Act. 1

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        Ma vie entière repose sur les comédies musicales. Le matin quand je me réveille, je vis au rythme de Funny Girl. Depuis que je sais marcher, je vis avec Fanny Brice dans les veines. Indépendante, déterminée, une femme qui veut atteindre le sommet malgré le monde qui lui hurle qu'elle n'est pas assez belle pour devenir une star. Son choix crucial entre sa carrière et sa vie amoureuse.

La seule différence entre Fanny et moi est simple, j'aurais choisi sans la moindre hésitation ma carrière. Pas le temps pour les amants, pour les disputes et pour les hommes à l'égo trop étroit qui ne peuvent pas supporter une femme plus brillante qu'eux.

J'ai besoin d'un homme capable d'assumer mon caractère et ma lumière. C'est la raison pour laquelle mon père m'a toujours répété que je finirai seule.

Je n'ai qu'à finir seule, ce n'est pas une fin en soi. Je suis une artiste, je n'ai pas besoin de quelqu'un pour m'aimer. Je suis amoureuse de la vie, des notes de musique, des projecteurs sur la scène et des rues animées de Broadway. Je suis embrassée tous les jours par l'excentricité du spectacle.

Pourtant, je pleure à chaque interprétation de People, quand Fanny — à condition qu'elle soit bien choisie — chante de tout son cœur. Je fonds en larmes à chaque fois que Nick se met à lui hurler à la figure en pleurant à chaudes larmes.

Dans le fond, je suis une sentimentale. Le seule problème, c'est que ma vie n'est pas dictée par Hopelessly Devoted to You, mais par Don't Rain on my Parade...

J'aime Grease, ne vous méprenez pas. C'est juste que Funny Girl l'emporte toujours.

Il y a quelque chose de plus dans le fait de jouer sur scène. Quelque chose que la caméra ne peut pas capturer. La spontanéité du moment, la musique jouée par un orchestre.

Comme beaucoup, je me suis retrouvée dans ce milieu parce qu'un de mes parents est aussi amoureux de cet univers. En l'occurrence, c'est mon père qui m'a initiée. Ma mère adore ça aussi, mais plus modérément. Depuis que je suis gamine, je regarde des comédies musicales.

Petite, je trainais dans les pattes de mon père lorsqu'il était au travail, à me faufiler entre les décors et à regarder en douce les répétitions des acteurs. La première fois que je me suis retrouvée sur scène, j'ai su que je mourrais sous les projecteurs. Ça a été plus qu'une révélation : j'étais née pour performer, pour interpréter, pour chanter.

Tous les soirs après le lycée, je fonçais au théâtre de mon père. J'aidais au décor, je regardais les costumes... je les essayais, parfois.

Ma mère m'a toujours dit que j'avais un don et pour être totalement honnête, je suis d'accord avec elle. Dieu m'a donné un coup de pouce mais la vérité, celle que les gens ne voient jamais vraiment, c'est que je bosse comme une acharnée depuis toujours. J'ai vu une professeure de chant pour apprendre à gérer ma voix. J'ai pris des cours de danse. J'ai couru à Central Park un nombre incalculable de fois pour améliorer mon physique. J'ai assisté à des cours de théâtre.

Tout ce que je suis aujourd'hui est le résultat de ma détermination, vous comprendrez donc que je choisisse ma carrière si j'étais à la place de Fanny.

J'ai déjà joué dans des comédies musicales. Petites certes, mais des comédies musicales quand même. Les planches de Broadway m'ont déjà rencontrée et je sais que les gens ne me reconnaissent pas comme la fille du gérant d'un des plus grands théâtres de Broadway, mais comme une jeune femme talentueuse.

Je sais aussi que je fais la fierté de ma famille. Mon père est le gérant d'un théâtre uniquement parce qu'il n'a pas pu devenir acteur. C'était le choix par dépit pour pouvoir rester dans ce monde et se faire une place. Ses problèmes de santé ne lui ont jamais permis d'avoir l'endurance et le physique suffisant pour faire des comédies musicales. Ça demande beaucoup de rigueur et de dynamisme.

SupernovaWhere stories live. Discover now