Sing! [ADAPTATION] - TERMINÉE

By TeQuieroMaas

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× Je me souviens de la dernière fois où mon coeur s'est brisé. C'était devant un bol de soupe... × Sing! rac... More

CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29

CHAPITRE 23

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By TeQuieroMaas

J-46 avant la tournée

Le 28 juillet

– Répartissez bien votre poids sur vos pieds. Ils doivent être stables et fermement ancrés au sol.

Carolina, Chiara et moi sommes debout sur la terrasse – dans la posture de la montagne, plus précisément – tandis que Sol nous dirige, dos à l'océan, sa longue tresse ramenée devant une épaule. Je tente de me concentrer, mais en vain. Je tiens à peine en place.

– En trouvant votre équilibre, vous allez vous sentir en paix avec vous-même.

Je m'esclaffe un peu trop fort, et Carolina me donne un coup de coude.

– Désolée, dis-je en baissant les mains. De toute ma vie, je ne me suis jamais sentie aussi peu paisible ou équilibrée.

Sol ouvre les yeux.

– Vous voulez qu'on reporte cette séance ?

Je lui adresse un sourire reconnaissant, mais Carolina intervient.

– Pas question. Si Valu veut se morfondre et se lamenter, elle n'a qu'à aller s'isoler. Nous, on fait du yoga.

Chiara me jette un coup d'œil contrit et je vais m'installer sur la balancelle. Carolina n'a pas mâché ses mots, mais elle n'a pas tort. À leur retour, hier soir, j'ai passé la moitié de la nuit à leur raconter en boucle tout ce qui s'était passé : le dîner chez Ruggero, l'apparition surprise de Sebastian, notre journée à la plage, les billets d'avion pour Bali et la visite de Ruggero.

Elles ont fait preuve d'une patience exemplaire pendant que je ressassais tout ça en me demandant si je devais rester sur l'île avec Ruggero ou repartir avec Sebastian et lui accorder une seconde chance.

Elles m'ont écoutée et m'ont posé des questions, mais ont refusé de me donner le moindre conseil. Je me suis rendu compte que leur silence était lourd de sens. Ça ne leur fait pas plaisir de me voir prisonnière d'une énième tragédie romantique. Quand Sol est arrivée ce matin, après le petit déjeuner, et qu'elle nous a proposé une séance de yoga, on est toutes tombées d'accord sur le fait que j'avais besoin de me changer les idées, mais ce ne sont pas quelques salutations au soleil qui vont m'aider à démêler mes sentiments.

– Je vais faire un tour, dis-je en me levant.

Elles sont dans la posture du chien, tête en bas. Chiara me fait coucou d'une main en prenant bien soin de ne pas perdre l'équilibre, et Sol m'adresse un sourire à l'envers. J'emprunte le chemin qui mène à la plage et m'assieds en haut du petit escalier de bois. Là, je ferme les yeux et j'écoute le fracas régulier des vagues. Je me suis toujoursfélicitée de ma faculté à trancher rapidement, sans regrets. C'est une question de survie, en fait. Quand on doit prendre mille décisions par jour, on n'a pas le temps ni l'énergie de réfléchir trop longtemps à chacune d'elles.

Ici, en revanche, j'ai tout le temps que je veux. J'en viens presque à souhaiter que les circonstances soient moins tranquilles – que quelque chose vienne me pousser dans une direction ou une autre.

Dans trois semaines, je dois rentrer à New York pour commencer les répétitions en vue de la tournée. J'avais prévu de rester sur l'île jusqu'au bout, avec mes amies et avec Ruggero. Je ne me sens pas encore prête à partir, mais vraiment pas. On commence tout juste à prendre notre histoire au sérieux, Ruggero et moi. Je ne sais pas ce qui va se passer à mon départ – ça me fait trop mal d'y penser –, mais je ne m'envisage même pas d'écourter le temps qui nous reste. Ça me paraît complètement absurde de m'envoler pour un pays lointain en compagnie de quelqu'un d'autre.

Sauf que Sebastian n'est pas simplement « quelqu'un d'autre ». Et puis, il m'a dit tout ce que je voulais entendre. Il n'a pas exigé de décision définitive de ma part. Tout ce qu'il m'a demandé, c'est une chance de voir si nous pouvons renouer avec nos sentiments, si nous avons toujours un avenir ensemble.

