Posté sans correction, j'ai passé la matinée à finir le chapitre, je sature un peu.
Jeudi 20 Avril.
Je serre longuement Rowan contre moi, puis notre étreinte se relâche. Mes mains viennent encadrer son visage, baigné de larmes, et je les essuie de mes pouces. Je m'approche, amorce un baiser mais il me repousse aussitôt.
Je comprends qu'il est pris d'un haut le coeur, et le laisse passer tandis qu'il sort de la cabane précipitamment. Quelques secondes plus tard, il rejette le contenu de son estomac sur l'herbe, se penchant par dessus la rambarde de la terrasse.
- Dans quel état tu t'es mis, tu aurais dû venir me voir...soupire Colin.
Il lui tend une bouteille d'eau et Rowan s'en empare. Il se rince la bouche et boit quelques gorgées.
- Qu'est-ce que tu as bu ?
- Whisky.
- Quelle quantité ?
- Je sais pas...
- Suffisamment pour avoir du mal à tenir son équilibre. Je crois qu'on va passer la nuit ici. Dis-je
- Non, on rentre, là on est au milieu de nulle part, s'il nous fait un malaise, je veux pouvoir l'emmener à l'hôpital rapidement.
- Tu as raison, c'est plus prudent.
- Je vais chercher ses affaires, je ferme et on y va.
Colin s'exécute et ressort quelques secondes plus tard, un sac de randonnée sur le dos et une valise à la main.
- Il a sifflé presque la moitié de la bouteille...quatre bons verres. Tu m'étonnes qu'il soit dans cet état.
Chaîne et cadenas bloquant à nouveau la porte, nous sommes prêt à partir. Passant chacun un bras de Rowan autour de nos épaules, nous le soutenons et commençons la marche. C'est un peu fastidieux de parcourir le sentier de cette façon, il faut vraiment s'assurer de bien poser nos pieds.
- Rowan, est-ce que ça va ? Tu nous dis si tu as envie de vomir. Demande son aîné
- Ça va. Je suis désolé, j'ai abusé, je ne peux même pas marcher tout seul...
- Ça me rappelle des souvenirs quand ado, je devais venir te chercher après certaines fêtes un peu trop arrosées. Tu m'appelais au secours...
- Il venait toujours...il est tellement gentil. Tu es gentil Colin, très gentil.
Il tente de l'embrasser sur la joue, mais son frère l'évite.
- Tu m'embrassera plus tard si tu veux, mais là tu as une haleine qui pique les yeux.
- C'est vrai, désolé je dois sentir le vomi et l'alcool.
- Il y a des chewing-gum à la menthe dans la voiture et quand on sera rentré, tu te lavera les dents et tu prendra un bon bain. Jérémy s'occupera de toi.
- Merci, toi aussi t'es gentil alors que moi je t'ai menti, je t'ai quitté, je suis parti...je t'ai fait du mal.
- Non mon amour, c'est pas toi qui m'a fait du mal, ne pense surtout pas ça. On parlera de tout ça quand tu auras les idées plus claires. Ça va aller. Je vais prendre soin de toi.
***
La marche à été plus longue et plus compliquée qu'à l'aller mais nous avons fini par regagner tant bien que mal la voiture, juste avant l'averse. Colin à pris le volant et moi je me suis installé derrière, avec Rowan qui s'est immédiatement blotti contre moi. Dix minutes plus tard, il dormait. Et il à fait ça tout le trajet.
Nous sommes enfin de retour et ma montre affiche vingt-et-une heures douze. Colin m'explique qu'il se gare derrière l'hôtel, pour qu'on emprunte l'entrée privée. Il vaut mieux éviter que des clients voit Rowan dans cet état.
Tandis que je l'aide à sortir de la voiture et à grimper les trois étages qui le sépare de son appartement, son frère se charge des bagages.
Il les laisse dans l'entrée et me dit :
Je vous laisse, je vais vous faire monter de quoi manger.
- Merci.
Il ferme la porte, et j'entraîne mon homme jusque dans sa salle de bain. Il commence par se laver les dents, même s'il recommencera après dîner et je fais couler un bain en attendant.
La baignoire remplie, je vais aider Rowan qui bataille à présent, avec les boutons de sa chemise.
- Merci de prendre soin de moi, je suis désolé que tu m'est trouvé ivre et si peu présentable.
