Irwène
Cette soirée, officiellement je ne m'en souviens plus. Officieusement j'aimerais ne plus m'en souvenir. Je sais qu'après tout ça Taylor m'a ramené chez moi et que Léo a coupé les ponts avec Luc. Point final.
Ça fait quelques jours que ça s'est déroulé et quelques jours que je ne vais plus avec eux le soir. Je rentre chez moi, je me couche et c'est tout. Malheureusement tout ne peut pas se dérouler comme prévu, c'était sans compter ce petit manque que je ressens, ce petit manque d'alcool, de cigarette et de cannabis. Ce manque qui devient un peu plus pressant de jours en jours mais je tiens. Il faut je tienne. J'ai pris conscience d'un truc à cette soirée, j'étais en train de déconner. Et de déconner bien profond.
Je finis mon thé en regardant les nuages du haut de ma fenêtre quand mon téléphone se met à vibrer sur la table à côté. Je recule en posant ma tasse et répond.
-Allô ?
-Irwène ? C'est Julie.
J'esquisse un sourire.
-Julie, comment vas-tu ?
-Ça va, ça va, je voulais te demander si t'étais libre aujourd'hui, parce que je suis de passage à Los Angeles pour un reportage d'Antoine mais je vais m'ennuyer.
Je consulte ma montre, il est 11 heures.
-J'ai un jour de repos aujourd'hui, ça tombe bien, on mange ensemble ?
-Pas de problème, on se retrouve dans le centre ?
-Je m'habille et j'arrive.
Je finis ma tasse.
-A tout de suite !
Elle raccroche et je pose mon téléphone à côté de ma tasse vide avant de filer à la douche.
***
Au loin j'aperçois la belle Julie et m'empresse de la rejoindre au pas de course.
-Désolée du retard, j'ai un ... ami qui m'a appelé et on a un peu discuté.
En l'occurrence cet ami est Adam et j'ai appris par la même occasion qu'il s'était remis avec Flora. Génial.
-Ne t'inquiète pas ça ne fait pas longtemps que je suis là.
Elle me fait la bise et me regarde. Elle penche sa tête légèrement sur le côté et fronce les sourcils.
-Ça va ? Tu as l'air ... changé.
Je lui souris pour la rassurer, pas question de lui raconter mes histoires, si j'ai accepté de la voir c'est en parti pour pouvoir fuir toute cette merde, pas besoin de m'enfoncer encore plus.
-Ah bon ? J'ai peut-être grandi ?
Je ris légèrement et elle me sourit.
-Allez viens j'ai trouvé un petit restaurant pas loin.
Elle me prend la main et me tire dans une rue.
-Alors ça va avec ton Antoine ? je la taquine.
Elle me lance un regard amusé.
-Un ange cet homme, je te jure il est ... beau, gentil, cultivé, attentif, mon dieu je crois bien que je suis amoureuse ! s'exclame t-elle.
J'éclate de rire en rentrant dans le restaurant. On s'installe en terrasse il fait très beau.
-Et toi alors ? Ton stage se passe bien ?
Je retire mes lunettes de soleil et me passe une main dans les cheveux.
-Oui, j'aime beaucoup, je ne regrette vraiment pas d'avoir pris mon réalisateur favori. Travailler à ses côtés est une bénédiction, j'apprends beaucoup.
Un serveur arrive, déposant un verre de vin blanc devant nous. Julie le remercie tandis que je fixe le verre avec appréhension.
-Tu t'es fais des amis ?
Je relève mon regard.
-Oui, deux, Léo, le fils du réalisateur et Taylor, une perchiste.
-Oh Léo ...
Elle me fait un clin d'œil en riant.
-N'importe quoi, je retiens un rire, il veut surtout recoucher avec l'autre stagiaire, Samantha.
-Recoucher ?
J'hausse les épaules.
-De ce que j'ai compris c'est son ex, mais ils ont une relation bizarre.
Elle soupire.
-Bon ...
Son verre se lève.
-A cette merveilleuse journée !
Je souris tandis qu'elle trempe ses lèvres dans son verre et je contemple le mien, comme s'il allait se briser dans mes mains. Une petite gorgée ne peut pas faire de mal, juste un petit peu, histoire de ne pas gâcher.
-Tu n'aimes pas le vin blanc ?
Je relève ma tête vers elle.
-Si si pardon, j'étais partie dans mes pensées.
Sans réfléchir plus longtemps je bois une gorgée et mon corps se détend. Je l'ai fais et ce n'est pas si terrible, un verre ne peut pas me faire de nouveau tomber dans ma spirale infernale.
-Et toi alors ? j'enchaîne pour combler ce blanc, professionnellement t'en es où ?
Elle me sourit en reposant son verre.
-Marine, tu sais la femme d'Hugo ?
-Lloris ?
Elle hoche la tête.
-Elle est toujours en lien avec son ancien agent de mannequinat et elle m'a demandé si ça m'intéresserait.
-Pour devenir mannequin ? je lui demande étonnée.
-Tout à fait ! Ça m'a fait plaisir qu'elle pense à moi. Depuis la fin de la série dans laquelle je jouais j'enchaîne quelques petits rôles mais je ne m'épanouie pas du tout, je m'ennuie et je t'avoue qu'à force, les fins de mois sont pas top, je suis contente de pouvoir enfin me poser avec un contrat en poche.
Je trempe une nouvelle fois mes lèvres dans mon verre.
-Toi d'ailleurs financièrement ça va depuis ... ?
