Entre-Monde - L'envolée des T...

By Draganelia

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Les ailes des ténèbres s'étendent sur Entre-Monde. Le sauveur promis par la prophétie n'est pas arrivé à Elfi... More

Avant propos
La Carte de l'Entre-Monde
Préambule
Prologue
Chapitre 1 L'enfant
Chapitre 2 La lettre
Chapitre 3 Les Aïdems (1ère partie)
Chapitre 3 Les Aïdems (2ème partie)
Chapitre 4 Undĕwial
Chapitre 5 Le Miroir (1ère partie)
Chapitre 5 Le Miroir (2ème partie)
Chapitre 6 Andor (1ère partie)
Chapitre 6 Andor (2ème partie)
Chapitre 8 La Reine des Ténèbres
Chapitre 9 Litanie de souffrance
Chapitre 10 Morsure
Chapitre 11 A feu et à sang (1ère partie)
Chapitre 11 A feu et à sang (2ème partie)
Chapitre 12 Hasard épineux (1ère partie)
Chapitre 12 Hasard épineux (2ème partie)
Chapitre 13 Le réveil des Gardiens ? (1ère partie)
Chapitre 13 Le réveil des Gardiens ? (2ème partie)
Chapitre 13 Le réveil des Gardiens ? (3ème partie)
Chapitre 14 L'ombre se révèle (1ère partie)
Chapitre 14 L'ombre se révèle (2ème partie)
Chapitre 15 Ensorcelé (1ère partie)
Chapitre 15 Ensorcelé (2ème partie)
Chapitre 16 Une question de temps (1ère partie)
Chapitre 16 Une question de temps (2ème partie)
Chapitre 17 Tout est prêt... (1ère partie)
Chapitre 17 Tout est prêt... (2ème partie)
Chapitre 18 L'atout de la différence (1ère partie)
Chapitre 18 L'atout de la différence (2ème partie)
Chapitre 19 L'Arearth (1ère partie)
Chapitre 19 L'Arearth (2ème partie)
Chapitre 20 Quand la vengeance réunit (1ère partie)
Chapitre 20 Quand la vengeance réunit (2ème partie)
Chapitre 21 Chaîne sous la tempête (1ère partie)
Chapitre 21 Chaîne sous la tempête (2ème partie) [corrigé]
Chapitre 22 L'Île de la Nature (1ère partie)
Chapitre 22 L'Île de la Nature (2ème partie)
Chapitre 23 L'Arbre aux Cœurs (1ère partie)
Chapitre 23 L'Arbre aux Cœurs (2ème partie)

Chapitre 7 Ange la Rebelle

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By Draganelia

          — J'ai beau t'observer depuis tout à l'heure, je n'arrive pas à comprendre ce que ces fruits ont bien pu te faire.

Un grand elfe aux cheveux noirs regardait une petite fille rousse, manipuler un poignard avec vivacité.

           Elle portait une robe au bas déchiré vert pâle aux longues manches qui descendaient sur ses doigts. Un corset de couleur menthe à l'eau soulignait sa taille fine. De légers lacets se croisaient sur son ventre jusqu'à ses genoux.

— Je m'entraîne, répondit-elle en tranchant en deux une pomme, dont le jus se rependit sur le sol boisé.

— Puis-je te demander pour quelle raison ou vais-je me prendre un coup ? questionna-t-il en s'appuyant nonchalamment sur un arbre à l'écorce violacée.

Sa tunique épinard mettait en valeur son corps légèrement musclé et sa souplesse. Des lanières en cuir se croisaient sur son torse. Vêtu d'un pantalon de la même couleur, des bottes cuivrées montaient jusqu'à ses genoux. Une cape cannelle recouvrait ses épaules. À sa ceinture pendait une épée argentée et sur son dos, un carquois aux flèches faites de plumes cerises. Ses cheveux noirs, lumineux au soleil, étaient tressés devant et détachés derrière. Sa frange voilait une partie de son œil droit et une mèche rebelle rayée son visage.

— À me battre, pardi, rétorqua-t-elle.

