Act. 12

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Il se peut que Sacha et moi avons eu un creux, alors j'ai décidé d'aller discrètement nous cuire des nouilles instantanées. Dans la cuisine, pendant que l'eau bouillait, je me demandais comment était-il possible qu'il soit dans ma chambre en ce moment même et pourquoi j'ai accepté de partager un moment comme ça avec lui, mais même si je suis convaincue de ne plus être amoureuse de lui... la gamine de dix-sept ans l'était. Et quoi qu'il arrive, il sera toujours mon premier amour. Et jusqu'ici, il est même le seul que j'ai aimé, il y a donc des choses que je suis incapable de refuser.

Je lui mets des baguettes car je me rappelle qu'il sait manger avec, là où je prends une fourchette car je n'ai jamais été capable de manger correctement avec des baguettes. Je prends les deux petits pots en carton une fois que j'ai refermé l'opercule et ajouté les épices. Sur la pointe des pieds, je rejoins ma chambre en essayant de faire le moins de bruit possible.

Mon cœur rate un battement quand Déborah sort de sa chambre. Quand elle me voit, elle affiche un air dubitatif. Elle me regarde moi, puis les deux pots de nouilles que je tiens entre mes mains.

— Tu crèves la faim à ce point ?

— Yann est resté dormir.

— Hm.

Elle pousse la porte des toilettes sans se soucier davantage de moi. Je pousse un léger soupir et j'appuie sur la poignée de ma chambre avec mon coude. J'entre rapidement puis la referme avec mon pied.

— Déborah est réveillée ?

J'acquiesce d'un signe de tête. Je me débarrasse les mains puis je tourne le verrou.

— Qu'est-ce que tu lui as dit ?

— Que Yann était resté dormir.

— Pas con. Il a passé la soirée ici ?

— Oui.

Je m'installe en tailleur sur mon lit puis je me mets à tourner les nouilles.

— Je vois que tu sais cuisiner.

— Fous toi de ma gueule, je t'en prie.

Il rit.

— Pourquoi tu n'as jamais parlé de ce qui s'est passé entre nous à Yann et Loris ? me demande-t-il.

Étrangement, je me retrouve à lui répondre naturellement :

— Parce que je voulais que ça reste entre toi et moi. C'est que tu voulais aussi, non ?

Il hausse les épaules.

— Moi, je n'en n'ai jamais parlé, mais parce que je n'ai jamais eu beaucoup d'amis.

— Toi, pas beaucoup d'amis ?

— Tous les mecs que je fréquentais, ils étaient là le temps du lycée... à l'instant même où j'ai décollé pour la Californie, c'était terminé.

Après cette phrase, il goûte ses nouilles. Tout le temps qu'il prend pour les faire remonter jusqu'à sa bouche, concentré sur sa tâche, je le regarde d'un air triste. Quand il le constate, il fronce les sourcils :

— Quoi ?

— Non, rien.

Je prends une fourchette à mon tour.

— Et du coup, tu as rencontré Milo à LA ?

Il acquiesce.

— On s'est rencontrés à peine un mois après mon arrivée. Depuis, on ne s'est plus lâché.

— Et il a accepté de venir à New York avec toi ?

— Ouais. Il adore voyager et il voulait changer un peu de décor, alors on a eu l'idée de faire une coloc.

SupernovaWhere stories live. Discover now