Act. 34

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         Je suis une fille qui a toujours eu confiance en moi. Mais comme tout le monde, j'ai des moments de doute, des périodes où je peine à croire en moi, mais je parviens — la plupart du temps — à contrôler mes émotions. J'ai un fort caractère mais ces dernières années m'ont fragilisé. Je ne suis plus la jeune adolescente qui savait marcher le menton haut.

Bientôt deux ans après mon accouchement, je me sens misérable. J'aime travailler au théâtre et perfectionner mes compétences, mais je ne me sens toujours pas capable de briller sur scène. Je suis coincée, enfermée avec mes pensées et moi-même.

J'ai arrêté de compter le nombre de nuit où je me suis réveillée de ce rêve, celui où je voyais son visage. Les jours qui ont suivi sa naissance ont été atrocement difficile. Je devais me remettre de ma césarienne tout en sachant que ma fille était à quelques pas de là.

Et quand j'ai pu me lever, j'ai fait l'erreur d'y aller. J'ai traîné des pieds jusqu'à elle et je l'ai vue à travers la vitre, au milieu de tous les autres bébés. Emmitouflée dans une couverture pour bébé, celle que j'avais emmené pour l'accouchement. Elle porte un bonnet blanc. Elle est toute propre, si neuve. Elle gesticule doucement, les yeux entrouverts. Elle est calme.

Et si belle.

Je pourrais remettre ça sur la chute des hormones et ce fichu baby-blues, mais cette petite chose sait autant que moi que je ne pleure pas à cause des hormones, mais bien parce que je me sens horrible.

Pour autant, je ne la lâche pas du regard. Je sors de l'hôpital demain, je ne la verrai plus jamais après.

— Troublant tous ces bébés, hein ?

Je ne reconnais pas la voix de la personne qui me parle. J'essuie rapidement mes larmes et je dépose mon regard sur un homme qui m'est inconnu. Il se tient à côté de moi, les yeux rivés sur les nourrissons. Il doit avoir dans la trentaine.

— Je ne vous connais pas.

— Oui, désolé, s'excuse-t-il sincèrement. Je disais ça comme ça.

Je ne réponds pas et je regarde de nouveau ma fille.

— Vous avez des enfants ? je me surprends à lui demander.

— Non, rétorque-t-il. Et toi ?

Il me tutoie sûrement du fait que je suis jeune.

— Je... oui.

C'est étrange de l'avouer. Je m'attends à ce qu'il fasse une réflexion sur mon âge, mais il n'en fait rien.

— C'est elle, juste ici.

Il la regarde à son tour.

— Elle est adorable.

— Et vous, vous ne voulez pas d'enfants ?

— Si, bien sûr. Plus que jamais, en fait. Mon mari et moi cherchons à adopter.

Il me regarde et m'adresse un doux sourire. Mon cœur se met à battre plus vite. Je ne réponds pas, déstabilisée.

— Et comment elle s'appelle, cette petite ?

J'ai le regard fuyant. Je rêve de pouvoir partir en courant, chose qui ne m'arrive pas souvent. Toutefois, je prends une seconde et je regarde ma fille. Elle gigote doucement dans son berceau d'hôpital.

Pendant toute la grossesse, je me suis efforcée de ne pas réfléchir à son prénom. Peu importe mon choix, sa première identité serait x. Pourtant, je sais exactement celui que je lui aurais donné comme prénom :

SupernovaWhere stories live. Discover now