Elle se retourna pour regarder l'elfe.

— Pourquoi ? Les femmes ne combattent pas. La guerre ne concerne pas les êtres faibles et encore moins les enfants, répondit l'homme avec de la moquerie dans la voix.

— Comment ? s'écria-t-elle en n'ayant pas relevé l'ironie.

Elle planta le poignard dans un tronc. Elle essaya de le retirer en y mettant toute sa force. Elle plaça ses pieds sur l'écorce et tira avec ses maigres bras sur l'arme. Mais malgré sa détermination, l'acier était rudement enfoncé dans le cœur de l'arbre, jusqu'au pommeau.

— Comment peux-tu dire cela ? s'enquît-elle, le visage rouge et le souffle saccadé sous l'effort vain qu'elle avait effectué, la lame restant, pour autant, dans le stipe.

— La guerre est un sujet horrible. Quand le sang et le feu de la bataille te prendront aux tripes, tu ne pourras que regarder la scène qui se déroule sous tes yeux. Tu auras juste le temps de lever ton épée et de te faire décapiter par la suite, déclara l'elfe sérieusement.

— Ça n'arrivera jamais avec moi !

— La guerre est épouvantable, l'avertit-il en se redressant. Le monde ne peut tenir sur ses jambes en assistant au carnage qu'elle laisse sur son passage.

Il arracha de l'arbre, avec une facilité déconcertante, le poignard. Il croisa ses bras sur sa poitrine en regardant l'enfant de haut en bas. Malgré sa maigreur, ses yeux verts étincelaient de détermination, ce qui le fit changer d'avis sur cette fillette. Sa petite main frêle placée au creux de sa taille intensifiait cette ardeur de démontrer ce qu'elle valait.

— Pourquoi t'entraîner seule alors que tu peux te tourner vers ceux qui savent l'art du combat ?

— Car personne ne veut m'aider, jeta-t-elle avec mépris. Voilà la raison. Tes belles paroles n'ont servi qu'à accentuer mon désir de participer aux guerres impérieuses de l'Entre-Monde.

— As-tu au moins demandé à l'un de nos soldats ?

— Pas besoin. Je connais déjà la réponse, répliqua-t-elle avec hargne. Ils ne formeront pas une enfant, de plus, une fille, et encore moins une elfe bâtarde, termina-t-elle dans un souffle à peine perceptible.

L'intonation, douce et taquine de la fillette, s'était transformée en une colère noire qu'elle essayait de contrôler.

— La guerre ne s'intéresse pas à ceux qui s'évanouissent devant le sang des blessures béantes. L'entraînement fait par ceux qui savent manier les armes instruit pendant des années les jeunes élèves rares de la société elfique. Mais moi, Prince de Filmawiel, je décide de mon plein gré qui mérite de rentrer dans nos rangs, déclara-t-il d'une voix impérieuse. Demain, ta formation commencera, petite colombe.

Ce surnom fut prononcé avec une douceur infinie. L'enfant le regarda d'abord avec des yeux ronds, puis ils s'emplirent d'étoiles argentées. Elle se jeta au cou de l'elfe. Ce dernier la prit dans ses bras et appuya sa tête sur le crâne de la petite. Elle bondit à terre et commença à sauter sur la pointe des pieds avec légèreté et élégance sur des morceaux de marbres. Elle s'élança vers une liane qui s'étendait au-dessus d'une rivière à l'eau tumultueuse. L'homme la regardait danser avec des yeux émerveillés, mais aussi fortement inquiet de la hauteur où elle se situait. Soudain, la branche céda et l'enfant se retrouva dans une position incertaine. Tandis que les vagues léchaient ses pieds nus, elle se balançait doucement. L'elfe descendit à une vitesse fulgurante les branches des arbres pour rattraper la fillette. Mais cette dernière lâcha la plante grimpante qui craquait en haut. Elle s'accrocha à une autre et bascula sur ses jambes, en grand écart, pour se tourner vers l'elfe en s'asseyant sur l'écorce moelleuse.

