« Merci beaucoup et n'hésitez pas à revenir nous rendre visite ! » s'exclama avec joie Dézelle qui nous saluait pour la dernière fois.
Une fois avoir traversés les multiples ponts, nous étions définitivement sortis du village Piaf. La température pouvait en témoigner. Link semblait avoir retrouvé sa bonne humeur. Il marchait, la tête haute, d'ailleurs, une idée devait se cacher derrière celle-ci. D'un coup, il pivota vers moi, un petit sourire en coin.
« Je n'ai pas eu le temps de vous remercier, ma salvatrice! » laissa-t-il s'échapper en venant m'offrir un baiser sur la main.
J'écarquillai des yeux et sentis un étrange frisson traverser mon dos. Je fis un pas en arrière, surprise par le contact de ses douces lèvres sur ma paume. Link ne put s'empêcher de m'offrir un adorable sourire qui au fils des jours, me faisait de plus en plus d'effet. Il reprit ma main afin de me rapprocher et vint poser ses deux mains sur ma taille. Je me sentis aussitôt fondre dans son emprise mais, essayai de ne rien laisser paraître. Depuis la soirée passée avec Link dans la hutte de Revali, certains sentiments s'étaient ouvertement manifestés chez moi, malgré le fait que j'essayai de les cacher.
« Mais sérieusement, T/P, merci. Je suis très content de t'avoir comme— amie. » il laissa sortir ces doux mots d'une voix si grave avant de me faire un câlin. « Oui— une amie. » répéta-t-il faiblement avec difficulté.
Je le serrai à mon tour, le cœur battant à mille à l'heure. Cet héros avait officiellement fait chavirer mon cœur, pourtant, je n'arrivais pas à accepter cette chose qui grandissait en moi. Je profitai de notre étreinte pour lui voler la tablette Sheikah. En passant, ma main effleura la certaine partie sensible de mon coéquipier. Je ramenais rapidement ma main vers moi et lui fis les gros yeux, sentant mes joues prendre feu. Il s'en rendit compte lui aussi et m'observa avec un regard joueur.
Mais que s'était-il passé chez lui? La situation, déjà très gênante aurait dû le rendre aussi mal que moi, du moins, c'est ce que le Link que j'avais rencontré sur le plateau aurait pensé. Il m'aurait fait l'une de ses remarques tout en rougissant. Pourtant, Link m'observait ainsi, un vilain sourire s'étirant sur ses lèvres. L'avait-on drogué?
« Alors ça—» commença-t-il avant que je ne pose ma main sur sa bouche, afin qu'il se taise.
Je l'a retirai rapidement, me rendant compte de ma folie, puis étant vaincue par la honte, je baissai le regard. Arrg— tout cela me rendait folle. Mes oreilles pointues brûlaient, mais à un point de non-retour, mon estomac se tordait dans tous les sens, que se passait-il non d'Hylia? Normalement, je n'en n'aurai pas fait tout un plat. Normalement, ses petites taquineries amicales m'auraient faites rire— était-ce même amical?
« Tu me rends folle espèce de Link. » maudis-je à voix haute et en tapant du pied.
Je réalisai une fois de plus ma bêtise et voulus m'enterrer vivante, j'avais atteint le niveau de honte final. Un petit gloussement me ramena à la réalité. De ses magnifiques doigt, il leva ma figure afin que mes yeux rencontrent les siens. Cette fois-ci, il m'offrit un innocent sourire. Nous restâmes ainsi de longues minutes. Doucement, son regard s'approchait du miens. Son emprise étant toujours sur mon menton, j'étais incapable de bouger. Même si à l'extérieur je semblais détendue, à l'intérieur, tout était en train d'exploser. Link allait-il—?
Deux hennissements arrêtèrent soudainement Link dans sa folle course. Il cligna plusieurs fois des yeux, avant de séparer la distance qui se trouvait entre nos deux visages. Ses joues finirent aussi rouges que les miennes. Il venait donc enfin de réaliser ce qu'il faisait. De toute manière, il n'était pas sérieux— n'est-ce pas?
« L-la prochaine fois, T/P, fais attention. Je ne pourrais pas supporter de te perdre. » me dit-il avec honnêteté. Il avança sa bouche vers mon oreille et me chuchota « Si tu continues à être imprudente ainsi, je vais devoir te punir. » il attrapa de même la tablette de mes mains puis monta sur Épona.
