiendra avec Johansson et Niall. Et si nous n'étions pas assez professionnels pour pouvoir jouer ensemble, en fin de compte ?

— Ivy ! crie mon père sur mes talons.

Heureusement que le théâtre n'est pas plein en journée.

— Tu me fais honte ! hurle-t-il.

Je ne m'arrête pas pour autant, prête à me casser d'ici. J'irai n'importe où tant que je pourrais être loin de lui. Je ne veux pas le voir, ni lui, ni personne.

— Ivy !

— Arrête de gueuler comme un malade ! m'écrié-je, à bout de nerfs, faisant volte-face.

Il semble tellement surpris par ma réaction qu'il s'arrête subitement.

— Si ce que je suis ne te plait pas, alors fous-moi dehors comme tu as foutu ton propre fils à la porte ! Si tu préfères prendre le parti d'un connard comme Sacha, qui fout délibérément la merde dans notre famille, alors lâche-moi et ne m'adresse plus la parole. Ça me fera des vacances.

— Je t'ai dit d'entretenir des bonnes relations avec Sacha uniquement pour que ta première vraie expérience soit agréable, uniquement pour que tu puisses réaliser...

Ton rêve, le coupé-je pleine de rage.

Il affiche une expression indignée. Puis il reprend plus calmement :

— Ton rêve, le tien Ivy.

Un rire nerveux m'échappe. Je ne sais plus si j'ai envie de me mettre à pleurer ou hurler sur toutes les personnes qui passeront devant moi.

— Ce que je suis et ce que j'ai traversé n'a jamais compté. Toutes les choses qui peuvent menacer ma réussite, tu t'en fous. Tu préfères ignorer mes problèmes, agir comme si tu ne me laissais pas le choix... Si je ne réussis pas, tu me détesteras comme tu détestes Jonah.

— Hé, Ivy... souffle une voix derrière moi.

Je reconnais immédiatement Mike bien que je ne me retourne pas pour le regarder. Il pose une main sur mon épaule. Mon corps tout entier tremble tant je suis contrariée.

— Je n'ai pas eu le choix pour Mila parce que tu m'as fait comprendre à l'instant même où tu as appris que j'étais enceinte, que ça ne serait pas une option. Pourtant, elle aurait pu grandir avec nous. Elle aurait pu être avec sa vraie famille, avec moi... 

— Tu l'as fait pour ton avenir. Tu pensais vraiment que j'allais accepter de te voir abandonner tous tes rêves pour un enfant alors que tu n'avais que dix-huit ans ?

— Je l'ai fait parce que j'étais terrifiée à l'idée que tu me détestes.

— Vas-y, dis que je suis un père horrible, s'énerve-t-il. Dis que je n'ai pas toujours tout fait pour tu réussisses, que je n'ai pas toujours voulu que tu deviennes une grande actrice.

Quel manipulateur...

— Tu as juste eu la chance de m'avoir. Estime-toi heureux que je sois passionnée par cet univers-là, car j'aurais déjà abandonné depuis longtemps sinon.

Je n'ai jamais autant méprisé mon père. De toute ma vie, je n'ai jamais eu aussi peu de reconnaissance à son égard. Je le regarde et je ne ressens que de la peine pour cet homme qui avait un rêve et qui a décidé de tout abandonner. Beaucoup de colère aussi, car il a été incapable de différencier son échec personnel de sa vie de famille.

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