— Tu as failli te faire tuer ! cria-t-il hors d'haleine en la prenant dans ses bras. Si je t'avais perdu, j'ignore ce que je serais devenu, murmura-t-il en mettant sa tête dans les cheveux soyeux de l'enfant.

— Aldaron, tu te soucies trop facilement. Je suis tombée plus souvent que tu ne le crois dans cette rivière. Et je m'en suis toujours sortie, car j'ai à tout instant su passer à l'action au bon moment et réfléchir pour ne pas me retrouver dans la galère.

L'elfe la regarda tendrement. Il l'a pris dans ses bras, car il sentait son énergie défaillir rapidement. Aldaron l'emmena dans sa chambre en la déposant délicatement sur un lit de plume de cygne. Il l'enveloppa d'une couverture blanche comme la neige, faite de peau de mouton. Il embrassa son front, en glissant ses doigts dans ses magnifiques cheveux rouges.

— Crois-tu que des nains aient survécu ? entendit-il dans un murmure.

— Je l'espère.

— Pourquoi aucun Royaume n'a tenté de venir à leur secours ?

— La Secte Sanglante avait déjà pris possession d'Andor et nous sommes bien insignifiants face à un dragon.

— Est-il vraiment mort ?

— Oui, nous n'avons plus à nous en inquiéter.

— Quel dommage que vous l'ayez tué !

— Pourquoi ?

— Nous aurions pu le convaincre de s'allier à nous. La Secte avait bien réussi cet exploit.

La petite tourna la tête vers le plafond et expira.

— Je rêve un peu trop n'est-ce pas ?

— Songer n'est pas un mal, mais la réalité reste plus forte. Endors-toi, pendant que tu le peux encore, tant que l'enfance sommeille dans ton esprit.

           Il ferma la porte sans un bruit, dans une douceur extrême. Il s'engagea dans un escalier menant au pic de commandement du Roi des Elfes Verts.



           Le Roi était assis et quand il vit Aldaron venir vers lui, il se mit debout et le serra dans ses bras.

— Comment vas-tu, mon fils ?

— Bien Père.

— Et ma fille ? voulut savoir celui-ci dans un souffle.

— Bien. D'ailleurs, je l'ai pris sous mon aile. Elle est devenue mon élève.

— Comment ? demanda le Roi des Elfes en fronçant les sourcils.

— Oui, Père. Elle est prête. Vous-même, elle vous impressionnerait avec ses prouesses surnaturelles. Elle sait marcher sur une liane avec un merveilleux équilibre. Tirer à l'arc prodigieusement et manier un poignard comme les elfes noirs. De plus ses acrobaties, dangereuses sans aucun doute, sont étourdissantes, expliqua-t-il en baissant le ton et grimaçant à ces derniers mots. Je la regarde s'entraîner depuis plusieurs mois. Sa vitesse s'améliore et ses sens aussi, mais... Elle manque encore de force ce qui la diminue dans certains exercices. Je vous le promets, Père, que sa formation n'entravera pas mes devoirs et obligations envers la garde impériale de votre royaume.

— Mon fils. J'ai toujours eu confiance en toi, surtout dans tes décisions d'entraînement pour les jeunes. Si, selon toi, elle peut devenir une guerrière et se rajouter dans l'armée, je te crois. Mais penses-tu, tout de même, qu'elle appréhendera nos objectifs de combat dans ce monde ? Qu'elle ne fuira pas, la queue entre les pattes, tel un renard qui n'a pas réussi à voler une volaille ? Pourra-t-elle comprendre notre amitié envers certains royaumes et notre mésentente pour les autres ? Car, je connais sa sensibilité pour les Nains. Elle estime que nous aurions dû les aider alors que le dragon les foudroyait de son feu éternel afin d'exterminer le peuple des Nains.

— Elle ne sait pas encore que ce sont les Elfes Verts qui ont assisté à leur mort.

— Oui, et nous devons éviter qu'elle ne l'apprenne.

