Mardi 16 Août
Après avoir pris un petit déjeuner rassasiant, Rowan s'habille, range son sac et nous reprenons la marche pour atteindre la fin de la randonnée, la ville de portstewart.
- Comment tu te sens ? Tu as pu récupérer un peu cette nuit ? Me demande Rowan
- Oui ça va mais j'ai des courbatures aux mollets. C'est douloureux mais supportable. J'ai pas l'habitude de faire du sport, de marcher, c'est normal.
- Oui quand les muscles ont pas l'habitude de travailler, c'est violent pour eux et ils le font sentir.
- Hum, faut que je fasse un peu de sport, j'ai dit à mes filles qu'à la rentrée, j'irais en salle. Je suis coincé maintenant.
- Elles pensent que tu en as besoin ? Moi je vois rien à améliorer chez toi.
- Merci. Non ce qu'elles veulent c'est que je fasse des rencontres, que je me retrouve quelqu'un. Tu vois quand elles se sont décidé à me "forcer" à partir en vacances, pour pas que je reste à m'ennuyer pendant un mois quand elles sont chez leur mère, je leur ai donné des arguments, pour rester. Je leur ait dit que je pourrais aller au ciné, au musée, à la salle. Elles m'ont convaincu de partir mais m'ont dit aussi que faire du sport en salle à la rentrée serait une très bonne idée pour rencontrer quelqu'un...
- Je vois, elles font comme ma mère, elles cherchent à te trouver une amoureuse.
- Oui...et c'est compliqué parce que je peux pas leur dire que je ne veux pas refaire ma vie. Elles peuvent pas comprendre que je me déteste de m'être servi de leur mère et que je ne veux pas reproduire cela avec une autre femme...et comme je peux pas leur dire, elles vont continuer à essayer de me caser...
- C'est quoi qui te fait le plus peur, le dire à tes parents, à tes enfants ? Si ton ex femme le sait, elle pourrait t'aider à en parler.
- Mes parents sont homophobes, donc je sais qu'ils réagiraient mal. Mon père c'était les injures à tout va et ma mère les manifestations contre les LGBT.
- C'est sur que dans cet environnement, être toi-même, ça ne pouvait qu'être difficile.
- Je ne voulais pas être rejeté de mes parents. Maintenant, aujourd'hui, je pourrais couper les ponts avec eux pour vivre heureux, je pourrais s'il n'y avait pas mes filles. Si j'en parle, je vais bouleverser leur vie et puis je sais pas comment elles réagiraient à mon homosexualité...
- Oui tu es dans une situation délicate.
- Puis même si elles m'acceptent, imagine ce que ça leur ferait de savoir que je n'étais pas amoureux de leur mère à leur conception, que je n'ai jamais été amoureux d'ailleurs. Puis aussi que j'étais infidèle et que je lui ait brisé le coeur. Tout ceci en sachant dès la seconde ou je l'ai rencontré que ce serait jamais une vraie histoire d'amour. Je lui ait volé neuf ans de sa vie. Et pire je l'ai épousé...c'est dégueulasse de faire ça.
- C'est vrai que y'a des choses que tu aurait sûrement pu faire autrement, mais tu avais la pression de ta famille, t'avais peur d'être toi quand tu as rencontré ta copine, et par la suite tu t'es retrouvé coincé dans cette histoire. Mais tes filles, je suis certain que tu les as aimé dès la naissance, alors oui t'étais pas totalement un mari, un amoureux, mais t'as toujours été un papa.
- Bien sur, je les ait aimé même avant qu'elles naissent et c'est sur mon rôle de père avec elles était réelle.
- Et puis, elles étaient petites quand tu t'es séparé avec leur maman. Tu n'as pas fait semblant d'être amoureux de leur maman devant elles trop longtemps.
- C'est sur oui.
- Puis tu sais, elles sont grandes, elles sont en âge de comprendre la complexité des choses. Peut-être qu'elle réagiraient pas si mal que tu le crois. Puis imagine, ça se passe bien, tu pourrais enfin être toi, faire des rencontres, de vraies rencontres, tomber amoureux, avoir une histoire. Ça te donne pas envie?