Les coudes sur les genoux, je me prends la tête entre les mains et serre les poings sur mes cheveux. Quand il s'agit de concerts et d'interviews, de ma musique ou de ma carrière, je sais exactement ce que je veux. Par contre, dès qu'il est question d'amour, je me retrouve dans la peau de la pauvre ado maladroite qui avait besoin qu'une amie lui montre comment s'habiller et se comporter.

– Je suis sûre que ce n'est pas si terrible que ça.

Je redresse la tête. Sol est venue me rejoindre, un verre de thé glacé dans chaque main.

– Je me suis dit que tu devais avoir soif, à force de communier avec la nature.

Je prends le verre qu'elle me tend. Les gouttes de condensation sont fraîches contre ma paume. Je me décale pour lui faire une place.

– Tu veux t'asseoir ?

Sol s'installe à côté de moi et contemple l'océan. Il y a quelque chose de merveilleusement réconfortant chez elle. Je ne sais pas si c'est sa respiration lente et posée ou la calme maîtrise qui transparaît dans chacun de ses mouvements, mais je comprends pourquoi Carolina l'aime autant.

– C'est mon heure préférée, déclare-t-elle au bout d'un moment. Juste avant que le soleil se mette à chauffer pour de bon. J'ai toujours l'impression qu'il y a de l'énergie dans l'air – que tout est sur le point de changer mais que rien n'a encore eu lieu.

J'observe les hautes herbes qui ondulent dans le marécage, les arbustes qui bruissent, les baïnes qui scintillent. Sol a raison. Autour de nous, le monde est en train de s'accorder, tel un orchestre géant prêt à jouer au premier coup de bâton du chef.

– Ça doit être chouette de connaître un endroit par cœur, comme ça.

– Oui, c'est super. J'ai beaucoup voyagé et j'ai vécu à droite et à gauche pendant quelque temps, mais je n'ai jamais trouvé d'autre lieu qui parle la même langue que moi, comme cette île. Je sais que ça doit te paraître hippie-youpi...

J'éclate de rire.

– Complètement hippie-youpi, oui !

Sol me sourit, et on regarde l'océan à perte de vue dans un silence confortable.

– Tu as toujours su que tu reviendrais sur l'île pour de bon ?

– Non, répond-elle. D'ailleurs je n'en suis toujours pas sûre. Ça fait partie des choses que j'adore, ici. Il ne se passe jamais rien en hiver, donc tout le monde s'en va à un moment ou à un autre, au moins pour quelques semaines. Je trouve que c'est un bel équilibre. Ça permet d'aller voir ailleurs, d'explorer d'autres horizons avant de revenir au port. C'est un peu comme une grande respiration. On s'habitue à s'en aller pour mieux rentrer à la maison.

– Je ne sais pas... dis-je en faisant tourner le verre entre mes paumes. Je passe mon temps à m'en aller. Je ne suis pas sûre de m'y habituer un jour.

Sol se tourne vers moi. Ses yeux sont d'une belle couleur ambrée.

– Peut-être que c'est rentrer à la maison qui te pose problème – littéralement ou métaphoriquement.

– Si seulement je le savais !

Je pousse un soupir et regarde les marches de bois sous mes pieds, ensevelies sous le sable par endroits. Un petit nuage d'insectes passe devant Sol, qui les chasse d'une main.

– Je ne sais pas quoi faire, dis-je doucement. C'est ridicule, je m'en rends bien compte. Si je suis venue ici, c'était justement pour échapper à ce genre de prise de tête, or me voilà de retour à la case départ.

– Ce n'est pas vrai, objecte Sol. Tu n'as peut-être pas encore trouvé toutes les réponses que tu cherchais, mais je pense que tu en sais plus que tu ne crois.

– Comment ça ?

Sol me sourit gentiment.

– Tu sais quoi faire, Valentina. Le truc, c'est que tu attends que ça devienne plus facile. C'est tout.

– Et quand est-ce que ça va devenir plus facile ?

Elle baisse les yeux sur son verre et fait tinter les glaçons dans son thé.

