Entre-Monde - L'envolée des T...

By Draganelia

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Les ailes des ténèbres s'étendent sur Entre-Monde. Le sauveur promis par la prophétie n'est pas arrivé à Elfi... More

Avant propos
La Carte de l'Entre-Monde
Préambule
Prologue
Chapitre 1 L'enfant
Chapitre 2 La lettre
Chapitre 3 Les Aïdems (1ère partie)
Chapitre 3 Les Aïdems (2ème partie)
Chapitre 4 Undĕwial
Chapitre 5 Le Miroir (1ère partie)
Chapitre 5 Le Miroir (2ème partie)
Chapitre 6 Andor (1ère partie)
Chapitre 6 Andor (2ème partie)
Chapitre 7 Ange la Rebelle
Chapitre 8 La Reine des Ténèbres
Chapitre 9 Litanie de souffrance
Chapitre 10 Morsure
Chapitre 11 A feu et à sang (1ère partie)
Chapitre 11 A feu et à sang (2ème partie)
Chapitre 12 Hasard épineux (1ère partie)
Chapitre 12 Hasard épineux (2ème partie)
Chapitre 13 Le réveil des Gardiens ? (1ère partie)
Chapitre 13 Le réveil des Gardiens ? (2ème partie)
Chapitre 13 Le réveil des Gardiens ? (3ème partie)
Chapitre 14 L'ombre se révèle (2ème partie)
Chapitre 15 Ensorcelé (1ère partie)
Chapitre 15 Ensorcelé (2ème partie)
Chapitre 16 Une question de temps (1ère partie)
Chapitre 16 Une question de temps (2ème partie)
Chapitre 17 Tout est prêt... (1ère partie)
Chapitre 17 Tout est prêt... (2ème partie)
Chapitre 18 L'atout de la différence (1ère partie)
Chapitre 18 L'atout de la différence (2ème partie)
Chapitre 19 L'Arearth (1ère partie)
Chapitre 19 L'Arearth (2ème partie)
Chapitre 20 Quand la vengeance réunit (1ère partie)
Chapitre 20 Quand la vengeance réunit (2ème partie)
Chapitre 21 Chaîne sous la tempête (1ère partie)
Chapitre 21 Chaîne sous la tempête (2ème partie) [corrigé]
Chapitre 22 L'Île de la Nature (1ère partie)
Chapitre 22 L'Île de la Nature (2ème partie)
Chapitre 23 L'Arbre aux Cœurs (1ère partie)
Chapitre 23 L'Arbre aux Cœurs (2ème partie)

Chapitre 14 L'ombre se révèle (1ère partie)

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By Draganelia

          La femme essayait de calmer le frisson qui montait le long de son échine et descendait sur son bras.

— Qui êtes-vous ? demanda le nain, en approchant son visage, dans l'espoir de discerner le sien, en vain.

— Personne, répondit-elle.

— Nous accompagnerez-vous à Andor ?

— Seul le temps décidera de la marche à suivre, Rowan.

Le regard de l'homme inspectait, sous toutes les coutures, ce corps mince.

— J'ai la nette impression de vous avoir déjà vu quelque part, chuchota-t-il en fronçant les sourcils, soupçonneux.

Un autre frisson là secoua, mais le nain ne le remarqua pas.

— C'est impossible. Nous ne nous sommes jamais rencontrés. C'est Githrandiar qui m'a parlé de vous.

           Un grand coup de vent, provenant de la porte qui s'était ouverte, fit tomber sa capuche, révélant un visage plus qu'angélique. Fin, blanc, lèvres écarlates et bien dessinées, yeux plus verts que toutes les émeraudes réunies, mais surtout, c'était la couleur de la chevelure de la jeune femme qui choqua, instantanément, Rowan. De toute sa vie, il n'avait vu cette couleur qu'une seule fois. Un rouge sang dans la pénombre, et un rouge éclatant, à la lumière des bougies. Il approcha sa main du visage rêvé et glissa ses doigts sur cette joue.

— Est-ce que...

— Nous ne nous connaissons pas. Si c'était le cas, pourriez-vous me dire mon nom ? Je suppose que non, n'est-ce pas ?