Je restai là pétrifiée par ses paroles qui avaient soudainement fait augmenter la température de mon corps. Que venait-il de dire? Non, ce n'était pas Link— depuis quand était-il si— vilain!
D'innocents gloussements me tendirent encore plus. En plus il trouvait ça drôle? Savait-il l'effet que ses mots avaient sur moi?
« Rooh, je rigolais, allez, en scelle, nous partons. » Je plissai du nez en essayant de retrouver un sourire.
« Nous n'avons alors pas le même genre d'humour.» rétorquai-je sérieusement avant d'éclater de rire.
Voilà— tout était redevenu normal, de la taquinerie amicale, rien de plus. C'était parfait, non? Link et T/P, les héros d'Hyrule— rien de plus. Sous ses mots, mon cœur se tordit de douleur. Mais qu'est-ce que cet idiot de Link m'avait fait?
« Parce que je tiens à toi T/P! »
Ce firent les mots qui avaient fait débordé mon vase. Ce firent les mots qui me firent douter de tous les moments de taquineries que nous avons passé. Et si Link était sérieux depuis le tout début?
Je tournai le regard vers le suspect, qui observait la carte, perdu. Il était l'Élu, tout le monde le répétait. Il n'avait pas de temps pour jouer aux enfantillages avec moi, qui était personne. N-non ce n'était que du jeu, afin de faire passer le temps. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c'est vrai que ça faisait passer le temps. Nous n'étions que deux bons amis, une équipe. À la fin, lui et la princesse se marieront et règneront sur ce beau royaume.
Malgré tout, ça faisait un peu mal, mais je n'avais pas le droit de le dire. Si je le faisais, c'était point de non-retour.
« Regarde T/P. Une tour! » s'exclama mon ami, tout excité.
Je lui offris un petit sourire, décidant de laisser de côtés ces longues pensées. Depuis le début, je réfléchissais trop, ce qui causait tous les problèmes.
« Dis Link, tu me permets d'aller l'activer? Je vais pouvoir essayer la rage de Revali. » le suppliai-je en venant à ses côtés.
Il fronça un sourcil sous le nom du Prodige Piaf avant de m'observer indécis. Il finit bien par accepter sous ma mine de chien battu. Je m'empoignai de la tablette avant d'observer le haut de la tour. Je pliai légèrement des genoux avant d'essayer de concentrer toute ma force vers le sol. Quelques lumières bleues commencèrent à virevolter autour de ma personne puis, un énorme courant se leva, m'élevant dans les cieux. Je vis rapidement, le fantôme du Prodige Revali m'aider à m'élever dans le ciel. Il me fit rapidement un clin d'œil.
Je m'envolai bien plus haut que prévu. Heureusement, avec l'aide de la paravoile, j'atterris saine et sauve sur le sommet de la tour. La vue était magnifique mais je ne m'attardai point et me dirigeai vers le socle orange. Ça allait être la première fois que j'activerai quelconque technologie Sheikah. J'en tremblais presque. Je déposais délicatement la tablette sur son socle. Elle ne réagit pas au premiers abords et j'en plissai des yeux. Je n'avais aucune chance avec cette technologie. J'arrivai presqu'à croire qu'elle était uniquement réservée à la princesse d'Hyrule et au Héros.
Après quelques secondes, le mécanique s'activa enfin et une goûte aussi rouge que le sang tomba sur la tablette, faisant un petit écho. La couleur avait passé de bleu avec Link à rouge avec moi. Tout était tout à fait normal— n'est-ce pas?
Comme si ce n'était pas assez, je vis au loin plusieurs mouvements. Je vis les plusieurs autres tours virer au bleu et ainsi s'activer. Je restai bouche bée puis récupérai rapidement la tablette avant de m'élancer dans le vide vers Link. Il nourrissait paisiblement nos juments tout en parlant avec deux inconnus.
« Mais vous n'allez tout de même pas vous aventurer là-bas! Personne ne revient vivant de ces bois. » s'exclama un jeune homme assez mince aux cheveux bruns.
« Merci pour votre aide, et ne vous en faites pas pour nous, nous aimons le danger. » répondit calmement Link en montant sur Épona, il me vit du coin de l'œil puis me sourit.