- Qu'est-ce que tu racontes, c'est normal que je prenne soin de l'homme que j'aime.
Je fais tomber sa chemise au sol et m'attaque à la ceinture qui retient son jean.
- D'habitude, j'ai l'alcool joyeux, je pensais qu'en me saoulant, j'aurais moins mal...mais ça n'apaisait rien...alors j'ai continué à boire...
Une de ses mains se place sur mon épaule pour se tenir en équilibre et l'autre, descend pantalon et boxer. Il gigote un peu pour libérer ses pieds, puis se penche pour retirer ses chaussettes.
- Oh la tête me tourne.
- Laisse-moi faire.
Je m'accroupis et il se tient à mes épaules pour lever alternativement pieds droit, pied gauche.
- Voilà, on y est.
Je me redresse et l'aide à entrer dans la baignoire mousseuse. Il s'assoit et se lave corps et cheveux, un peu maladroitement. Je suis éclaboussé plusieurs fois. Il s'allonge ensuite quelques minutes et je le laisse se détendre. Je finis par l'aider à en sortir alors qu'il était près à s'endormir de nouveau et le rhabille d'un t-shirt caleçon.
Après ça, il me faut insister pour le faire manger. Un lavage de dent ensuite, puis je le mets dans son lit. Il ne se passe pas cinq minutes qu'il s'endort déjà en position foetale. Je me couche près de lui et d'un bras affectueux, entoure sa taille. C'est à ce moment là que je laisse enfin mes larmes couler. J'ai lutter toute la fin de journée pour qu'il ne me vois pas faiblir mais le voir en si grande souffrance était douloureux. J'avais mal de le voir si malheureux et j'ai encore mal. Les gouttes qui ruissellent sur mes joues sont sans doute aussi dû à la tension qui me ronge. La nuit va certainement me détendre, j'en ai bien besoin. Je ne suis que tristesse et colère. Même le bonheur de retrouver mon homme à été sali par les manigances de ma fille.
****
11h00
Vendredi 22 Avril
Ma nuit a été plus douce et réparatrice que la dernière. Je me suis réveillé un peu plus calme qu'hier soir. Rowan lui dort encore, il avait vraiment besoin de sa grasse matinée.
Allongé à ses côtés sur le lit, portable en main, je mets au courant Valentine et Lily que j'ai réussi à mettre la main sur Rowan. J'appuie sur la flèche pour envoyer le SMS.
-Bonjour...
Je pose mon téléphone sur la table de nuit et répond me tournant vers cette douce voix.
-Hé bonjour, comment ça va ce matin?
-Mieux qu'hier. Ça m'a fait du bien de dormir. Et de te voir surtout...
-Je comprends que tu te sois senti piégé et je ne t'en veux pas tu sais, mais pourquoi tu m'as pas parlé mon amour...
-Au début, je pensais qu'elle bluffait, qu'elle voulait me faire peur. Puis quand j'ai vu son billet de bus. J'ai compris qu'elle était sérieuse. Si je te parlait ou si je partait pas, elle aurait disparu pour toujours, je ne pouvais pas te priver de ta fille. Je ne voulais pas briser ta famille...
-Je suis désolé que tu es eu à vivre ça, j'étais loin d'imaginer qu'elle était capable de tant de méchanceté. Je vais pas laisser passer ça. J'ai été le père le plus compréhensif, le plus patient, et le plus naïf qui soit mais c'est terminé. Il y a une chose qu'Éva n'a pas compris, quoi qu'elle en dise, tu es ma famille, tout autant qu'elle. J'espère qu'elle n'aura pas réussi à détruire ton envie d'être avec moi, parce que je t'aime et te perdre, ça me briserait.
-Personne ne pourrait détruire ça, mais si elle fugue?
-Elle le fera pas. Je lui ai clairement dit que sa fuite ne me ferait rien puisque qu'elle m'avait déja brisé le coeur...j'ai senti dans son regard que mes mots avaient fait leur effet. Évidement je le pensais pas vraiment mais ça, elle en sait rien.
-C'est dur...
-Comme la blessure que j'ai ressenti et la peine qu'elle t'a causé.
-Mais si malgré ça, elle part quand même ? Qu'elle disparaît ? Tu finiras par m'en vouloir...peut-étre même par me détester.