– Jamais.

                                                                                xoxoxoxo

Je vois la voiture de Sebastian au bout de la courte file d'attente pour embarquer sur le ferry. Je frappe à la vitre teintée et monte du côté passager.

– Salut ! dit-il en posant son téléphone sur la console centrale et en baissant le volume de la radio. Je commençais à croire que tu ne viendrais pas.

Je regarde droit devant moi. Le ferry entre doucement dans le port, grouillant de touristes venus là pour la journée et qui grimacent face aux rayons du soleil, accompagnés de chiens à la langue pendante.

– Où sont tes bagages ? reprend Sebastian.

Je baisse les yeux sur mes mains.

– Je suis désolée, dis-je.

– Tu ne viens pas, articule-t-il presque comme une question, comme s'il croyait à une plaisanterie.

Je prends une longue inspiration.

– Je ne peux pas. Ce n'est pas ce qu'il me faut.

– Comment ça ? demande-t-il froidement.

Sebastian n'aime pas beaucoup ce qu'il appelle « les palabres à la sauce sentimentale ». Comme moi, il a appris à prendre des décisions sans tergiverser et sans rien regretter.

Quand il a un projet, il s'y tient. Ce n'est pas tant qu'il fait la sourde oreille aux élans de son cœur – je dirais plutôt qu'il ne prend pas toujours le temps de les écouter.

Je lui explique patiemment.

– Eh bien, j'ai fait beaucoup de chemin pour en arriver ici.

– Où ça, « ici » ? s'esclaffe-t-il.

D'un geste théâtral, il désigne le parking, les pick-up d'où dépassent du matériel de plage, des planches de surf et des cannes à pêche. Je crispe les mains sur mes genoux. Les fils qui dépassent de mon short en jean me chatouillent les poignets.

– J'avais l'impression de faire du sur-place, d'écrire toujours les mêmes chansons... Maintenant que j'ai réussi à me sortir de cette ornière, je ne veux surtout pas y retomber. Je crois que, si je suis ici, c'est pour une bonne raison.

– C'est à cause de ce mec, là ? Celui avec qui tu étais l'autre soir ?

C'est la première fois que Sebastian me parle de Ruggero depuis qu'ils se sont croisés devant le cottage. Je pensais qu'il s'empresserait de me poser des questions, mais jusqu'ici, il ne m'avait même pas demandé comment il s'appelait. Je me décale un peu sur mon siège, mal à l'aise.

– En partie, mais pas seulement. J'aime bien la personne que je suis redevenue ici. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien quelque part – depuis que j'étais gamine, en fait.

Sebastian hausse un sourcil.

– Et qu'est-ce qui va se passer quand tu vas repartir, à ton avis ? Tu crois qu'il va t'accompagner en tournée ?

– Je n'en sais rien. Il est peut-être temps pour moi de poser mes valises, de m'enraciner quelque part. Ça me ferait peut-être du bien de faire un break, un vrai.

– Un break ? Tu veux dire : arrêter de faire la musique ?

– Peut-être, pour un temps. Toutes mes relations se sont terminées à cause de ma carrière ou de la carrière de quelqu'un d'autre. Depuis que je suis ado, tout ce que je fais – toutes les décisions que j'ai dû prendre – tourne autour de ma musique, de mon métier. J'étais contente de pouvoir me déconnecter de tout ça, un peu. Alors voilà... si je n'arrive pas à être heureuse et à faire de la musique en même temps, à quoi ça rime ?

Sebastian me dévisage comme si j'étais une extraterrestre.

– À quoi ça rime ?

Il se penche vers moi et pose une main sur mon épaule, comme s'il me croyait sur le point de tomber et qu'il voulait me retenir. Il est si près que je n'ai pas d'autre choix que de soutenir son regard.

– Valentina, tu n'as pas le choix. Ta voix, tes chansons... ça fait partie de toi. Tu auras beau te réfugier au fin fond du bout du monde, tu n'arriveras jamais à te défaire de ce don. Si tu ne trouves pas un moyen d'exprimer ta musique tout en ayant quelqu'un dans ta vie – qui que ce soit, d'ailleurs – tu ne seras jamais heureuse...

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