- Si bien sur mais je me connais, je leur dirais jamais, j'ai trop peur de leur faire du mal, de perdre leur amour...alors, si, je rêve d'une vie amoureuse mais je m'interdit d'y penser parce que ça fait trop mal...Rowan, il faut vraiment pas que tu espère quoi que ce soit avec moi, si c'est le cas, il vaut mieux qu'on garde nos distances...
- Rassure-toi, je sais que ce qu'on partage, c'est une parenthèse, une aventure de vacances, rien de plus c'est très clair. Je disais pas ça pour moi, mais pour un autre homme.
- Rien ne sert que j'y pense, ça se fera avec personne, j'ai pas envie de penser à ça s'il te plait.
- Oui excuse-moi...
- C'est pas grave, je sais que tu penses qu'à mon bien-être, et non à me faire rêver à des choses qui me font souffrir, mais je passerais bien à des sujets plus léger...
- Pas de problème. Tu sais je voulais te dire, allumer les mecs comme je l'ai fait avec toi hier, c'est pas dans mes habitudes. J'allume pas tout ce qui bouge.
- Je m'en doute sinon tu ne repousserais pas ce Owain qui te court après depuis longtemps. Puis même si tu étais comme ça, tu fais ce dont tu as envie.
- Oui mais voilà, je voulais que tu le sache. Toi tu es une exception. Je cherchais un moyen d'être sur que je ne m'étais pas fait des idées sur ton comportement puis je voulais que le pas vienne de toi.
- Ça a été très efficace. Mais me tenir face à la vue que tu m'offrais...j'ai cédé à la tentation. Mais de ton côté, je te plais, je t'attire?
- Tu as oublié que je t'avais dit que tu étais tout à fait mon genre d'homme, évidemment que tu me plais. J'aurais jamais cherché à te troubler si c'était pas le cas.
- Oui c'est logique.
- Puis t'as un atout de dingue.
- Ah bon?
- Tes yeux azuréen, ça me terrasse, surtout que t'es bronzé, leur couleur ressort d'autant plus. Les yeux bleus j'y résiste pas et les tiens sont particulièrement beaux. Et c'est pas pour te flatter, c'est sincère. Des hommes aux bleus, y'en a pas mal dans le pays, mais ceux que tu as...je succombe. En terme de séduction, y'a déjà cinquante pourcent de fait. Le reste c'est le physique et la personnalité. Et c'est con que tu vives loin parce que t'as tout.
- Merci je suis flatté.
- Et toi alors, qu'est-ce qui fait que tu es séduit par moi?
- Ça devrait pas trop t'étonner, mais c'est ta rousseur, tu as vraiment une couleur rare, très vive, magnifique. C'est ce qui m'a percuté en premier. Puis ton regard, ton sourire, ta gaieté. Après c'est la passion avec laquelle tu fais ton métier, ton enthousiasme. Tu es passionnant. Vraiment. C'est tout ça qui m'a séduit, puis te voir dénudé aussi, je vais pas te mentir.
- Ça fait très longtemps qu'un homme ne m'avait pas fait tant de compliments.
- Vraiment ? Je suis étonné, je pensais que tu étais le genre d'homme à avoir beaucoup de succès.
- J'en ai mais auprès de mec dont les envies me correspondent pas. Tu vois la moyenne d'âge de ceux qui m'abordent c'est entre vingts et vingt-cinq ans et ce qu'il veulent c'est plus s'amuser que vivre quelque chose de serieux. Ou bien nos personnalités collent pas.
- Je comprends.
- Bon après j'ai tout de même eu quelques histoires qui se sont terminées. La dernière date de deux ans et demi...alors même si nous c'est une aventure éphémère, ça me fait un bien fou. Je suis vraiment content que tu sois resté.
- J'ai le droit de déconnecter un peu de ma vie, je me sens libre avec toi, je cache rien pour la première fois depuis très longtemps. Merci.
- De rien. Ça me fait plaisir pour toi.
- Quand je suis arrivée en Irlande, j'étais loin d'imaginer ce qui allait se passer entre nous.
- Moi non plus, si mon père ne s'était pas blessé, on aurait jamais eu l'occasion de faire connaissance.
- Ça aurait été dommage.
- Je trouve aussi. Me répond-il en souriant.