Depuis Benjamin, c'est ce qu'elle allait dire. J'hausse les épaules.
-J'ai vendu l'appartement pour acheter plus petit et mes parents m'envoient un peu d'argent. J'ai toujours travaillé au début donc j'ai un peu d'argent de côté et dans pas longtemps je vais rentrer sur le marché du travail alors je ne me fais pas vraiment de soucis.
-N'hésite pas au cas où.
Je secoue la tête.
-Ne t'inquiète pas, je ne veux pas être dépendante de quelqu'un.
Rectification, je ne veux plus être dépendante de quelqu'un, j'ai trop donné avec Benjamin, c'est fini, ça fait trop mal.
Je crois que je préfère être dépendante de quelque chose, au moins, une chose ne peut pas vous lâcher.
Benjamin
Couché dans mon lit je réfléchis au sens de la vie. Ça ne me ressemble pas d'être inerte comme je le suis depuis plusieurs jours mais j'ai vraiment envie de ne rien faire. Mon arrêt a été annoncé par le club et ça n'a pas vraiment fais de vague, personne ne me l'a reproché, tant mieux. Avec les gars de l'équipe de France on se retrouve à la fin de la semaine pour un gala ou un festival, je ne sais pas trop, je ne m'y suis pas vraiment intéressé, c'est un truc auquel on est convié tout ça parce qu'on est champion du monde et comme ça ne se déroule pas sur un terrain de foot je dois bien entendu être présent.
Je soupire en entendant mon téléphone sonner et me redresse en tailleur.
-Oui ?
Je me frotte les yeux agacés, j'aurais peut-être dû regarder qui m'avait appelé avant de répondre comme un débile, mais bon, maintenant que c'est fait.
-Benjamin.
Je reconnais immédiatement la voix de Julie.
-Julie ? je m'étonne.
Elle rit légèrement.
-Toi t'as pas regardé qui t'appelait.
-Nan effectivement.
Je n'essaye pas de lui faire la conversation parce que franchement, j'en ai pas envie.
-Qu'est ce que tu veux ?
-Waouh t'es pas de bonne humeur toi ... je viens te parler d'Irwène.
J'allais lui dire d'arrêter de se moquer de moi quand la mention de ce nom me stoppe.
-Comment ça ?
-Je l'ai vu aujourd'hui.
-Oui et ?
Je ne vois pas où elle veut en venir.
-Ben, elle va pas bien.
J'éclate de rire, un rire sans humour.
-Rassure-toi Julie, elle a l'air d'aller très bien. Elle s'éclate à son stage, elle est bien mieux.
J'aurais pu rajouter « sans moi » mais je me retiens, c'est moi qui ai voulu tout ça.
-Non t'as pas compris, elle ne va vraiment pas bien.
-Qu'est ce qui te fait dire ça ? je soupire en constatant qu'elle n'est pas prête de lâcher l'affaires.
-Elle a changé.
-Si tout le monde ne va pas bien parce que quelqu'un change alors le monde va très très mal Julie.
-Arrête de dire n'importe quoi et écoute moi.
Je souffle.
-Sois plus claire aussi, rien ne me prouve qu'elle ne va pas bien.
Elle me coupe.
-Elle a maigri et elle a d'énormes cernes sous les yeux. Et ça c'est ce qui est seulement visible physiquement, je ne te raconte pas l'odeur de clope imprégnée dans ses vêtements et sa grande méditation devant un verre de vin blanc comme si il allait lui sauter à la figure, et que dire de ses mains qui tremblent et qu'elle tente de piteusement cacher sous la table. Bordel Benjamin, elle fume comme un pompier, elle a un gros problème avec l'alcool et je crois bien que par-dessus le marché, elle se drogue ! Alors oui, elle ne va pas bien merde !
Sa voix était montée crescendo, jusqu'à crier ces derniers mots. Ces derniers me frappent de plein fouet, je n'arrive pas à croire ce que je viens d'entendre, c'est tellement ... contraire à tous ses principes.
-T'es sûre ? je demande d'une voix étranglée.
-Oui je suis sûre ...
Je me lève en passant une main rageuse dans mes cheveux.
-C'est de ma faute ?
-Le monde ne tourne pas autour de toi Benjamin Pavard mais ... c'est possible que tu en sois l'origine.
-Putain ...
-Il faudrait que tu lui parles.
Je secoue la tête dans le vide.
-Non, elle n'acceptera jamais et en plus je ne suis pas la meilleure personne pour lui parler, pourquoi tu ne l'as pas fais toi ?
-Elle se serait braquée ! Il faut que tu lui parles, quand elle rentre en France il faut que t'ailles la voir, c'est important.
Je serre mes poings.
-Je ... Je vais réfléchir, je te rappelle.
Je raccroche ne me mordant la lèvre et balance mon téléphone sur la commode. Je suis l'exemple de mon téléphone en me jetant sur mon lit dans un gémissement.
Je pense à Irwène. S'il y a encore quelques instants je me mettais des barrières pour la tenir loin de mon esprit, maintenant toutes mes barrières ont cédés.
Il faut que je lui parle.
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hello
je pense que ça sera le dernier chapitre avant deux semaines étant donné que je suis en pleines révisions et la semaine prochaine j'ai mon bac blanc :) joie et paix
bref je voulais vous prévenir pour pas vous laisser comme ça
j'essayerais tout de même d'écrire pendant mes révisions pour publier un max de chapitres après mon bac blanc
:)