-Je la chercherais. Je ne te le reprocherais jamais. Je ne suis pas responsable de son comportement et toi non plus. Elle ne partira pas de toute manière. Elle a ancré que quoi qu'elle tente, je ne te quitterais pas. Et surtout qu'un nouvel acte contre nous, pourrait bien abîmé notre lien père-fille à jamais.
-Tu crois qu'un jour elle pourra m'apprécier ?
-J'en suis sur. Elle te déteste pas personnellement. Toi ou un autre, elle aurait agi pareil. Elle m'en voulait surtout à moi. Comme tu le sais pour mon passé avec sa mère et aussi parce qu'elle ne s'attendait pas à un coming out mais à une remise en couple avec Val.
-Elle pensait que vous alliez vous remettre ensemble ?
-Oui, Valentine était souvent avec moi après mon voyage, pour m'inciter â te dire ce que je ressentais, pour me consoler quand j'ai cru que t'étais pas intéressé... Alors Éva à pensé que c'etait réparti entre nous, surtout qu'elle était présente quand j'ai annoncé la grande nouvelle.
-Je vois.
-Est-ce que malgré tout ça, tu veux encore rester avec moi?
-Bien sur que oui. L'idée de ne plus jamais te revoir, de te perdre m'était insupportable. Je suis fou de toi...
Des larmes s'échappe de ses yeux, et je les essuie aussitôt, ma main gauche caressant son visage
-Mon amour, ne pleure pas, je suis là, c'est fini. Je t'ai trouvé. La cabane c'était pas vraiment une bonne cachette...
-Je crois qu'inconsciemment, je voulais que tu me retrouves.
-J'aurais jamais cesser de te chercher. Allez viens là que je te fasses un gros câlin.
Je lui ouvre les bras et il vient s'allonger sur moi, nichant sa tête contre ma nuque.
-Quoi qu'il se passe, ne me caches plus rien. Que ça concerne Éva ou pas. Parle-moi.
- Je le ferais. Je me suis laissé terrorisé par ta fille et j'ai manqué de courage pour l'affronter, je suis desolé.
- Stop je ne veux plus entendre de désolé, de je m'excuse, de pardon. Ils n'ont pas lieu d'être.
Ses lèvres embrasse ma nuque, ma joue droite, puis enfin ma bouche. Le premier baiser depuis nos retrouvailles. Il s'écarte peu après puis se plonge dans mon regard bleuté.
- Et, " Je t'aime", j'ai le droit ?
- Sans modération. Je t'aime aussi mon amour.
- Je suis trop bien dans tes bras, mais si on descendait pour un brunch, j'ai beaucoup trop faim.
- Bien sur mais je dois d'abord te dire quelque chose.
- Oui ?
- Je suis venu avec les filles, Val est en vacances avec Dan et il était hors de question que je laisse Éva sans surveillance.
- Je comprends.
- Lily va garder un oeil sur elle ici. Je ne suis pas prêt à retrouver la même relation qu'avant avec elle. Je ne vais certainement pas t'imposer sa présence non plus. Ce temps va n'être consacré qu'à nous deux, à ma grande un peu aussi. Éva, elle, va en profiter pour réfléchir à ses actes, pour regretter. Elle va apprendre à mûrir un peu.
- J'espère que ce sera le cas.
- Ça ne fait aucun doute.
- Tu disais manquer de courage, mais tu n'as cesser de me montrer le contraire tout au long de notre relation. J'ai pu avoir peur te perdre mais maintenant pas une seconde. Tu prends le risque de te brouiller avec ta fille pour moi, qu'elle preuve d'amour quand même...
- Je n'attendais que toi pour m'épanouir, je ne vais pas faire machine arrière. Je ne perdrais ni toi, ni ma fille. Tu as fais grandir l'homme que je suis et ensemble, en famille, on fera grandir la femme qu'elle sera. Peu importe les obstacles. Je me sens plus fort que jamais avec toi.
-Tu veux pas que je pleure mais c'est si beau ce que tu dis...
- Je crois que tu avais besoin d'entendre à quel point je tiens à toi.
- Je sais même plus quoi dire. Je suis trop ému.
- Tes yeux parlent pour toi, il n'y a rien à ajouter. On va manger?
Il pose un baiser sur mes lèvres et sort du lit. Quelque seconde plus tard, nous sommes prêt à descendre, main dans la main.