Sing! [ADAPTATION] - TERMINÉE

By TeQuieroMaas

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× Je me souviens de la dernière fois où mon coeur s'est brisé. C'était devant un bol de soupe... × Sing! rac... More

CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29

CHAPITRE 25

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By TeQuieroMaas

J-36 avant la tournée

Le 7 août

– Ce truc est infernal.

Lodovica est accroupie dans le jardin, à côté d'une grosse tondeuse toute rouillée, qu'elle a couchée sur le côté. Elle a les mains noires de graisse, et il y a de grosses taches sur son jean ainsi que sur sa joue, là où elle a repoussé une mèche de cheveux derrière son oreille.

Je sors du studio de Ruggero.

– Qu'est-ce que tu fais ?

Il s'est écoulé plus d'une semaine depuis que Sebastian est reparti, et j'ai passé presque tout mon temps chez Ruggero, en compagnie de Lodo et de Fred, ou sur le bateau. J'ai discuté au téléphone avec Jorge il y a quelques jours, et on s'est mis d'accord pour sortir mes nouvelles chansons sur un EP en même temps que la tournée. On va diffuser « Anchors » pendant la dernière semaine de répétition, ce qui devrait suffire à susciter l'anticipation des fans. Depuis que tout est bouclé et que je ne cherche plus à composer d'autres titres, j'ai pu me détendre et profiter de mes dernières semaines ici. C'est d'autant plus important que mon avenir avec Ruggero est toujours incertain. On n'en a pas vraiment parlé, mais ma question demeure en suspens entre nous, telle un secret ou un courant électrique qui ne cesse jamais.

– Papa m'a dit que si j'arrivais à trouver d'où vient la panne, il m'achèterait les pièces nécessaires à la réparation, répond Lodovica sans lever les yeux.

Elle est trop occupée à démonter les entrailles métalliques de la bête dans un grand bruit de ferraille.

– Comme ça, tu pourras t'en servir ! lance Ruggero depuis la douche en plein air.

Lui-même a entrepris de remplacer un des tuyaux qui fuyaient.

– Pas question ! rétorque Lodovica. Je me contente de bidouiller. C'est déjà pas mal.

Je déplie une chaise longue, à laquelle il manque quelques lattes en plastique. J'arrive à m'installer confortablement malgré tout et croise les chevilles. Je plisse les yeux et regarde Lodovica s'acharner contre le fouillis de câbles et d'engrenages de la tondeuse. Avec son air concentré et sa mâchoire décidée, elle ressemble beaucoup à Ruggero quand il travaille sur le bateau.

– Ça te plaît bien de bricoler, non ? dis-je.

Lodovica pousse un grognement et plonge la main dans sa boîte à outils.

– C'est toujours mieux que de rester à bronzer sans rien faire, répond-elle d'un air exaspéré. Les filles de ma classe passent leur été à glander au soleil. C'est nul.

– Tu n'aimes pas aller à la plage ?

– Ah, mais je ne te parle pas de la plage ! Elles vont toutes squatter chez Mercedes Lambre. C'est la grosse maison au bout de la péninsule. Elle a une immense terrasse en bois, alors elles s'alignent bien sagement sur leurs serviettes et elles se font rôtir comme une brochette de saucisses.

La douche émet un couinement quand Ruggero l'allume pour tester le nouveau tuyau. Je l'entends rire doucement.

– Je n'exagère pas ! insiste Lodo. Franchement, je suis pressée de me tirer d'ici.

J'attrape mes lunettes de soleil, qui étaient posées sur ma tête, et les mets sur mon nez.

– Où est-ce que tu comptes aller ?

– Peu importe, répond-elle en serrant un boulon à l'intérieur de la machine. Dès que j'aurai fini le lycée, j'irai retrouver maman. Ou alors, j'irai peut-être à l'université si je suis acceptée.

– Si tu es acceptée ? intervient Ruggero, qui sort de la douche en s'essuyant les mains sur son short. Ça fait déjà des années que tu prends des cours par correspondance avec la fac locale. Je suis sûr que tu n'auras que l'embarras du choix.

Lodovica grogne de plus belle sous l'effort qu'elle fait pour séparer deux pièces de métal. Elle a le regard perdu dans le vide, comme si son corps était là mais que son esprit s'en était déjà détaché. J'admire sa faculté de concentration.

– Ça vous dirait d'aller manger une glace ? lance Ruggero avant de rentrer dans son studio pour aller changer de t-shirt. C'est moi qui régale.

Je me lève d'un bond et m'étire les bras, le visage offert au soleil.

– Oui !

– Lodo ? Tu viens aussi ? demande-t-il.

Elle fait la sourde oreille pendant quelques secondes avant de jeter sa clé à molette

sur la pelouse.

– Bon, d'accord. De toute façon, il faut que je lise le mode d'emploi. Avec un peu de chance, il sera en japonais. J'ai commencé à apprendre, déclare-t-elle avant de rentrer dans la maison.

J'éclate de rire. Ruggero me prend la main et m'entraîne vers le pick-up. Il s'assied sur le capot, et je viens me caler entre ses genoux.

– Tu commences à avoir des taches de rousseur, dit-il en me tapotant le nez avec un sourire malicieux.

J'écarte sa main en faisant semblant de râler.

– Les magazines vont pouvoir s'en donner à cœur joie.

– Moi je trouve ça mignon, si ça peut te rassurer, murmure-t-il.

– Merci, dis-je en l'embrassant.

– Bon, alors. Où est-ce qu'on va ? demande-t-il en se reculant pour s'adosser au pare-brise.

Je saute sur le capot à côté de lui.

– Manger une glace en ville, non ?

Il me prend la main et observe nos doigts entremêlés.