           La femme se détacha du nain, brusquement, et se cogna contre le bar. L'homme voulut l'aider, mais deux yeux rouges accueillirent froidement sa tentative. Elle se détourna de Rowan et quitta la taverne, en ayant remis sa capuche en place.

           La pluie continuait à tomber. Githrandiar et Ange s'éloignèrent du village, dans la terre boueuse, l'un à côté de l'autre. Leurs capes voltigeaient derrière eux, avec le vent qui s'engouffrait à l'intérieur.

           Rowan resta dehors, son corps en offrande à l'averse. Il revint dans La Taverne aux Loups, et se réinstalla à la table. Il sortit un morceau de parchemin jauni et écrivit, avec une encre sèche, quelques mots. Il se leva et reprit son manteau. Tout en saluant le cyclope, qui lui répondit en clignant de l'œil, les bras croisés sur le torse, il quitta le bar tonitruant.

            Il regarda une dernière fois le chemin qu'avaient suivi les deux personnages, avant de se diriger à l'opposé d'eux. Un léger sourire naquit sur ses lèvres, habituellement si taciturnes.

           Il observa le ciel, où un faible éclat de lune émergeait des nuages noirs. Une paix, la première depuis de longues années, s'empara de Rowan. Il se sentait bien et détendu, pourtant il ne s'engagerait pas dans un périple aussi saugrenu, en compagnie d'un magicien dont le seul pouvoir consistait à guérir des blessures d'enfants. Et surtout d'une vampire, loin d'avoir atteint la sobriété par rapport au sang.

           Il n'était pas mort lors de la destruction de la chaîne montagneuse. Il n'avait pas envie de finir sa vie dans une perspective désespérée. Plutôt continuer à vivre malheureux. L'espoir faisait trop souffrir, et il en connaissait un rayon.

            Lui, le nain qui avait subi une mutinerie de son peuple, et pourtant, il n'arrivait pas à leur en vouloir. C'était peut-être ça l'amour ? Sauf que personne ne lui partageait ce sentiment.

            Seule la solitude l'accompagnera, car Elle ne s'était jamais présentée et lui, n'avait plus la force de la chercher. Lâcher prise est toujours plus facile que de se battre.

           Le courage ne se manifeste qu'en de rares occasions. Et Rowan ne croyait plus en rien. Il était bel et bien devenu une ombre. Et cet éclat de lune le rendit complètement lucide du changement qui s'était opéré en lui durant ces années. Si la mort venait le frapper à l'instant, il l'accueillerait, presque, avec plaisir. Comme un vieil ennemi attachant.



           — Alors, qu'as-tu pensé de cette rencontre ? me demanda Githrandiar, essayant d'allumer un feu avec le peu de brindilles sec qu'on avait trouvé sur la route.

— Il voudrait que ça soit possible. Mais pas pour les mêmes raisons que nous. Il souhaiterait que tout redevienne comme avant. Mais c'est irréalisable, soupirais-je.

— Il ne voit pas les bons côtés de cette vie, murmura Githrandiar.

Il s'acharnait sur le bois et finit par abandonner. Il s'appuya contre la paroi de la grotte où l'on se trouvait, tout en mâchonnant, son éternel brin d'herbe.

— Parce qu'il y a de bons côtés ? remarquais-je.

— Évidemment. Le bonheur n'est pas infini ni énorme, mais sa forte présence semble invisible pour beaucoup de monde. Ce sont des petits plaisirs qui nous font avancer, la tête haute. Mais la plupart des gens n'ont pas conscience de ces pointes d'éclairages dans leur existence. Ils ne comprennent pas qu'un plat, de leur mets favori, constitue cette joie. Ce n'est que lorsqu'on perd ce que nous avons, que nous apprécions ce que nous possédons. Ainsi va la nature humaine. Elle aspire à toujours plus, et une fois obtenue, il en demande le double. Quelques fois, je pense que le bonheur des Entre-Mondiens, c'est seulement de courir à la poursuite de leur désir, mais une fois qu'ils l'ont, ils s'en lassent, et partent chercher « une autre félicité ». Rares sont ceux qui comprennent que les choses simples participent au bonheur.