Sans faire d'histoires, je montai sur Moona puis sourit à ces deux voyageurs. Le brun restait toujours aussi étonné par ce que Link lui avait dit alors que l'autre m'observait durement. Son regard me glaçait le sang et Link sembla le remarquer. Il m'observa avant de déglutir.
« Je vous souhaite une bonne route. » finit-il avant d'ordonner à Épona d'avancer, je fis de même.
Je sentis le brûlant regard de l'inconnu sur mon dos ce qui me rendis encore plus mal à l'aise. Une fois assez loin, je pris le temps de respirer un bon coup.
« C'étaient qui ces deux types? » lui demandai-je d'une voix tremblante.
« Deux voyageurs qui se dirigeaient vers le village Piaf. Je leur ai demandé s'ils connaissaient la direction précise des bois perdus. Ils m'ont alors dit qu'ils se situaient au Nord du château d'Hyrule. » m'expliqua-t-il tendrement.
J'hochai de la tête, n'arrivant pas à m'ôter de la tête l'image de cet inconnu. Son regard était si vide. Qui sait ce qu'il aurait pu faire si nous étions seuls. Je frissonnai à l'idée puis comme une idiote, je perdis le contrôle de Moona. Je finis le derrière sur le sol. Gentil comme il l'était, Link s'élança vers moi, légèrement inquiet.
« Je vais bien. » ne réussis-je qu'à dire.
« Il est loin maintenant. De plus il ne t'aurait rien fait. » dit-il comme s'il avait lu dans mes pensées. Il m'aida à me relever et vint dégager les mèches qui cachaient mon visage. « Cela devait faire longtemps qu'il n'avait pas vu une aussi jolie fille. » ria-t-il.
Je vins le repousser gentiment tout en riant, même si au fond j'avais aimé ces mots. Venait-il d'avouer qu'il me trouvait jolie?
« Allez reprenons la route petit charmeur. »
Il me lança un sourire en coin avant de reprendre place sur sa jument. Je profitai du moment pour observer la carte. J'avais activé la tour ou du moins visiblement plusieurs tours, donc à quoi ressemblait la nouvelle carte. J'écarquillai des yeux sous la vue de la carte complète d'Hyrule. J'avais donc activé toutes les tours— mais comment?!
« Link, regardes ça, je pense bien que j'ai brisé le système. » celui-ci me regarda perdu puis prit l'engin. Il me regarda surprit et rit.
« Bah merci bien, ça nous fait moins de travail. Tu vois tu peux être utile quand tu le veux. » je roulai des yeux puis nous reprîmes officiellement la route.
-~-
La nuit était tombée depuis plusieurs heures et les yeux de mon ami devenaient de plus en plus lourds. Je souris devant la situation. Cette fois-ci les rôles s'étaient inversés.
« Fatigué? » demandai-je en avançant à son niveau.
Il n'hésita pas à hocher de la tête ce qui me surprit. Nous installèrent alors rapidement un petit campement. D'ici nous ne pouvons pas encore voir le château, ni sont aura maléfique, j'en déduis donc que nous étions en sécurité. En effet, la majortié des monstres devaient se situer près du château afin de protéger leur maître ultime, Ganon.
Après avoir rapidement mangé, Link s'endormit à mes côtés, un petit sourire satisfait aux lèvres. Je commençai d'ailleurs à avoir chaud, la tenue Piaf commençait à sérieusement me déranger. J'aurai dû, tout comme Link me changer avant de partir. Les Piafs nous avaient offerts de nous laver et de nous ravitailler avant de quitter, c'est là que Link s'était changé.
Je l'observais, afin d'être sur qu'il dormait, puis me changeai rapidement. Après tout, il faisait si sombre, personne ne pouvait me voir. Une fois avoir enfilé ma tenue Hylienne, je replaçai mes précieuse dagues à ma ceinture. C'est alors que j'aperçus au loin du mouvement. J'arrêtai tout geste, afin de ne pas attirer l'attention de la potentielle chose. Malheureusement, pour je ne sais quelle raison, la chose s'approcha. Je n'arrivai pas à bien la distinguer, mais elle était énorme. Je donnai un coup de pied à mon coéquipier, afin qu'il comprenne que nous étions dans le trouble. Il râla quelques mots mais sans plus.