– Je parlais de ta tournée. Elle commence bientôt, non ?

– Oui. Je pars dans six jours.

Mon estomac se noue à cette idée, et je suis prise d'un soudain vertige. Ça m'arrive de plus en plus, ces derniers temps, même si j'essaie de ne pas trop y penser.

– Et le premier concert, c'est où ?

– LA, mais je passe d'abord par New York pour les répétitions.

– Cool, lance-t-il. Ça me laissera le temps de me familiariser avec tout ça.

Je me tourne brusquement vers lui.

– Hein ? Quoi ? Ça veut dire que tu viens ?

Il me sourit d'un air amusé.

Si ton offre tient toujours, répond-il en haussant les épaules.

– Oui ! je m'écrie avant de me ressaisir et de feindre une indifférence blasée. Hum, enfin... pourquoi pas, si tu penses que ça te ferait plaisir.

Ruggero éclate de rire et me serre contre lui de toutes ses forces. Une joie pétillante me réchauffe tout entière.

– Mais... et le bateau ? Sans parler de Lodo et ton père. Ils vont se débrouiller, sans toi

?

Ruggero fait tourner son bracelet de corde autour de son poignet.

– Ils ont leurs petites habitudes, maintenant. Je les gêne plutôt qu'autre chose.

J'étudie son visage.

– Tu es sûr que l'île ne va pas te manquer ?

– Oh si ! L'île va me manquer mais, comme tu l'as dit, elle sera toujours là à mon retour.

Je pose une main sur la manche de son t-shirt tout doux et me penche pour l'embrasser.

– Je croyais qu'on s'était mis d'accord : pas de câlins en public ! râle Lodovica en s'approchant du pick-up. Ne m'obligez pas à vous séparer.

Ruggero me prend la main.

– J'aimerais te voir essayer, tiens...

– Valentina, c'était phénoménal !

Je repose ma guitare sur mes genoux et bois une gorgée d'eau. Il règne une chaleur à crever dans la cabine, j'ai la gorge super-sèche. Jorge a réussi à me convaincre de donner quelques interviews radio à l'approche de la tournée. Alors qu'il fait un temps magnifique dehors, j'ai passé le plus clair de l'après-midi enfermée dans le petit studio de radio du lycée local, à alterner séances de questions-réponses et sessions live pour différentes stations pendant que Chiara et Carolina me font des grimaces, de l'autre côté de la vitre. J'ai joué « Anchors » au moins six fois, répété bien sagement les réponses approuvées par Jorge (« J'avais besoin de prendre du recul, ça m'a fait un bien fou, » et « Je suis super- impatiente de reprendre la route et de revoir mes fans ! ») et n'ai confondu les prénoms des différents animateurs qu'à deux reprises.

Celui qui vient de m'adresser ce compliment s'appelle Joey Z, de Tucson, Arizona. On dirait un écureuil sous speed tellement il parle vite. Il enchaîne à une vitesse hallucinante les questions habituelles au sujet du nouvel album, de la rupture et de mon exil volontaire loin de la civilisation. Puis, alors que l'interview touche à sa fin, il me prend au dépourvu.

– Alors, Valentina, parlez-nous un peu de ce fameux Ruggero, chuchote-t-il d'un air théâtral. J'imagine que c'est lui, l'ancre de votre chanson ? D'après ce que j'ai vu, on dirait qu'il vous a effectivement hypnotisée.

Je sens la transpiration perler sur mon front. D'après ce qu'il a vu ? J'entends frapper à la vitre et, en levant les yeux, aperçois Chiara qui me montre l'écran de son téléphone.

Sur le site d'un tabloïd en ligne, on voit une photo de Ruggero, Lodovica et moi en train de manger une glace en ville, hier. Je regarde Ruggero en souriant tandis que nous marchons main dans la main. Lodovica est un peu à la traîne, concentrée sur son cône.

– Valentina, insiste Joey Z d'un air malicieux. Vous n'auriez pas une petite confession à nous faire ?

Je me détourne du micro pour prendre une longue respiration. Normalement, je ne parle jamais de ma vie privée sans m'être mise d'accord avec Jorge sur ce que j'avais le droit de dire. Et puis, ça ne m'était encore jamais arrivé d'être prise en photo avec quelqu'un alors que je ne m'y attendais pas. Jusqu'à maintenant, chaque fois que je me suis promenée main dans la main avec un nouveau garçon, c'était parce que je voulais rendre notre relation publique. Je sais déjà que la marche à suivre serait de nier en bloc et de prétendre que Ruggero est un ami de la famille, par exemple.

Pourtant, je ne peux m'y résigner. Je ne trouve pas les mots ni l'intonation soigneusement neutre que j'adopterais dans ces cas-là. Pourquoi me cacher ? Ruggero n'a rien à voir avec mes copains précédents. Il n'a pas d'agent ou de manager. Ici, on est un couple comme les autres, tout simplement. Alors pourquoi devrais-je me compliquer la vie ?

J'adopte un ton léger et insouciant.

– Écoutez, Joey, vous savez bien que je ne suis pas du genre à me vanter mais... Disons que c'est quelqu'un à qui je tiens beaucoup, et j'espère que vous pourrez tous faire sa connaissance très bientôt.

Joey Z pousse un hurlement de joie qui fait grimacer Chiara et Carolina.

– Est-ce que ça veut dire qu'il va vous suivre en tournée cet automne ?

Carolina est déjà au téléphone, et Chiara s'est assise, la tête entre les mains. En toute logique, je devrais déjà paniquer, pourtant je me sens merveilleusement soulagée, comme si mon cœur jusque-là enchaîné était désormais libre.

– Rien n'est encore certain, mais je peux déjà vous dire que ça me ferait très plaisir s'il décidait de venir.

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