— Tu ne vas pas me dire que tu te sens heureux ? m'exclamais-je.

— Bien sûr que je le suis. Pas besoin de rire et de sourire tout le temps pour l'être.

— Tu râles toujours pour un rien.

— C'est mon petit plaisir de la vie, plaisanta Githrandiar.

           La pluie continuait à tomber. Elle martelait les pierres de la grotte, en s'infiltrant sur les parois rocheuses. Par l'ouverture de l'abri, les gouttes prenaient une couleur noire diamantée. Elles étincelaient selon la lumière qu'elles recevaient. Je me levais, fatiguée d'être assise en face de Githrandiar.

           Je me souviens, encore aujourd'hui, à quel point j'étais faible avant ma transformation en vampire. Malgré l'orage qui arrivait au loin, cachant le peu de clarté du ciel, je devinais chaque détail de la forêt que je surplombais.

           J'ai toujours aimé les ondées grâce à leurs effets apaisants sur moi. Je sortis un peu plus pour sentir l'eau goûter ma peau et couler en cascade sur mes cheveux détachés.

           Qu'est-ce que la pluie ? Les larmes de joie ou de tristesse des nuages ? C'était un enfant qui m'avait posé cette question. J'avais ri sur le coup, mais moi-même, j'ignorais les raisons des sanglots de ces moutons volants.

           On m'avait appris, durant mon jeune âge, une histoire de soleil et d'évaporation qui s'accumulait dans l'air. Mais la petite fille que j'aimerais rester voudrait partager l'image des nuages qui pleurent de joie.

           Dans tous les cas, la pluie se déversait en une giboulée d'étoiles, où son gai refrain donnait dans la forêt, un récital. À chaque endroit où les gouttes tombaient sur le sol, une symphonie semblait se créer, écoutée de l'oreille la plus attentionnée par les êtres sous la terre et dans les feuilles.

           Le déluge cachait la lumière, pourtant, elle en devenait notre soleil quand l'ombre s'emparait de notre cœur.


          — Où allons-nous maintenant ? demandais-je, en même temps qu'un éclair blanc zébrait le ciel ténébreux.

— Je dois me rendre à Undĕwial, répondit Githrandiar, qui tentait d'allumer le feu, une nouvelle fois.

Malgré les coups secs qu'il donnait aux pierres, et les étincelles rouges, elles fondaient instantanément en atteignant l'humidité du bois.

— Tu es un magicien. Qu'attends-tu pour faire flamber ce tas ?

Je l'entendis grogner dans sa barbe. Soudain, les gouttes de pluie perdirent leur éclat argenté pour refléter une couleur orangée. Sans me retourner, je compris que Githrandiar avait réussi à allumer le foyer.

          Les flammes dansaient sur les parois rocheuses, comme des tentacules voulant s'emparer de quelque chose.

— Les silex sont vraiment des pierres enchantées, s'exclama le magicien en riant.

Je levais les yeux au ciel.

— Que dois-tu faire à Undĕwial ? demandais-je en venant me rasseoir près du feu.

Son petit sourire de fierté s'égara dans la lumière orangeâtre.

— J'ai été appelé, me répondit-il, sans plus de détails.

— Pourquoi ? tentais-je d'insister.

— Je ne le saurais que quand j'y serais.

— Et quand y allons-nous ?

Les flammes dansaient sensuellement sur le bois.

— Maintenant, déclara-t-il en se levant.

— Pourquoi t'es-tu évertué à allumer un feu alors ? m'indignais-je, face au temps que nous venions de perdre.

— Nous pouvons prendre l'Arbre Roi de la forêt.

           Il sortit de la grotte et fut trempé en quelques secondes. Nous montâmes au-dessus de l'abri rocheux, pour arriver devant un immense chêne aux feuilles mal traitées par le vent et la pluie.

— Tu as déjà consommé de la sève d'Arbre Roi ? me demanda Githrandiar en tâtant le tronc.

— Non. Je n'en ai jamais trouvé.