On continue notre chemin, et comme toujours, Rowan me conte son pays. Sur le fil de la promenade, les falaises laissent place aux dunes de sables, et aux plages. Nous croisons de petits village, et nous prenons d'ailleurs le temps de faire une pause repas dans l'un d'entre eux. Ceci fait la marche se poursuit et c'est vers seize heure que nous atteignons notre point d'arrivée, la ville de portstewart.
Après une visite assez rapide de la ville, dû à notre état de fatigue, nous retrouvons un véhicule qui va nous ramener vers Dublin.
C'est heureux de cette randonnée mais exténué que je m'installe dans le véhicule, appréciant le confort de ses sièges moelleux. Très vite je me sens m'assoupir et me laisse partir la tête contre la vitre.
J'ouvre les paupières un peu plus de trois heures plus tard, quand Rowan me secoue.
- On est arrivé.
- J'ai dormis tout le trajet ?
- Oui pratiquement mais c'est normal après deux jours de rando. Moi aussi j'ai dormi, on y va?
- Oui j'ai envie d'une bonne douche et d'un bon repas pour me requinquer. Dis-je m'extirpant de la voiture.
Il sort lui aussi et nous regagnons l'hôtel. Sa mère et Colin sont dans le hall et nous accueille chaleureusement.
- Alors cette randonnée ? Demande Colin
- C'était génial. Des paysages incroyablement beaux, j'ai adoré mais j'ai mal partout.
- Allez donc prendre une douche chaude, puis je vous apporterais une crème, ça vous apaisera. Rétorque Erin
- Merci c'est gentil. Je monte tout de suite.
Je grimpe à ma chambre rapidement, pose immédiatement mon sac au sol et m'étend sur mon lit. Je reste ainsi quelques minutes et me dit que je resterais bien là sans bouger quand des coups frappent à ma porte. Je finis par me lever bien que j'ai une flemme immense et ouvre.
- C'est moi, je t'apportais la fameuse crème.
- Je m'attendais à voir ta mère.
- Ça devait être elle oui, mais je me suis proposé. Il faut que tu te masse avec et du coup, je me suis dit que peut-être, je pourrais jouer les infirmiers.
- Quelle bonté.
- Je suis un homme particulièrement serviable. Répond-t-il alors que je ferme la porte derrière lui.
Je le colle contre elle, venant lui prendre un tendre baiser et m'écarte après quelques secondes.
- Le problème c'est que je suis pas encore passer sous la douche...
- Je peux attendre que t'es fini, je suis un très bon masseur.
- On est d'accord qu'on parle bien de massage en tout bien tout honneur.
- Mais tout à fait, confirme-t-il avec un sourire qui prouve le contraire.
- J'ai une autre proposition...peut-être que tu pourrais filer sous la douche avec moi?...
- Si j'avais su qu'il était si simple de te dérider...j'aurais tenté quelque chose bien plus tôt que la nuit dernière.
- Je ressens des choses nouvelles, ça me fait peur, mais c'est plus fort que moi, j'ai envie de t'embrasser, de te toucher, de te sentir contre moi...être avec toi tout le temps. Je vais en chier quand je vais partir j'en suis sur mais j'ai pas envie de me mettre des barrières, pas ici. Je veux être libre pour les quelques jours qu'il me restent à passé avec toi.
- Il y a une très bonne alchimie entre nous, on le sent tous les deux. On prend beaucoup de plaisir à être ensemble, et c'est évident que le départ sera dur à vivre, mais moi non plus je veux pas qu'on se prive de ça. C'est trop précieux ce qui nous tombe dessus pour qu'on le gâche. Les petits bonheur dans la vie, il faut les saisir.
- Je suis tout à fait d'accord avec ça.
- On y va sous cette douche?
- Oui et j'ai prévu aussi qu'on dorme tous les deux, si tu en as envie?
- Je compte bien réchauffer tes draps tous les soirs si tu es d'accord...
- Avec grand plaisir.
Je lui souris et fond à nouveau sur ses lèvres, l'attirant à moi, glissant mes bras autour de lui. Quelques courtes secondes plus tard, on entre nu dans salle de bain de ma chambre avant de pénétrer sous la douche.
Je sais que je m'embarque dans quelque chose qui va prendre de l'ampleur, qui commence déjà à me dépasser, mais j'ai juste envie, pour une fois de faire ce que je veux, sans me retenir, sans m'interdir. Juste une fois dans ma vie.