Soudainement, plusieurs lumières m'éblouirent. C'est alors que je compris que nous étions confronté à un gardien. Les horribles machines qui avaient tué plusieurs Hyliens il y a cent ans. Son œil mécanique rencontra le miens et mon cœur s'arrêta. Une lumière apparut sur mon torse et je compris que si je ne bougeais pas, j'étais morte. Je m'empoignai rapidement de Link avant de le pousser le plus loin possible. Le tir atterrit au sol et créa une énorme explosion. Link se réveilla finalement et comprit vite que nous étions en danger. Lorsqu'il vit l'automate, il m'ordonna de monter sur Moona. Combattre cette chose était du suicide. Je fis comme demandé, sous la panique. Nos juments avaient bien beau être rapides, mais le gardien l'était aussi. Cela devait faire un bon kilomètre que nous fuyions la chose et toujours rien. Elle était déterminée à en finir avec nous. Le château apparut alors au loin. Mes calculs étaient donc faux, nous y étions proche depuis le début. Tout était de ma faute. Je gardai pourtant ma colère à l'intérieur, ne voulant pas encore plus alarmer ma pauvre Moona. Malheureusement, celle-ci commença à perdre de la vitesse. Link s'éloignait au loin et le gardien se rapprochait. Sous toutes les émotions qui me traversaient, je réussis à attacher ma sacoche au dos de Moona puis lui caressai la crinière une dernière fois. Je m'élançais alors rapidement du dos de ma jument pour atterrir devant le gardien. Je vis Moona disparaître au loin et réalisai que j'étais seule. Je sortis mes dagues et observai la machine qui s'arrêta nette devant moi. Elle resta là sans ne rien faire quelques secondes. Mon cœur battait à cent à l'heure. Non je n'avais pas peur...
Plusieurs autres monstres s'approchèrent de nous sans toutefois ne rien faire. Je n'y comprenais plus rien mais j'étais prête à me battre. Son œil de la mort s'enclencha alors sur moi et je me positionnai en position de défense. Quand son laser éclata vers moi, je le détournai avec mes dagues, désormais brûlantes. Le coup l'avait touché et pourtant il était encore début, encore plus furieux. J'étais moi-même étonnée que ça ait fonctionné. Le gardien laissa alors échapper un horrible cri et bien vite une dizaine de gardiens m'entouraient. Une goûte de sueur s'écroula sur mon front. J'étais faite! Je ne pourrai pas me battre contre onze d'entre eux en même temps. Pourtant, comme Link l'avait fait plus tôt, je ne laissai pas ma peur paraître, ce qui était nouveau. Je sentais le courage couler en moi. Je m'attendis au pire quand une lumière dorée vint éclairer la nuit. Lumière provenant du château en personne.
La princesse Zelda.
Elle m'envoyait de l'aide, ce que je lui en fus infiniment reconnaissante. Soudainement, tous les gardiens semblèrent être tombés dans un profond sommeil et les monstres avaient complètement disparu. L'apaisant silence de la nuit avait prit le contrôle. Tout en tremblant, je me retournai vers le sombre château et remerciai sa princesse. Son pouvoir dorée provenant de la Déesse était bien plus puissant que je pouvais le croire.
Je ne savais pas combien de temps ils allaient rester ainsi. D'une minute à l'autre, ces automates pourraient très bien se réveiller, mais je n'arrivais pas à bouger. Je fermai donc les yeux et sentis mes muscles me lâcher. Je m'écroulai à genoux tout en respirant lentement.
Des applaudissements me firent lever la tête et j'aperçus au loin un inconnu m'observer. Son froid regard et son sadique sourire firent en sorte que je le reconnus rapidement. C'était l'inconnu que nous avions croisé plus tôt.
« Mais comment— » commençai-je quand une liquide au goût de fer s'échappa de ma bouche, me levant ainsi le cœur.
Ma tête commença alors à tourner et je ne pensais plus clairement.
« Tu ne mérites que cela espèce d'ordure. » me cracha une voix remplie de haine dans l'oreille.
Mon corps suivit par la suite le mouvement de sa dague ronde qu'il récupéra, tâchée de mon sang. Tout s'était produit si rapidement, je ne comprenais plus rien. À bout de force et perdant trop de sang je m'écroulai au sol, vaincue par cet inconnu qui m'en voulait pour je ne sais pas trop quoi.
J'observai le sombre ciel étoilé tout en essayant de respirer. Son horrible visage apparus dans mon champs de vision et il me sourit.
« Tu n'aurais pas du revenir. Ta mort était beaucoup plus loyale il y a cent ans. »