— C'est normal. Seul Undĕwial donne la permission d'entrer dans un Arbre Roi.

Il tourna autour de l'imposant feuillu, en gardant une paume sur l'enveloppe brune. Puis, il leva sa tête en direction du feuillage bien garni.

— Essed ed Githrandiar, déclara le Magicien Sans-Visage.

            Une sève dorée coula le long de l'écorce. Githrandiar mit ses mains en coupe, afin de récupérer le liquide. Il s'approcha de moi pour me donner ma partie de suc et nous là bûmes d'une traite. Aussitôt, je me sentis toute légère.

— Ainsi transparent et quasiment immatériel, l'Arbre Roi nous acceptera à l'intérieur de son tronc, comme un fragment de lui. Il ne nous considérera pas comme un danger, mais comme un ami ou un membre de sa famille.

— Que se passe-t-il quand la sève ne fonctionne pas ? demandais-je en regardant ma peau.

— Elle réussit toujours son devoir.

— Et quand nous entrons sans avoir bu la sève ?

— Cela ne se produit pas normalement. Mais certains, comme les conifères, s'en amusent. Ils montrent la porte au passage d'une personne. Cette dernière, curieuse, rentre dans le tronc, alors, qu'elle ne s'est pas imprégné de la sève. L'arbre se tord pour la piéger et il écrase l'indésirable à l'intérieur.

— Et moi qui pensais que les maîtres des forêts étaient pacifiques, déclarais-je, assez impressionnée de la force de ces arbres.

— Ils le sont. Ils sont les protecteurs des Bois. Tout être qui n'est pas un animal est considéré comme un intrus pour eux. Mais leurs compassions nous laissent beaucoup de liberté. Grâce à eux, nous pouvons arpenter Entre-Monde comme nous le voulons. Comme seul remerciement, nous ne pouvons que respecter leurs règles, ce qui s'avère facile, vu qu'ils en ont peu.

           Nous étions entrés dans l'antre ténébreux pendant les explications des Arbres Rois. Je vis le passage se refermer lentement. Dans ces entrailles, des petites lucioles volaient doucement et se posaient sur nous en nous illuminant de l'intérieur.

— La première fois, c'est toujours surprenant. Chaque personne connaît un ou plusieurs effets secondaires à ce genre de transport. La plupart du temps, c'est une envie de vomir, mais certains ressentent le besoin urgent d'uriner et d'autres éternuent jusqu'à perdre le souffle. J'ai entendu dire que quelques unes étaient devenus sourds pendant plusieurs heures, voir un ou deux jours. Mais tous ces effets restent temporaires. Après, nous connaissons les risques de la sève sur les elfes, les humains et quelques nains, mais nous ignorons complètement comment un vampire réagit. Tu es la première de ton Royaume.

— Je ne fais partie d'aucun Royaume, réfutais-je.

— Aucun homme ne peut échapper aux classes sociales, répliqua Githrandiar.

— Je suis une femme, ripostais-je.

           Githrandiar ne répondit pas, mais je sentais qu'il n'appréciait pas le fait que je divise nos deux sexes. Pourtant, on ne verra jamais un mâle nettoyer la maison et s'occuper des enfants, pendant qu'une femme portera les armes et rapportera l'argent pour nourrir la famille. Nains, Elfes, Humains, ou Vampires, tous fonctionnaient de la même façon.

           Une différence s'opérait dans mon corps. Ma peau devenait dure et rugueuse. À l'intérieur, je me sentais vidée de tous mes organes, mais des choses en moi volaient et chatouillaient les parois de ma chair.

— Je suis en train de me transformer en arbre ? m'écriais-je.

— En quelque sorte, répondit Githrandiar, en souriant et en fermant les yeux. Tu ressens cette envie de chanter et de danser avec tout le monde ? Une joie d'arbre comme j'aime l'appeler. Eux, même si la branche se casse ou que la feuille tombe, le bonheur ne cesse de les habiter.

— D'un côté, ils sont un peu obligés d'apprécier leur situation puisqu'ils sont cloués au sol, marmonnais-je.

Githrandiar soupira et rouvrit les yeux. J'avais détruit son moment d'extase.

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