Aldaron regarda le Roi, vêtu d'une tunique argentée comme la lune. Les rayons de lumière qui traversaient le feuillage embrasaient de mille éclats sa toilette et se répercutaient sur les arbres.

— Cela m'embarrasse beaucoup, Père. On lui cache tellement de choses et personne ne doit savoir qu'elle existe. En venant ici, elle a découvert ce que c'était la vie, sans martyres. Elle a trouvé une famille en qui elle fait confiance. Si elle l'apprend par quelqu'un, ou pire, par un nain, toute certitude en notre monde se brisera. Elle pourrait s'enfuir et mourir telle une bête transpercée par le dard d'une araignée et griffer le sol tant le mal se mêlerait à son sang.

Le regard d'Aldaron se perdit sur le trône fait de branches entrelacées, où des bourgeons y poussaient.

— Je comprends tes peurs, Aldaron. Elle a vécu beaucoup d'événements horribles. Mais j'essaye de la protéger. Elle ne souffrira plus ainsi. C'est fini. Et, ce n'est pas la bête qui tuera l'enfant. C'est lui qui tranchera le fil des jours au monstre. Elle n'est pas une femme craintive. La créature pourrait très bien lui lacérer le ventre, elle réussirait à lui planter un pieu dans le cœur.

L'elfe aux cheveux noirs regarda son père, évoluer entre l'escalier et son trône et recommencer le même chemin incessamment.

— Quelque chose nuit à votre esprit et le tourmente au plus haut point. Qu'est-ce qui vous importune ?

— Aucun présent. Un passé forgé dans la torture et le malheur. Un avenir contrôlé.

Une larme perla au coin de l'œil du Roi. Il l'essuya immédiatement d'un revers de la main.

— C'est un être qui vit et qui pense. Notre destinée ne nous appartient-elle pas ? Qui est cette personne ayant le droit de détourner nos faits et gestes pour je ne sais quelle raison ? Tu le sais mieux que quiconque, mon fils, à quel point je n'apprécie pas les prophéties ! Je n'ai jamais cru en ces mots qui cachent un secret dans chacune des lettres qui les composent. Mais aujourd'hui... Oui, à présent, j'admets que ces contingences qui, normalement, dépassent l'imagination existent. Cette prédiction s'avère, tout simplement. Mais, je n'arrive pas à m'y résoudre. Une seule possibilité s'ouvre à sa destinée et aucun pas en arrière n'est prévu. Tout est écrit, mis sur une toile et exposé. Ce n'est même pas une esquisse laborieuse où les fils pendent en attendant qu'on leur indique leur place. Le paysage et l'action sont cousus, définitivement. Nous devons croiser les bras en regardant le temps passer comme prédit.

— Père, à quoi sert ce discours ?

— La destinée de réparer le monde en y trouvant qu'à la fin, la mort. Le Conseil d'Undĕwial fait tout pour que la prophétie se déroule à bon escient. Et ses pensées sont déjà tournées là où le plan doit se terminer.

Le Roi éclata d'un rire sonore. Son fils recula d'un pas. Il arborait un visage surpris, désarçonné, mais surtout de la crainte. Un garde s'approcha de ce spectacle qui commençait à être effrayant.

— Mon seigneur..., bafouilla le vigile.

— Oui, répondit Aldaron.

Le garde fixait uniquement ses pieds et n'osait relever la tête pour voir ses deux interlocuteurs.

— Hé bien, parle ou alors un karal t'aurait coupé la langue ? demanda Aldaron sur le ton de l'impatience.

— Votre fille, mon Roi. Votre sœur, mon Prince. Elle a disparu.

Le Seigneur arqua légèrement un sourcil. Son regard se dirigea vers la lune à l'éclat roussi. Les ombres, d'un rouge sang, ressortaient de l'astre comme des tâches de peinture abandonnées sur une toile. Cette brillance écarlate réveillait le souvenir d'un être qu'il chérissait en Entre-Monde.

— Voyons Rudilis, auriez-vous échoué dans votre mission ? J'ai bien peur pour vous qu'elle entreprenne sa propre route. Ange la Rebelle.

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